Le type d’établissement
à Barcelone qui délivre une belle prestation mais dont personne ne parle. C’est
malheureusement un peu le cas pour cette table de l’Eixample rondement menée
par le chef Jordi Pujol qui se plait à cuisiner des mets plutôt orientés
poissons et fruits de mer et qui adore aussi faire découvrir des poissons moins
connus.
Une cuisine
méditerranéenne avec des produits de première fraicheur, souvent des poissons
inconnus que le chef se plait à préparer et qu’il faut discuter avec le serveur
pour en comprendre la texture et la saveur. Poissons souvent sauvages et
difficilement trouvables sur les marchés. De l’exigence dans la matière
première et de la simplicité dans la finition, voilà comment Jordi conçoit sa
cuisine. Il fuit la mode et s’épanouit, cuisine ce qu’il sait bien faire et qui
ne vous décevra pas.
Un espace plutôt
grand, très plaisant et confortable, un premier niveau où se trouve un long bar
devant lequel l’on peut prendre un verre ou probablement pour le déjeuner prendre
un repas plus rapide. Murs de briques apparentes, hauts plafonds, meubles en
bois. Sur le bar, un énorme poisson, une sculpture réalisée par le chef
lui-même, qui a eu une formation artistique. Selon le chef, le point de départ
de son projet de restauration était cette figure moulée dans du bois d'acajou.
Un ensemble et une décoration très contemporaine.
Sur un
premier niveau ou peut-être ce que l’on pourrait appeler une mezzanine, un espace
plus adapté pour manger entre amis avec un cadre un peu plus intime, toujours
avec ces jolies tables de bois bien espacées et un éclairage adapté.
La carte
est donc axée sur le poisson, ce qui finalement est assez rare à Barcelone car
la plupart des établissements ont un ou deux plats de la mer, des préparations
assez simples et souvent semblables. Ici le choix est plus vaste et les
recettes plus attirantes. Les amateurs de poissons seront donc comblés.
Un premier
plat qui pourrait semble simple mais qui ne l’est pas tant que cela. Une tempura
de merlu avec sa mayonnaise au citron vert. Réinterprétation du « fish
& chips » mais réalisé avec beaucoup de légèreté, la pâte a une parfaite
épaisseur, aucune trace de gras ou de saveur de friture, le poisson est d’une
très grande fraicheur. La mayonnaise « maison » est délicieuse ce qui
en fait un plat vraiment parfait.
Autre plat
de poisson mais cru, le tartare de thon avec une glace à la pistache. A nouveau
le produit est exceptionnel, la découpe idéale car on n’a pas massacré le
poisson en sectionnant celui-ci de manière trop petite. On sent encore la texture
de ce poisson et l’assaisonnement ne couvre pas sa saveur. L’ajout d’une glace
peut sembler un peu étrange à prime abord mais on s’y fait assez rapidement et
cela devient assez plaisant.
Assiette suivante
avec le mille-feuille de tomates rôties, servi avec une mousse au cottage cheese
et un biscuit au basilic. L’idée est très bonne, c’est assez aérien, dommage qu’il
n’y ait pas de basilic, signalé par le garçon ; remplacé par de la menthe
ce qui n’a pas du tout le même effet.
Puis le
plat qui est fait la réputation du chef, le poisson du jour cuit à la braise.
Au départ on vous proposera diverses sortes de poisson et vous expliquera donc
les différences. Nous resterons classiques avec ce fabuleux bar cuit à la
perfection car ici ils ont un four Josper pour les cuissons à la braise. Un
goût incomparable, une cuisson précise, croustillant et moelleux au centre.
Et comme
dernier plat un riz aux camagrocs et porc ibérique. L'histoire du champignon camagroc
(cantharellus lutescens) est assez curieuse. Jusqu'à la fin des années 90, c’était
une espèce à découvrir à Catalogne, les promeneurs étaient ceux qui cueillaient
ce champignon. Comme il est devenu populaire et sa cueillette facile, il est
devenu l’un des champignons avec la meilleure acceptation pour les convives et les
cuisiniers. Il peut avoir d’autres noms comme l’anomena vaqueta de pi (pomme de
pin), rossinyolic, rossinyol de pi, picornell ou ginesterola. J’aurais envie de
dire qu’en France on appelle ceux-ci peut être « chanterelles d’automne ou
jaune ». Maintenant le riz est bien
cuit mais s’avère être un peu gras à la longue ; l’ajout de lait de coco n’est
pas nécessaire. Le porc est croustillant et aurait suffit à lui-même avec les
excellents champignons.
Envie de bulles
ce soir-là d’où le choix pour un Cava Agusti Torello Mata Trepat Riserva 2013. Au
nez, il est franc et frais. Des fruits sauvages, notamment la fraise sur fond de menthe
poivrée.
« SensEspina »
est un très agréable point de rencontre pour ceux d'entre nous qui aiment le
poisson, sans artifice et sans tricherie. Des poissons du jour cuits de manière
saine et sans perdre leur saveur, une qualité indéniable du produit et de la technique
dans leur préparation. Un lieu à découvrir dans le centre de Barcelone qui en
plus propose un cadre très agréable.
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