Sans être dans
les petits papiers de Carles Abellan, il n’est pas difficile de comprendre que
ses ambitions ici à Barcelone ont quelque peu changé. Fermeture de « Comerç
24 », ouverture d’autre « Tapas 24 », disparition du Chiringuito
et ouverture dans un endroit pas trop fréquentable gastronomiquement…de « La
Barra ». Comme qui dirait…business...busines… A une époque, la rambla de
Raval proposait trois lieux voisins dont un qui a un moment faisait partie de
son groupe, « Suculent ». Quelques temps plus tard, un bar à cocktail
« Sol y Sombra » et une très belle table focalisée sur les légumes, « 4amb5 ».
Quelques remaniements et nous voila qu’avec seulement un établissement au
lieu de trois ! « Suculent » a fusionné avec « 4amb5 », le
seul lieu de restauration qui reste c’est celui de l’ancien « 4amb5 »,
le Carles Abellan a disparu et maintenant c’est le chef Toni Romero qui
déjà a l’époque travaillait dans les deux établissements qui a repris l’affaire.
Compliqué pour celles et ceux qui connaissaient les précédents établissements.
Ne vous étonnez donc pas de trouver le store baissé et la fenêtre du voisin
rebaptisée « Suculent ».
La décoration
n’a absolument pas changé. On a simplement changé le nom de « 4amb5 »
en « Suculent ». Même comptoir et jolie salle au ton vert, toujours
une seconde salle un peu cachée sans fenêtre après la cuisine que l’on traverse.
On peut un
peu regretter le haut plafond de l’ancien établissement, mais comme tout, il
faut rationaliser et avoir une rentabilité. Possibilité de manger au bar au cas
ou vous êtes pressé ou dans le cas où les tables sont complètes.
Une première
salle à l’arrière dans le prolongement du bar et comme je l’ai dit, aucun changement
dans la décoration. Le personnel qui ici est qualifié ce qui n’est aps souvent
le cas, semble être un peu empressé. Il y a du monde et chaque minute est
essentielle pour assurer le service. Cela frise presqu’un peu la course.
Un des
grands changements de par le passé, c’est la formule du repas. A l’époque chez « Suculent »,
c’était une carte de tapas et de petits plats. On choisissait ce qui nous faisais
plaisir et en fonction de sa faim. Chez le voisin « 4amb5 », il s’agissait
de plusieurs menus avec un nombre de plats différents. C’est maintenant cette
dernière formule qui a été retenue. Quatre menus avec des tarifs plutôt dans le
haut comparé au passé. « The Classics » (j’ai eu la carte en anglais)
à 48 euros en huit assiettes, plats phares de l’établissement sur les années. Le « Suculent » à 68 euros en treize
assiettes, plats innovants. Le « SucuXlent », version XL du précédent
à 80 euros en seize assiettes. Et pour finir, l’ancien menu de légumes de « 4amb5 »
en dix assiettes. Possibilité d’avoir des « wine pairing » sur chaque
menu. C’est le « Suculent » qui ce soir retiendra notre attention et
qui démarre par un plaisant cocktail de chez « Sol y Sombra » à base
de vermouth, de jerez oloroso et de bitter d’orange.
Tapas de
circonstance avec ce cocktail, une gelée d’orange accompagnée d’une olive
verte.
Evidemment
des croquettes, celles-ci à base d’homard, de gambas et de seiche, le tout avec
une croute au pain en lieu et place d’une panure traditionnelle. Très bonne
consistance, pas grasse, peut-être qu’il est un peu difficile d’identifier le
homard.
Un met plus
innovant et vraiment très gouteux, une branche de céleri qui a mariné, cuite
sous vide, associée a des noix, de la pomme et du fromage. Tout est bien
équilibré, le côté sucré de la pomme amène beaucoup de saveurs en bouche.
Très belle
assiette avec ce ceviche avec une eau de maïs, de la coriandre, de l’avocat,
des oignons et surtout ces crevettes de Palamos juste cuites. Certes de l’inspiration
péruvienne mais une manière de traiter les éléments de manière plus dissociée
afin d’en garder les saveurs distinctes. On appréciera le côté un peu crémeux
de cette sauce au maïs.
Une
présentation assez inspirée par la cuisine nordique avec ce tartare de homard associé avec une peau de poulet
croustillante. Cailloux et carapace pour le support. Cela fonctionne au niveau des textures, la
peau croustillante se brise comme un chips. On y pose dessus un peu du tartare.
Faire bien attention de ne pas trop prendre de peau qui aurait tendance un peu
a écraser le goût du tartare.
On continue
toujours avec cette peau de poulet croustillante quin est selon moi un peu une
erreur dans le sens que l’on ne propose pas deux mets qui se suivent avec le
même élément. Ici avec une crête de coq qui pourrait choquer plus d’une personne
mais que j’avais déjà eu l’occasion de déguster. La crête de coq désigne la
coiffe dentelée, souvent de couleur rouge-orangée, présente sur la tête des
gallinacés. Elle fait normalement partie du patrimoine culinaire français.
Autrefois considérée comme un mets très raffiné, la crête de coq est
aujourd'hui essentiellement servie en accompagnement, bien qu'il y ait de
nombreuses autres façons de l'apprécier. Je dirais que cela ressemble un
peu à la consistance des oreilles de porc, et pas trop de saveur. On
appréciera le côté croustillant de la peau pour amener un peu de texture en
bouche. Ce qui fait office de julienne de légumes est peu perceptible, cela
manque malgré tout d’un peu de peps en bouche.
Probablement
l’un des plats les plus gourmand et l’on se rappelle que le chef est un expert
dans la préparation des légumes. Des petits pois de Maresme qui sont selon moi
exceptionnels, accompagnés de seiche à peine cuite.
Un plat qui
étonnement se retrouve de plus en plus dans la nouvelle génération de
cuisiniers de Barcelone, un tartare de bœuf sur un os à moelle, avec des petits
soufflés aux pommes de terre. Quelques œufs de poissons volants, de tubico.
Plaisant mais celui de « Bicnic » est mieux équilibré. Allez savoir
qui a inspiré l’autre, si c’est le cas ?
Retour aux
légumes avec de très bonnes asperges avec une sauce meunière aux noisettes
finement citronnée. On appréciera toujours la qualité du chef et de ses sauces
qui sont toujours d’une grande perfection.
Un plat
plus classique mais parfaitement exécuté de la région de Valence, les anguilles
« all i pebre ». Ce ragoût avec une sauce à base d'ail et de paprika
est sans nul doute un des plats les plus authentiques de la Communauté
Valencienne et l'un des plus fameux, après la paella. Il est propre aux terres
basses, aux marais et par excellence à l'Albufera. En effet, ce sont les
pêcheurs de l'Albufera qui ont introduit dans la gastronomie valencienne les
anguilles qu'ils attrapaient parmi leurs captures. Maintenant faut-il
apprécier l’anguille qui est d’une consistance assez grasse avec une chaire
ferme.
Beaucoup
apprécié ces boulettes de canard, foie gras et pignons. Joli jeu de textures et
de saveurs et toujours un excellent fond de sauce pour enrober le tout.
Passage aux
desserts avec une intéressante crème de maïs, toffee de blé croustillant et gelée
bourbon. Un peu de zeste de citron vert râpé, une consistance proche d’une
crème anglaise ou catalane. C’est plutôt plaisant.
Une bouchée
un peu anecdotique avec des fraises et de la crème vanille, de la gelée d’eau
de rose, fraises des bois, crème au chocolat blanc.
Et pour
terminer, un dessert plus traditionnel avec un cheesecake de brie frais et sa
gelée de Moscatel.
Une
prestation de qualité dans l’assortiment des plats, de ses ingrédients et d’une
certaine créativité. Un peu plus de formalisme dans l’approche. Certains plats
peuvent plus plaire que d’autres en fonction de ses goûts car on ne sait pas à
l’avance vraiment ce que l’on va manger. Une formule devenue maintenant unique
car ce sont des menus et non pas un choix la carte. Le seul bémol s’il y en a
un, c’est ce service certes qualifié mais un peu robotique et trop empressé. Il
faut que cela défile, pas le temps de discuter ni d’expliquer complètement les
plats, ce qui est un peu regrettable. Un très appréciable mélange de types de cuisines
des deux précédents établissements et qui font toujours de « Suculent »
l’une des meilleures tables du quartier.
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