Voila l’adresse
dont on va rapidement parler au vu de la qualité de la prestation reçue il y a
quelques jours de cela. Vous ne trouverez pas vraiment beaucoup d’information
sur cet établissement à ce moment mais cela ne saura tarder. Situé dans Sarria,
on peut tout d’abord apprendre que l’établissement a été créé par deux
partenaires russes ; le chef et le responsable de salle qui lui en tout
cas est à peu près depuis une quinzaine d’années à Barcelone, maitrise
parfaitement la langue et bien entendu l’anglais. Un pari que de lancer une nouvelle
table dans ce quartier mais lorsque l’on dîne si bien, la distance n’a plus
vraiment d’importance. Ouvert donc ce
mois de Juillet, c’est vraiment l’adresse qui amène une autre bouffée d’air
frais dans une restauration encombrée de plats et d’assiettes souvent
semblables, où l’imagination fais souvent défaut, ce qui n’est pas le cas ici.
En cuisine,
un jeune chef au nom de Sergio Vinogradov et qui semble avoir donné le nom de
cet établissement, presque celui de son nom de famille et qui s’après ce que j’ai
compris est auto-didacte. Ne parlant pas encore d’autres langues, c’est à peu
près tout ce que j’ai pu collecter comme information. Ou alors la seule, c’est
qu’il ne souhaite pas avoir une table « comme partout ailleurs » mais
faire découvrir de nouvelles saveurs qui sont peu habituelles à Barcelone,
probablement le plus souvent plus continentales. Et en salle, le très accueillant
et sympathique Evgeny Díkarev qui est partenaire et qui nous aura accompagné
tout au long du repas avec beaucoup de professionnalisme.
Un local qui
a très bien été pensé car plus chic qu’à l’accoutumée avec un décor un peu
classique ou plutôt je dirais « club à l’anglaise », une ambiance reposante,
des arrangements confortables, une atmosphère sereine, peut-être même un peu
romantique. On appréciera ces alcôves, ces grandes toiles modernes sur les murs
de couleur taupe, ces fauteuils assez inhabituels et cet important détail, ces valets
de nuit en bois pour normalement porter vos costumes, cravates et pantalons,
mais ici utilisés pour vos vêtements.
Au bout d’un
moment, on aurait presque l’impression de se trouver chez des particulier ou du
moins dans un appartement avec plusieurs salons.
A l’entrée,
un bar plus conventionnel mais approprié pour prendre un cocktail si on le souhaite
et probablement déjeuner puisque l’on trouvera quelques tables juste devant.
Si l’on
jette un rapide coup d’œil sur la carte, on pourrait avoir une impression de
trouver une cuisine un peu « fusion » mais en regardant à deux fois
les composantes de chaque assiette, on s’aperçoit que les ingrédients sont
souvent soigneusement sélectionnés, les inspirations multiples à savoir
françaises, italienne, asiatiques. Ensuite les compositions souvent très
intéressantes et originales.
Par exemple
ce délicieux et onctueux pâté de foie de poulet au madère avec un praliné de
pistaches caramélisées. Je ne me rappelle pas d’avoir trouvé une seule fois…un
plat avec du foie à Barcelone et encore moins en pâté. Une inspiration française
des plus agréable et qui change enfin des saveurs locales souvent identique. Sa
texture est parfaite car il a été monté avec un corps gras, l’assaisonnement
équilibré avec cet alcool qui a un peu été perdu de vue, le côté un peu doux et
croustillant des pistaches amène un très plaisant goût et un complément de
texture en bouche. Le pain de coca toasté est parfait, légèrement huilé, la
petite crème de persil apporte de la fraicheur.
Et du pain
à la tomate mais non pas classiquement servi comme partout ailleurs mais avec
un coulis de tomate particulièrement bien assaisonné avec également une très bonne
huile d’olive.
On
remarquera immédiatement que les dressages sont soignés et ce n’est pas le
prochain plat qui contradirera mon propos avec la salade tiède d'anguille fumée
au fromage à la crème et lanières de concombre à la sauce asiatique. Un
plat vraiment original, assez poétique dans sa présentation et son assiette
verte et qui s’inspire selon moi de plusieurs cuisines. La première qui est
évidente, le Japon avec cette anguille laquée. Normalement la technique c’est
de griller ses filets sur la braise en les couvrant d’une sauce sucrée-salée à
base de mirin, de sauce soja et des arêtes de la bête, selon la technique
appelée kabayaki. On la sert ensuite généralement sur un bol de riz mais ici on
l’a associée avec une crème de fromage battue en dessous qui amène de la
fraicheur et qui se marie très bien avec ce poisson fumé. On pensera tout de
suite au chef russe et au fait que dans son pas d’origine, on est friand de
poissons fumé associés et où la crème fraîche est essentielle !
Puis pour compléter l’assiette, un superbe mélange de salades type mesclun, ce
qui est plutôt rare ici, ces quelques concombres marinés qui à nouveau peuvent être
un rappel en même des concombres à la russe mais aussi bien entendu l’Asie avec
sa marinade et la chips de riz sur le dessus. Beaucoup d’idées, d’originalité et
de plaisirs gustatifs.
Assiette
suivante à l’aspect très frais, les raviolis « maison » ouverts au
poulet fermier, morilles et tomates séchées. En réalité cela aurait aussi pu
être une forme de lasagnes, avec une très bonne pâte aux probables
épinards, une sauce à base de volaille découpée en fins petits morceaux, des
morilles ce qui est à nouveau inhabituel ici et très agréable associé au poulet,
de la tomate pour une touche un peu douce. Au dessus des herbes fraiches avec
un clin d’œil nordique puis que l’on trouve de l’aneth, des craquants au
parmesan. Belle assiette de pâte peu conventionnelle.
Autre très
beau plat inspiré par le sud, un risotto de courge du jardin au canard confit
et sauce madère. Risotto crémeux cuit à la perfection avec une touche de courge
dans la sauce. Courge également sur les côtés, puis cette très bonne idée que d’ajouter
du confit de canard caramélisé en petit morceaux non pas directement dans le
riz mais sur le dessus, quelques gouttes de madère pour une saveur additionnelle
dans l’assiette.
Le riz est
vraiment de superbe qualité et bien entendu se trouve être un Carnaroli, un
produit d’excellence, unique en son genre, aux grains fermes et de grande
dimension ; il est particulièrement adapté à la préparation de risottos
raffinés comme ici.
Et nous ne
serons pas en reste avec à nouveau de très surprenants desserts plein de technique
et de sensibilité comme par exemple cet unique cheesecake à la texture
vaporeuse au lait frit et framboises du jardin. Pas le cheesecake auquel l’on s’attend
car celui-ci comme le dit l’intitulé est plus une mousse avec de la framboise
fraiche, une partie lyophilisée et un sorbet du même fruit. Un peu de zeste de
citron vert, une poudre biscuitée. Sacrée belle réalisation.
Et une
incroyable texture pour cette exceptionnelle glace au sésame noir à absolument
ne pas manquer. La perfection dans sa texture et saveur, avec un craquelin
toujours au sésame noir sur le dessus.
Comme vin,
une bouteille de Priorat Scala Dei Rouge 2017, de couleur grenat, robuste, avec
une saveur dense, riche, et un arôme très intense, et souvent avec le très
présent reflet minéral du sol.
Une très
belle entrée dans la gastronomie Barcelonaise avec une cuisine d’auteur, des
saveurs autres, des associations pertinentes, des dressages de qualité et tout
ceci dans un cadre très plaisant flirtant légèrement avec le côté un peu « boutique »
et presque « club de gentilhommes ».
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