Il est vrai
qu’en ce moment la Barceloneta ce n’est pas l’été le quartier le plus fréquentable
et encore moins avec les événements récents tout à fait compréhensibles. Les
tables à touristes pullulent, souvent de très bas niveau et l’on sait que pour
trouver quelque chose de nettement plus authentique, il faut s’engouffrer dans
les petites rues. On y trouve quelques tables emblématiques, de nouvelles
adresses qui font un effort culinaire, quelques bars fort sympathiques. Une de
ces adresses m’était inconnue jusqu’à ce jour celle de « Can Ros ». Certes
ce n’est pas une nouvelle adresse puisque l’établissement existe depuis 1908 ou
1911 selon les dires, table connue pour ses plats de riz et sa cuisine de la
mer.
A l’origine
un magasin de vins, tenu par la famille Blanch pendant cinq générations,
aujourd’hui tenu par Marta Cid et Albert Enrich. On y vendait du vin en vrac, du
café torréfié, des siphons remplis et des morceaux de glace pour les
réfrigérateurs. Dans les années 70, ils commencèrent à faire des tapas, qui
accompagnaient au début le verre de vin que les clients y prenaient. Et ainsi, petit à petit, le lieu fût transformé
en restaurant.
Une adresse
évidemment bien plus authentique que la plupart à quelques centaines de mètres
de là et qui sert une honnête cuisine Catalane. Des tapas, des plats mijotés,
des plats donc de riz, une cuisine de tradition mais qui flirte également avec
les nouvelles tendances culinaires. En cuisine Jordi Ballester qui a passé
trois années chez Rafa Pena de Gresca. Un chef qui fait partie d’un groupe du
quartier qui connait les fruits de mer et qui se focalise à l'heure actuelle sur
la préparation des meilleurs plats possibles, réalisés avec des produits frais
et de haute qualité, acheté tous les jours à la Lonja de la Barceloneta, confrérie des pécheurs.
Une sobre
taverne avec un décor sans fioritures mais convivial et qui malgré tout semble
avoir été récemment rénové, mis au goût du jour. Table haute devant le bar,
quelques objets chinés ci et là, on se sent immédiatement bien dans ce cadre
qui se veut assez rassurant.
Le long des
fenêtres, plusieurs tables joliment éclairées, donnant aussi au lieu un peu d’intimité.
Siphons sur les tables, conserves en bocaux, guirlandes lumineuses, on veut que
le lieu ait un peu de charme.
Cuisine
donc locale donc nous prenons des patatas « Cabronas ». Plus très sur
de savoir ce qu’est la différence avec des « Bravas » mais toujours
est-il que celles-ci sont très bonnes, bien croustillantes et les sauces
parfaites.
Finalement
ce n’est pas aussi fréquent que de trouver dans les restaurants de la Coca
garnie comme ici. Tout d’abord une Coca de sardines marinées, escalivada,
tapenade et roquette. Le pain est excellent, la marinade est légère conservant
tout de même le goût du poisson, les légumes de l’escalivada fondants, la
pointe de purée d’olive sur le poisson relève le tout, quelques feuilles de
salade pour le côté frais et végétal. Une Coca vraiment délicieuse.
Certes rien
de nouveau avec le pain de Cristal à la tomate mais ici, il est
particulièrement bon. Croustillant, bien assaisonné avec de bonnes tomates et
huile d’olive.
Autre Coca
plus originale ce qui illustre la recherche du chef avec du poulpe, de la botifarra
de Perol, pommes de terre et abricots secs et ciboulette. Le poulpe est
tendre, la botifarra noire semblable au boudin est parfaitement grillée. Elle
est préparée avec des morceaux de tête de porc, de rognons, de coeur, des
abats, des bajoues, de couenne et de sang. Elle est ensuite embossée, liée et
cuite. Ce produit est savoureux et aromatisé et après la cuisson, le
résultat donne une saucisse savoureuse et moelleuse. Je trouve que le côté un peu confit des abricots
découpés en petits morceaux est une excellente idée.
Et bien entendu
un riz, cette fois-ci noir à la seiche, haricots verts et coques. Riz en
casserole encore légèrement humide, le côté marin est évidement l’encre et les
morceaux de seiches mais on appréciera les coques sur le dessus encore
moelleuse qui probablement ont été ajoutées au dernier instant. L’ajout des
haricots est plutôt inattendu mais une bonne addition à ce riz gourmand.
Pour les
amateurs, le classique aïoli que l’on ajoute selon son envie sur le riz.
Un poisson très
frais et parfaitement poêlé avec du merlu accompagné de poivrons et aubergines
rôties et d’une sauce romesco. Simple mais quand c’est parfait, pourquoi chercher
plus compliqué?
Un dessert
qui est presque une création ou si inspiré par l’Espagne, reste un sommet de gourmandise
dans son style, un pouding de riz accompagné d’une glace à l’orchata et de
biscuits. Saveurs connues mais tellement bonnes lorsque réussi comme ici.
Une bouteille
de vin blanc Tocat de l’Ala Blanc 2015. Jeune vin que l’on boit sans effort, de
l’Alt Emporda, plutôt frais avec des arômes d’agrumes.
Une belle
surprise que cet établissement car tout d’abord l’accueil fut chaleureux, le
service efficace mais surtout la cuisine si teintée par la région est excellente
dans ce type de plats. Une adresse de Barceloneta qui est sérieuse, ce qui n’est
pas toujours le cas, peut-être nettement moins connue des touristes ce qui n’est
pas plus mal. Tout fût soigné, gourmand et dans une ambiance assez intime.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire