Lorsque l’on
mentionne des restaurants français à Barcelone, c’est souvent les mêmes noms
qui ressortent, mais en regardant à plus près, ce ne sont pas vraiment ce que j’appelle
de purs restaurants « Français » mais plutôt des tables avec des
chefs et des techniques françaises qui souvent traitent des produits locaux d’une
manière différente et souvent plus créative.
Une adresse
située dans le
passage Lluís Pellicer, entre les rues Muntaner et Casanova, touchant presque
la Diagonal. Devanture de couleur bleu charmante au travers de laquelle l’on
peut jeter un œil à l'intérieur.
Nous
trouvons deux salles séparées, dans la première se trouvent le bar et la cuisine
dans le fond et dans la seconde plus intimes quelques tables bien agencées. Cette première salle semble être plus adaptée pour prendre un
verre, une assiette à se partager ou un lunch rapide.
Dans la
seconde salle, des murs au ton pastel, des tables dans un style
rustique-bistrot assez séparées font de cet endroit le lieu idéal pour également
dîner entre amis. La décoration en bois, en acier, quelques tableaux et les
lumières chaudes font de l’espace un endroit très confortable et cosy.
En cuisine,
c’est le chef Julien Rivoiron qui est originaire du Lion, accompagné de deux
amis français de confiance. Il convient de mentionner le passage de Julien par
le restaurant Têtedoie de Lyon et le Sketch de Pierre Gagnaire à Londres.
A Barcelone, un passage chez par Osmosis et ensuite La Bellvitja.
La carte
est plutôt courte, ce qui n’est pas plus mal et en aucun cas ne fait preuve de
manque d’originalité ou de variété. Tout le monde y trouvera son compte, des
plats souvent utilisant des ingrédients variés et en tout cas ce soir inspirés
par l’Asie. Pour n’en citer que quelques uns ; dashi, yuzu, citronnelle, gingembre
et j’en passe. Clairement, des assiettes bien pensées et assez dans le ton de
ce qui plait aujourd’hui à Barcelone ou ailleurs. Pour ce qui est Français pur et dur, on se
tournera vers le plateau de fromage ou encore le pâté en croute. Donc ne vous
attendez pas à trouver une cuisine de « bouchon » ou bistrotière au
sens français du terme.
Nous déciderons de ne prendre que des plats principaux que nous nous partagerons.
Par exemple le poisson du jour avec une huile de sésame, dashi, céleri,
champignons shimeji et furikake. Joliment dressé, inspiré peut-être par ces
soupes asiatiques type pho ou ramen, on trouvera également du pak choi or bok
choy, des graines de sésame classiques et noires. Les premiers champignons
se reconnaissent à leurs longues tiges et leurs petits chapeaux
blancs ou bruns. Ils se consomment juste cuits, fermes et croquants. On les
utilise dans des soupes, des plats au wok ou même dans des sauces. Le
furikake est un condiment sous forme de poudre ou de paillettes utilisé dans la
cuisine japonaise, semblable au sel et poivre que l’on utilise en France, dans
lequel l’on trouve justement les graines de sésame. C’est un plat léger, frais
mais qui manque singulièrement de « peps », de réelles saveurs. Petit
ajustement donc nécessaire.
Nettement
plus séduit par les excellentes tagliatelles « maison » aux crevettes,
artichauts, vanille, tomates cerises confites et piments guindilla. La pâte est
cuite à la perfection, la texture idéale, les éléments cuits avec précision à
savoir des crevettes encore moelleuses, les artichauts suaves, l’assaisonnement
bien pensés avec ces piments du pays basque. Un très beau de plat de pâtes
méditerranéens.
Même observation
sur ce plat toujours dans un registre méditerranéen, ce jarret d’agneau confit
au paprika, aubergines grillées, maïs et croutons à l’ail et persil. Certains
peuvent y voire un côté provençal, d’autre turque, toujours est-il que la cuisson
de la viande est superbe, les saveurs du légume en parfaite harmonie avec le
délicat fond de sauce et la touche croustillante de croutons la bienvenue.
Nous serons
très surpris par la grande originalité des desserts qui sont au delà de toute attente
car à nouveau, ce n’est généralement pas le point fort des restaurants à Barcelone,
à croire qu’il n’existe que la Torrija… Mais ici le choix est somptueux, par
exemple ce lingot au chocolat noir et thé « lapsang souchong », glace
au yaourt et yuzu. Un dessert d’une incroyable légèreté chocolatée, jamais trop
sucré et avec une merveilleuse ganache finement fumée sur un socle agréablement
croustillant. Le tout accompagné d’une très rafraichissante et subtile glace au
parfum un peu acidulé et citronné. Un dessert d’une grande maitrise.
Jolie
recommendation de vin avec un Montsant Rebeldes 2017 ; vin est fabriqué à
partir de cépage de Garnacha, Cariñena et Syrah. Rebeldes est un vin floral et
épicé avec une acidité modérée.
Bon j’ai
envie de dire que j’ai magnifiquement mangé mais je n’ai pas du tout mangé « Français »
et c’est cela le tour de force. Plutôt une cuisine d’auteur pour certains
plats, des cuissons précises, du savoir-faire, des techniques oui…probablement
françaises ou alors internationales, des associations autres et pertinentes.
Venir ici sera plus pour faire des découvertes culinaires, apprécier d’autres
saveurs et tout ceci dans un cadre très charmant, un service impeccable et des
prix sages.
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