Une sensationnelle
découverte que ce restaurant « Somodo » dans le quartier de Gracia.
Indiqué entre autres par des connaissances dans la restauration, voici le type
d’endroit dont on a envie de garder l’adresse secrète et donc ne pas la
divulguer. Néanmoins cet établissement mérite de vraiment être découvert car le
monde de la restauration à Barcelone n’est pas facile. Contrairement à ce qui
peut se dire, ce n’est pas un restaurant japonais et encore moins un restaurant
fusion. En place un chef japonais mais qui propose une cuisine dans l’esprit
des tables en France où les chefs japonais ont faits leurs écoles dans de grands
établissements français, qui par la suite ouvrent leur propre établissement et
qui servent des plats d’une grande finesse, réalisés avec beaucoup de soin, de
technique et évidement avec parfois quelques ingrédients de leur pays. A une
nuance prête, nous sommes en Catalogne et l’on trouvera dans cette cuisine,
quelques références à la cuisine Catalane. Voila ce qu’est « Somodo ».
Tout part
en fait d’une triste histoire, car à l’origine, il s’agissait d’un autre chef
japonais qui était en cuisine du nom de Shojiro Ochi et qui décéda il y a
quelques années. C’est donc son second de l’époque, Toshi Suzuki formé entre
autres à New York qui aujourd’hui a prit la relève tout en conservant cette
sensitivité si particulière propre à la cuisine japonaise.
Vous ne
serez pas surpris de passer plusieurs fois devant ce restaurant sans le trouver
car déjà en ce moment il y a des échafaudages mais surtout l’entrée est assez
minimaliste pas très différente de celles que l’on voit au Japon. Porte en
bois, un vitrage et le nom de l’établissement en tout petit. A l’origine une
boutique de textiles.
Un
intérieur toujours aussi discret, pas du tout asiatique mais sobre, élégant,
calme avec une décoration assez minimaliste. Une salle en longueur, des tables
principalement rondes soigneusement dressées de nappes blanches, un tableau d’une
taille certaine qui éventuellement pourrait rappeler le japon mais c’est à peu
prêt tout.
Au fond la
cuisine et un coin pour l’organisation du service en salle. L’endroit comme je
l’ai dit est calme, le service est absolument impeccable, réalisé par des
jeunes filles très aimables et souriantes.
Ici il n’y
a pas de carte et tant mieux. Un menu seul mais en deux variations, le premier
à 39 et le second à 32 euros. C’est probablement à ce prix là le plus beau menu
que vous puissiez trouver en ville, croyez-moi. Sept ou neuf petits plats en
fonction du prix, une série de plats où l’on peut s’imaginer quelque chose d’un
peu nippon mais la réalité est plutôt différente. Pendant la prise de connaissance de ce menu, un
chips de tapioca avec de l’avocat pour patienter.
Des petites
assiettes présentées de manière très soignées et précises avec un côté que je
pourrais parfois qualifier d’assez « gastronomie française ». Nous
commençons par un délicieux tataki de maquereau. Poisson toujours aussi délicieux
qui est à la fois cru et cuit très peu de temps normalement à la flamme, découpé
en petit morceaux comme un tartare, un assaisonnement pointu, un peu de
ciboulette, un jaune d’œuf mariné dans une sauce soja et la touche visuelle
avec les feuilles de capucine. Une entrée de très haut niveau culinaire.
Second émerveillement avec cette assiette construite avec beaucoup de pureté. Du thon
gras avec du ponzu. Deux morceaux absolument fabuleux avec une fine sauce à la
saveur citrique et de la cébette. Le produit magnifié dans sa plus pure
expression avec une sauce à nouveau minutieusement assaisonnée. Rien de vraiment
asiatique finalement en bouche, des saveurs assez européennes somme toute.
On sera à
nouveau très surpris avec cette caille et son foie. Un plat très gourmand qui
pourrait figurer à la carte d’une table étoilée. Ici à nouveau quelque chose d’assez
français dans les cuissons, le fond de sauce, l’utilisation du foie juste poêlé.
Pour continuer
de la poitrine de poulet à l’aubergine fumée. C’est à nouveau visuellement
parfait, les saveurs magnifiques avec le jus de la volaille, le fumé de l’aubergine
et cette tuile confectionnée avec les sucs de la volaille.
Un poisson
avec ce maigre Saikyouyaki. A la base une recette traditionnelle très populaire japonaise
consistant en un poisson grillé et mariné au préalable dans un miso appelé Saikyo
qui est un miso doux et blanc. La variété du miso est basée sur le rapport
entre le soja et le riz et la durée de la période de fermentation. Ce Saikyo miso vient
de la région de Kyoto au Japon et est connu comme le miso-plus de riz que de
soja est utilisé. En outre, la période de fermentation est courte, ce qui produit
la couleur jaune d'or et la consistance lisse et de beurre. Comparé à d'autres
miso, le saikyo contient le moins de sel (5 à 10 pour cent), ce qui minimise la
saveur intense pour un goût sucré et doux. Quelques fleurs de
broccoli, des chips de racines de lotus, quelques œufs de poisson, des feuilles
de mizuna. Ce qui est remarquable c’est que même si ce plat est grandement
influencé par le Japon, sa présentation et les saveurs sont tellement discrètes
que l’on pourrait à nouveau trouver sur une grande table étoilée.
Un plat
principal plus classique mais toujours parfait avec ce filet de bœuf cuit à la
perfection avec légumes printaniers comme de toutes petites carottes. Le fond
de sauce est toujours gourmand, un petit carré de pâte sablée comme
accompagnement.
Avec le Fromage
de chèvre de Lleida, nous sera servi un vin doux tout à fait approprié, un Mas
Llunes Ambre de l’Emporda. Fromage à point, coulant et délicieux.
Le pain qui
nous est amené est également de qualité.
Passage aux
desserts avec un très visuel ananas et noix de coco. Dessert fin, très
équilibré en sucre, avec des jeux de textures.
Et une
magnifique banane et parfait glacé au miso. Cette glace avec ces saveurs est
tout bonnement exceptionnelle. On trouvera également une ganache au chocolat
sur le côté.
Un vin
blanc, une réelle découverte avec ce Tretze Grenache blanche en Barrique. Vin
ample agréable et très gourmand à l'attaque, en bouche est soyeux et frais. Des
notes de fruits juteuse et sucrées, presque comme la confiture et quelques notes
fumées et grillées sont aussi perçues.
Un menu
tout bonnement exceptionnel, avec des assiettes sophistiquées, des produits de
qualité, des dressages méticuleux, des techniques maitrisées et des associations
sublimées. Aucune vulgarité, pas de clins d’oeil fusion comme c’est souvent le
cas à Barcelone, mais une cuisine méditerranéenne contemporaine. Une cuisine qui
va à l’essentiel, le goût, le produit, la précision des cuissons et le côté
visuel très soigné. Ce chef qui propose une cuisine d’auteur est un prodige !
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