samedi 24 novembre 2018

Taverna Pervers, Barcelone


Lorsque l’on baptise son établissement « Pervers » et promeut sa cuisine comme étant perverse, cela ne peut que titiller mon intérêt. Toujours est-il que c’est sensé être une « taverne poétique », que l’endroit a été ouvert il y a deux mois de cela. Situé dans les locaux de l'ancien « El Bodeguin », on peut observer un sympathique intérieur à travers la porte d’entrée.


Une très jolie et conviviale salle allongée avec un immense bar à gauche et une cuisine attenante, une série de petites tables et un espace légèrement plus ouvert au bout avec une petite plate-forme pour ceux qui sont encouragés il parait à réciter des versets. Murs blancs ou verts, le vrai bistrot de quartier qui finalement ne ressemble pas à top d’autres endroits de Barcelone.




On appréciera cette grande table assez particulière en bout de salle, surtout avec ses chaises avec le dos en cuir repoussé, quelque chose de somme-toute assez Hispanique et presque d’une autre génération. Le tout associé avec des lampes industrielles, un mélange surprenant mais qui fonctionne bien.




En même temps, galerie de tableaux, des expositions temporaires où l’on peut même acheter les oeuvres exposées. Une structure de bistro vraiment pleine de charme et plus que conviviale.




Une carte avec semble-t-il un poème sur l’un des côtés, amenée dans une enveloppe. Et de l’autre côté les plats du moment. Tapas, petits plats et chauds. Des classiques mais aussi quelques intéressantes trouvailles.


Des bravas Stendhal, une belle assiette de pommes de terre poêlées avec encore leur peau. Pommes de terre cuites en deux passages, un extérieur croustillant et fondante intérieurement. Des sauces originales pour ces patatas bravas ne l'est pas non plus. Il s'agit de deux sauces qui cachent deux hommages, le premier est le nom du plat mentionné plus haut. Et le second, un hommage au livre « Le rouge et le noir », qui explique pourquoi l'une de ses sauces est rouge et l'autre est de couleur plus foncée. Le chef Albert a tenté de réunir les deux capitales des patatas bravas : Barcelone et Madrid. C’est pourquoi nous avons trouvé un aïoli fin et doux à base d’ail noir, puis une sauce plus madrilène, avec un sofrito de base et un piquant particulièrement bien dosé.


Second tapas, des artichauts confits. Une pointe de déception même si c’est l’un des plats qui soit le plus demandé. Simplement parce que cela n’est pas confit mais plutôt des artichauts de bocaux avec sur le dessus un peu de tapenade et un peu d’huile.


Retour a un plat surprenant car original, des biscottes de sobrasada accompagné de sardine fumée. Vous recevrez quelque chose d’assez inattendu car il s’agit d’une sorte de briochée dans laquelle a probablement été ajouté un peu de cette charcuterie en raison de sa couleur orangée. Au dessous la soubrasada qui a été poêlée, séchée puis transformée en une sorte de terre. Sur le dessus des tronçons du poisson fumé. De joli jeux de textures, des saveurs contrastées, un visuel très agréable, coloré.


Autre petit plat assez surprenant et nouveau en ce qui me concerne et avec un nom surprenant, « entranable de bacalo ». En fait il s’agit de tripes morue ! En tous cas, voici un poisson dont on ne perd rien, de la tête à la queue en passant par l'huile de son foie, par la laitance salée et fumée. La morue est un animal qui, comme le cochon, peut être utilisé presque entièrement. Avec la tête, souvent des plats magnifiques sont préparés en Galice et au Portugal. En réalité le mot tripe est utilisé à tort, puisqu'il s'agit en réalité de la vessie natatoire de l'animal et de l'une des parties les plus précieuses de la morue. Les vessies pneumatiques ou de bain sont formées d’un sac plein d’air, qui est attaché à la concavité de la colonne vertébrale épaisse du poisson, de son début à l’anus. Cette vessie est épaisse et composée d'une substance gélatineuse. Elle forme une délicatesse quand il est frais et très apprécié s'il a été salé. La vessie natatoire, ainsi que la langue de morue, une fois salée et séchée, ont une grande estime dans la gastronomie des régions méditerranéennes, en particulier de la Catalogne. Ici préparé comme avec des tripes normales, à savoir une sauce tomate épicée et des pois-chiches. Bon maintenant, est-ce que c’est bon ? Difficile de répondre car cela n’a pas vraiment de goût fort, c’est plutôt la consistance qui est importante, à savoir un peu gélatineuse.


De petits calamars à l’andalouse absolument irréprochables, accompagnés de citron.


Et peut-être le plus gourmand du repas, la butifara Farenheit avec un houmous d’haricots. Je dois avoir oublié l’explication pour le pourquoi de Farenheit, mais toujours est-il que cette saucisse de Pagès grillée sur une crème d’haricots est tout bonnement délicieuse. Le plus ici c’est la sauce réalisée avec du vermouth et flambage, ce qui finalement peut être l’explication du nom de ce plat.


Et le dessert est tout aussi original et excellent, des cannellonis de pâte de coing farcis avec du recuit, fromage blanc égoutté dans un drap. Fine pâte de coing, mousse de fromage légère, un peu de zeste d’orange sur le dessus.



Une bien sympathique et nouvelle adresse avec une série de petits plats ou tapas gourmands, parfois très originaux ou alors cuisinés avec « le plus » qui manque souvent ailleurs. Un cadre très convivial, un service très aimable et souriant, des prix adaptés et une superbe ambiance.

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