Ouvert
récemment, « The Alchemix » est un peu la nouvelle sensation en ville
probablement lié au cursus du chef Sergi Palacin Martinez. Ancien Chef Principal
chez « Gaggan » à Bangkok pendant plus de quatre années, restaurant
plusieurs fois nominé, considéré comme étant la meilleure table d’Asie par le « WB50 »,
un bref passage chez l’excellent « Mont Bar » à Barcelone et dans la « el
Bulli Foundation » et le voici maintenant à la tête de ce « Gastro Cocktail
Bar » dans le quartier de l’Eixample. Sergi n’est pas seul mais accompagné
dans cette aventure de Ignacio Ussia qui se trouve être un spécialiste de
cocktails ou ce que l’on nomme aujourd’hui un mixologue. Leur concept étant d’associer
si on le souhaite, cocktails avec une cuisine comme on peut se l’imaginer,
fortement influencée par l’Asie. Un choix assez personnel car on peut ou non
aimer associer des boissons souvent sucrées avec des assiettes salées
sophistiquées.
« The
Alchemix », se positionne donc comme étant un nouvel espace mêlant
restaurant et bar à cocktails en effaçant les limites. Vous pouvez commander à manger du menu au bar et
vous pouvez boire des cocktails tout en dînant. Si vous
vous arrêtez au bar, vous pourrez par exemple apprécier un pisco aigre à la
truffe blanche, avec du miel de truffe blanche, du pisco, du citron, du bitter
et du chocolat blanc. Ou encore l'Esprit Arashi, une boisson japonaise complexe
et évocatrice. Chaque cocktail étant une mise en scène, presqu’un
rêve, voir un fantasme. Des snacks peuvent également être servis à ce bar a
gauche de l’entrée.
On pourra
aussi admirer les différentes macérations et distillations exposées dans une partie
de cette salle, dans des bocaux alignés sur des étagères. Il se pourrait que
dans le futur, Ignacio propose un menu de cocktails qui pourraient s’associer
aux divers plats, ce que l’on pourrait appeler en anglais « cocktail
pairing » mais ce n’est pas encore le cas en ce moment.
Une salle
divisée en deux sections, la première étant le bar, un sofa, quelques tables
hautes, des tableaux du peintre Giuseppe Arcimboldo et plus loin une salle plus
pour un repas complet.
Salle à la
décoration un peu trop classique à mon goût et je dirais avec un côté presque années
quatre-vingt avec des structures pas franchement contemporaine. Je ne veux pas
être trop négatif, mais ce n’est pas très réussi, cet exposé de bouteilles
illuminées dans le fond, cette banquette qui ressemble a du faux cuir et surtout
cette horrible trompe-l’œil genre sous-bois ; un poster genre « années
70 » que l’on trouvait dans les chambres d’adolescents avec un coucher de
soleil, la plage avec un palmier ou le sous-bois… Mais concentrons-nous sur la
restauration.
Une très
belle carte de cocktails très détaillée avec toutes les caractéristiques des
préparations représentées par des émoticones ; sic pages complètes pour
les amateurs, environ une douzaine de breuvages. Une section de bouchées et
ensuite le menu du restaurant. Un Arashi Spirit qui se trouve être une composition à base de sake, d’umeshu une liqueur japonaise à base de fruits ume
sorte de prunes, de jus de yuzu, de poivre sansho au parfum intense d'agrume,
traditionnel de la cuisine japonaise et parent du poivre de Sichuan, du blanc d’œuf
et de la bière au gingembre. Pour chaque cocktail, une petite histoire comme
ici : « Située dans la partie ouest de Kyoto, la forêt de Arashiyama.
On vient dans ce sanctuaire naturel pour y purifier son âme ».
Sur cette
carte, évidemment beaucoup d’influences asiatiques et souvent thaïlandaises,
japonaises mais tout de même quelques clin d’oeil à la Catalogne. Par exemple
ces gyozas à la seiche et viande hachée. Qualifié de « mar y montana »,
une pâte maison très fine, une farce bien parfumée et délicate, un fond de
sauce très équilibré qui ne sombre pas dans de la cuisine asiatique classique
de rue.
Une impressionnante
huitre avec sa crème glacée. L’huitre est tiède, recouverte d’une fine lamelle
de joue de porc probablement passée au chalumeau, le tout est amené dans un
panier à paveur rempli de thym et de cette excellente crème glacée qui se
trouve être également à l’huitre. C’est une excellente et originale bouchée.
Autre
bouchée tout aussi précise et aux fantastiques saveurs, ces tronçons de
poireaux cuits sous vide et finalisés sur le grill, accompagnés d’une sauce au
miso noir ou kiromiso et à la truffe. Nous apprécions l’équilibre de l’assiette
qui finalement n’amplifie pas trop le côté asiatique, ce qui est vraiment une
prouesse.
Nous poursuivons
avec une autre assiette tout aussi créative et gourmande, le coulant de boutifarre
et ses légumes/fruits rouges. Visuellement cela ressemble à un fondant au
chocolat mais ici il est conçu de la manière avec son centre coulant mais il s’agit
de cette saucisse catalane constituée de sang de porc mélangé à de la viande.
Sur les côtés une subtile sauce à base de tomates, fraises et de poivrons
rouges ; une terre comestible et une feuille de capucine.
Une viande
avec un fondant de cochon de lait et parmentier de jambon de bellota. Plat
espagnol, très gourmand et un agréable retour aux sources.
De très
jolis desserts comme le « mel y mato », feta fumée et pistaches. Association
de divers fromages dans les préparations avec un produit local et l’autres de
la méditerranée, de l’huile d’olive, des jeux de textures, un dessert léger et
pas trop sucré.
Un très beau
repas qui propose une cuisine inspirée par moment par l’Asie mais jamais en excès.
Nous sommes très loin de ces établissements qui mélangent tout et qui se
prétendent être à la mode et fusion. Ici c’est une cuisine de haut-vol mais
toujours en osmose avec la culture locale. On y retrouvera des ingrédients choisis,
des associations très maitrisées car il n’est finalement pas si perceptible que
cela que l’on utilise dans la plupart des ingrédients asiatiques et c’est ce
qui fait que l’on soit un grand chef ou non. Une cuisine très inspirée, de très
belles assiettes, une très belle nouvelle adresse.
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