mercredi 29 juillet 2015

Müzedechanga, Istamboul



J’avais gardé un excellent souvenir de mon premier repas chez « Müzedechanga » en septembre 2012 et souhaitais revisiter cet endroit. Depuis quelques années je dois reconnaitre que malheureusement les tables le long du Bosphore au nord d’Istamboul me déçoivent de plus en plus. Soit trop classiques et sans imagination, soit on profite de la situation et l’on charge le client. Le plus souvent une cuisine quelconque et un service pitoyable. Constations sur au moins plus d’une demi-douzaine de tables depuis Ortaköy. Bebek et encore plus loin... Néanmoins dîner à l’extérieure et souvent dans un jardin avec une vue restera toujours un moment très privilégié.

Cela restera toujours une expédition d’aller chez « Müzedechanga » si vous êtes comme moi un touriste qui n’utilise que les moyens de transport locaux. Cette fois-ci pas de bus mais un trajet en deux étapes ; la première avec un arrêt au Suada Club de Kuruçeşme pour profiter de cette extraordinaire piscine et la seconde en prenant un taxi jusque Emirgan.  Evidement vous pourrez aussi aller directement à la destination mais soyez sur de partir assez tôt car à certaines périodes de l’année, la route de Beşiktaş à Emirgan est simplement infernale car ce sont des kilomètres de bouchons.  A préciser qu’étonnement l’été cela roule plutôt bien car les stambouliotes sont en vacance…

« Müzedechanga » c’est la « version été » de « Changa »  qui se trouve à Cihangir mais qui l’été est fermé. « Müze » car cette table se trouve dans un musée…le Sakip Sabanci qui se trouve non loin du débarcadère de Emirgan. Faites-vous déposer en haut de la montée en précisant au garde à l’entrée que vous allez au restaurant autrement les dames en talon aiguille…auront beaucoup de peine à gravir le chemin…

Vous arriverez donc face à une très belle villa au milieu d’un parc où sont exposées des collections itinérantes privées.


Passez par le musée et dirigez-vous vers l’ascenseur pour aller à l’étage supérieur et vous serez plutôt surpris de l’endroit où vous arriverez. Un magnifique restaurant au décor du meilleur goût, extrêmement design qui d’ailleurs a été réalisé par le célèbre cabinet d’architecture d’intérieure d’Istanbul ; Autoban. 

Un intérieur associant le bois, le cuivre avec des références au design scandinave. Le bar est une vraie réussite avec son élégante courbe et son placage rappelant un bateau.




Mais la surprise restera encore  la très belle terrasse qui surplombe le Bosphore avec son bar élégant sur un côté et ses tables qui donnent sur le jardin et le fleuve au loin. L’endroit est vraiment somptueux. 







L’équipe en cuisine est encadrée par Peter Gordon comme consultant, une des références en matière de cuisine fusion dans le monde avec un certain nombre de tables à Londres.

Je me rappelais de ce fabuleux cocktail appelé Istanbul que nous avons pris à nouveau, tout à fait exceptionnel à base de vodka, raki, jus de citron vert et de tangerines de Bodrum. Des saveurs très agrumes grâce à ce fabuleux fruit rappelant le pamplemousse à cause de l’amertume, l’orange, la mandarine et le cédrat, le tout subtilement mélangé avec le goût anisé du raki. 



Première observation en consultant le menu, les prix sont assez vertigineux comparés à la première fois où nous sommes venus. Certes l’endroit est très beau et agréable mais lorsque l’on a été une semaine dans des établissements de haut niveau, il apparait clairement que les prix ont été gonflés et que cela pourrait être surfait, mais…. A voir… Des entrées autour de 40 TL et des plats principaux atteignant 80 TL et des desserts dépassant 30 TL. A titre de comparaison, lors de notre première visite, nous avions pris une entrée, un second plat partagé, un plat principal, un dessert et une bouteille de vin, le tout 160 TL par personne… Aujourd’hui, cela reviendrait à 250 TL…si pas plus…

Seconde observation, vous n’êtes pas dans une table turque traditionnelle où l’on serait tenté de prendre plusieurs plats comme des mezzés. Ici l’approche est beaucoup plus classique et européenne, à savoir que l’on prend une entrée, un plat principal et un dessert selon ses envies. Tout est magnifiquement dressé comme dans un établissement Français ou autre mais cela reste bien une cuisine turc légèrement « fusion » en fonction de son choix. A noter également qu’un certain nombre de mets sont identiques à ceux d’il y a trois années en arrière.

Pour patienter, un peu de pain et un fromage dans de l’huile d’olive persillée.


Les petits calamars grillés avec une sauce épicée, citron et sauce au persil sont absolument fantastiques. D’une parfaite fraicheur, cuit à la minute et accompagnés de ces deux sauces qui subliment l’assiette.


Pour moi les filos en triangle farcis  avec de la saucisse et des blettes accompagnés d’une salade d’herbes fraiches. Surement plus traditionnel mais également parfaitement maitrisé. Une farce parfumée dans cette fine pâte. 


Entre l’entrée et le plat principal, un étrange encas fromage poivron et pavot qui n’amène pas grand-chose à moins que cela soit la petite sculpture métallique qui soit le centre d’intérêt…


En met principal, un délicieux confit de canard avec un pilaf de riz Basmati aux fruits secs et noix avec une sauce douce Damson. La volaille est fondante, le riz est préparé à l’iranienne avec des Zereshk (épine-vinette), pistaches, pignons  et amandes. Le plus surprenant étant cette sauce préparée avec un type de prunes assez noire, les damson dont le nom est dérivé de « Damas » et à l’origine principalement consommée par les Britanniques. Utilisé principalement pour des confitures. Le goût étant intense et plutôt puissant. Il s’avère qu’en réalité ce sont des quetsches, que l’on appelle d’ailleurs aussi « prunes de Damas »… Toujours est-il que cette sauce aux prunes était délicieuse et en totale harmonie avec le canard.


J’ai choisi l’agneau avec une cuisson longue,  enveloppé dans des feuilles de vigne ensuite grillé et servi avec de la crème aigre et une sauce pimenté douce. A nouveau une assiette très gourmande avec une viande tendre, les feuilles légèrement acidulées adoucies par la combinaison en bouche avec la crème.



Un seul dessert, le baklava croustillant avec une purée de coings et de babeurre appelé « kaymak ». La pâte est d’une extrême légèreté, la farce est fine et gouteuse ; une harmonie parfaite entre les ingrédients.



Ce lieux est magnifique, mérite vraiment que l’on vienne passer une soirée car l’on y mange très bien une cuisine repensée sur un modèle traditionnel plus européen. Le service et l’accueil ne fut pas à la hauteur de l’établissement, ni mauvais et ni attentionné, dommage. Il faut savoir que cela sera une soirée plutôt onéreuse mais c’est un peu la caractéristique de ces tables plutôt fréquentées par principalement des expats le long du Bosphore.

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