Non loin de
la place de Catalogne, c’est à l’hôtel Pulitzer que nous nous rendons car c’est
la que se trouve une des nouvelles tables à la mode en ce moment. A la mode ne
signifie obligatoirement quelque chose de négatif mais dans ce cas bien précis indique
que quelque chose de différent et qui plait existe en ville. Le Pulitzer est l’un
des plus beaux hôtels à Barcelone et c’est ici que se trouve la table appelée « The
Greenhouse » qui a la réputation entre autres d’avoir une très belle
décoration, un peu inspirée par la Scandinavie et où se trouve le chef
australien Damien Bolger. Un déjeuner car cette table n’est ouverte qu’à ce
moment et allez savoir pourquoi, actuellement fermée en soirée.
Un chef qui
a ses débuts se trouvait au « Market Cuina Fresca » à Poble Nou, qui démontra
un point de vue visionnaire : là il pratiqua l'équilibre nutritionnel dans
chaque plat, quelque chose qui semble devenir une règle essentielle dans de
nombreuses autres tables de Barcelone. Et son aventure ensuite avec
« The Social Box » lui a permis d'élever le niveau de ses
préparations de la nourriture de menu aux nouveaux préceptes d'excellence
typiques de la haute cuisine. Aujourd’hui il franchit une nouvelle étape
de raffinement dans sa cuisine, le fait à travers les enseignements du Kaiseki
japonais. Un art culinaire japonais est basé sur le
précepte de toucher le moins possible le produit naturel, en présentant sa saveur
aussi directement que possible et dans des présentations qui séduisent l'œil à
travers de beaux dressages composés de formes et de couleurs. Voila ce que vous trouverez dans les plats de « The
Greenhouse » ... Et avec une touche supplémentaire : une cuisine créative
réalisée avec des produits frais de saison et bien entendu locaux.
La salle de
ce restaurant est située au rez-de-chaussée de l'hôtel, se trouve être un
espace zen, cosy et chaleureux, où le bois, le fer et surtout les plantes
coexistent dans le mobilier. Un endroit absolument délicieux, une serre comme
le nom l’indique en anglais, pleine de végétation, de plantes naturelles. Des
arbres, des cactus et les plantes aux grandes feuilles vertes donnent à
l'endroit un air luxuriant de serre-jungle-urbaine.
De grandes
fenêtres qui laissent la lumière naturelle rentrer dans la salle, des plantes un
peu partout et dont certaines sont suspendues au plafond. Une petite terrasse
intérieure, située dans la cour de l'hôtel, où règne la sérénité. Et cela, au cœur de Barcelone, sans le bruit de la rue, de la
circulation et de la horde de passants.
Un menu qui
change de manière hebdomadaire qui dans sa totalité coute 18.50 euros avec une
entrée, un plat principal, un dessert, café, eau et un verre de vin. Impossible
de faire mieux à ce prix là et un vrai cadeau tenant compte du très haut niveau
de la prestation. D’autres versions plus courtes de ce menu a des prix bien
entendu inférieurs.
Sur cette
carte, toujours un choix entre quatre différentes assiettes quelque soit le plat
avec même des options végétariennes. Une
cuisine axée sur la fraicheur et sur le thème « healthy » que l’on
trouve de plus en plus comme thème dans les restaurants actuels. En réalité,
probablement une table que l’on peut qualifier de flexitarienne, une pratique
alimentaire tout droit venue des États-Unis et qui définit les individus qui
adoptent la plupart du temps un régime végétarien, tout en s’autorisant
quelques écarts. Le flexitarisme consiste donc à manger moins de viande
et plus de végétaux sans pour autant être végétarien. Le flexitarien s’accorde le droit
occasionnellement de manger du poisson ou de la viande, que cela soit
par envie, par praticité (lors d’une invitation à un repas entre amis) ou même
par plaisir, ce qui est clairement apparent sur ce menu.
Pour
commencer de la sardine fumée, poireau confit et crème d’amande. L’assiette est
d’une telle fraicheur visuellement que l’on a envie de se jeter immédiatement
dessus. C’est visuellement très construit et s’avère être une fantastique association
de saveurs ; fumées, douces, caramélisées ; des jeux de textures
entre le moelleux, le coulant, le croustillant. Une assiette d’un parfait
équilibre, simplement délicieuse.
Même
émerveillement avec le crostini au fromage frais, pêche rôtie, basilic et
roquette. Visuel tout aussi engageant, légèreté, fraicheur, le fruit sucré s’harmonise
tellement bien avec le fromage crémeux et le pain grillé, on en redemande…
Aussi du fenouil pour une touche croquante.
En plats
principaux, un fondant filet de porc accompagné de carottes épicées, pomme et
gingembre. A nouveau cela pourrait être
simplement « placé » sur l’assiette mais à nouveau c’est d’une belle
précision au niveau de l’assemblage. Viande magnifique, jus de cuisson parfumé,
accompagnement finement épicés et sucrés.
Un poisson
appelé « kingfish », en français « thézard rayé », sorte de
maquereau. Il est de gnocchis de patates douces et des haricots verts cuits au
barbecue. Si le poisson est parfaitement cuit et la sauce gourmande, on
regrettera malheureusement que les gnocchis sont top compactes. Sur dessus, quelques
haricots grillés.
Les
desserts sont aussi un des points forts du chef mais aujourd’hui sont assez
quelconques et trop sucrés comme ce gateau au citron qui en fait est
déstructuré et recomposé dans une verrine. La crème citron est vraiment
beaucoup trop sucrée. Dommage.
Un classique
fondant au chocolat avec une glace au lait.
Les vins
sont en grande partie biologiques et proviennent de petits vignobles, mais
comme le verre de vin est inclut dans le prix du menu, nous nous verrons servi
un très bon vin blanc dont j’ignore l’origine.
Cet endroit
est vraiment exceptionnel, une oasis de tranquillité au milieu de la ville et de
plus une petite révolution dans la scène gastronomique de Barcelone, avec
une identité marquée. S'il est vrai que ce restaurant fait partie du
courant actuel « sain » et pro-légumes, sa carte est une ode authentique et
passionnée aux fruits et légumes de saison et aux matières premières de
proximité. Un esprit, en somme, qui revendique la terre et la mer, le côté très
cool, comme on imagine le style de vie australien.
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