mercredi 29 août 2018

Can Ros, Barcelone


Il est vrai qu’en ce moment la Barceloneta ce n’est pas l’été le quartier le plus fréquentable et encore moins avec les événements récents tout à fait compréhensibles. Les tables à touristes pullulent, souvent de très bas niveau et l’on sait que pour trouver quelque chose de nettement plus authentique, il faut s’engouffrer dans les petites rues. On y trouve quelques tables emblématiques, de nouvelles adresses qui font un effort culinaire, quelques bars fort sympathiques. Une de ces adresses m’était inconnue jusqu’à ce jour celle de « Can Ros ». Certes ce n’est pas une nouvelle adresse puisque l’établissement existe depuis 1908 ou 1911 selon les dires, table connue pour ses plats de riz et sa cuisine de la mer.


A l’origine un magasin de vins, tenu par la famille Blanch pendant cinq générations, aujourd’hui tenu par Marta Cid et Albert Enrich. On y vendait du vin en vrac, du café torréfié, des siphons remplis et des morceaux de glace pour les réfrigérateurs. Dans les années 70, ils commencèrent à faire des tapas, qui accompagnaient au début le verre de vin que les clients y prenaient. Et ainsi, petit à petit, le lieu fût transformé en restaurant.


Une adresse évidemment bien plus authentique que la plupart à quelques centaines de mètres de là et qui sert une honnête cuisine Catalane. Des tapas, des plats mijotés, des plats donc de riz, une cuisine de tradition mais qui flirte également avec les nouvelles tendances culinaires. En cuisine Jordi Ballester qui a passé trois années chez Rafa Pena de Gresca. Un chef qui fait partie d’un groupe du quartier qui connait les fruits de mer et qui se focalise à l'heure actuelle sur la préparation des meilleurs plats possibles, réalisés avec des produits frais et de haute qualité, acheté tous les jours à la Lonja de la Barceloneta, confrérie des pécheurs.


Une sobre taverne avec un décor sans fioritures mais convivial et qui malgré tout semble avoir été récemment rénové, mis au goût du jour. Table haute devant le bar, quelques objets chinés ci et là, on se sent immédiatement bien dans ce cadre qui se veut assez rassurant.



Le long des fenêtres, plusieurs tables joliment éclairées, donnant aussi au lieu un peu d’intimité. Siphons sur les tables, conserves en bocaux, guirlandes lumineuses, on veut que le lieu ait un peu de charme.




Cuisine donc locale donc nous prenons des patatas « Cabronas ». Plus très sur de savoir ce qu’est la différence avec des « Bravas » mais toujours est-il que celles-ci sont très bonnes, bien croustillantes et les sauces parfaites.


Finalement ce n’est pas aussi fréquent que de trouver dans les restaurants de la Coca garnie comme ici. Tout d’abord une Coca de sardines marinées, escalivada, tapenade et roquette. Le pain est excellent, la marinade est légère conservant tout de même le goût du poisson, les légumes de l’escalivada fondants, la pointe de purée d’olive sur le poisson relève le tout, quelques feuilles de salade pour le côté frais et végétal. Une Coca vraiment délicieuse.


Certes rien de nouveau avec le pain de Cristal à la tomate mais ici, il est particulièrement bon. Croustillant, bien assaisonné avec de bonnes tomates et huile d’olive.


Autre Coca plus originale ce qui illustre la recherche du chef avec du poulpe, de la botifarra de Perol, pommes de terre et abricots secs et ciboulette. Le poulpe est tendre, la botifarra noire semblable au boudin est parfaitement grillée. Elle est préparée avec des morceaux de tête de porc, de rognons, de coeur, des abats, des bajoues, de couenne et de sang. Elle est ensuite embossée, liée et cuite. Ce produit est savoureux et aromatisé et après la cuisson, le résultat donne une saucisse savoureuse et moelleuse.  Je trouve que le côté un peu confit des abricots découpés en petits morceaux est une excellente idée.


Et bien entendu un riz, cette fois-ci noir à la seiche, haricots verts et coques. Riz en casserole encore légèrement humide, le côté marin est évidement l’encre et les morceaux de seiches mais on appréciera les coques sur le dessus encore moelleuse qui probablement ont été ajoutées au dernier instant. L’ajout des haricots est plutôt inattendu mais une bonne addition à ce riz gourmand.


Pour les amateurs, le classique aïoli que l’on ajoute selon son envie sur le riz.


Un poisson très frais et parfaitement poêlé avec du merlu accompagné de poivrons et aubergines rôties et d’une sauce romesco. Simple mais quand c’est parfait, pourquoi chercher plus compliqué?



Un dessert qui est presque une création ou si inspiré par l’Espagne, reste un sommet de gourmandise dans son style, un pouding de riz accompagné d’une glace à l’orchata et de biscuits. Saveurs connues mais tellement bonnes lorsque réussi comme ici.


Une bouteille de vin blanc Tocat de l’Ala Blanc 2015. Jeune vin que l’on boit sans effort, de l’Alt Emporda, plutôt frais avec des arômes d’agrumes.


Une belle surprise que cet établissement car tout d’abord l’accueil fut chaleureux, le service efficace mais surtout la cuisine si teintée par la région est excellente dans ce type de plats. Une adresse de Barceloneta qui est sérieuse, ce qui n’est pas toujours le cas, peut-être nettement moins connue des touristes ce qui n’est pas plus mal. Tout fût soigné, gourmand et dans une ambiance assez intime.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire