Après l’excellente
« Taverna Hofmann » visitée il y a quelques semaines de cela, voici
un autre établissement de cette entre autres école hôtelière, « Arroz
Hofmann ». C’est donc dans un coin presqu’un peu éloigné de l’Eixample que
‘on trouve cette adresse. Je dis éloigné car ce n’est généralement pas tout à
fait là que se trouvent la majorité des tables. Projet de Silvia Hofmann, fille
et successeur de May Hofmann qui clairement indique ce que l’on risque d’y
manger…du riz… Ce ne sont pas les tables à riz qui manquent en ville mais tout
le monde n’est pas Hofmann et on peut sans aucun doute imaginer que la
prestation doit être d’un certain niveau.
Le
restaurant est divisé en deux étages, on arrive tout d’abord dans une sorte de
vestibule face à une rampe d’escalier. Décor assez moderne, quelque chose un
peu ressemblant a un magasin de meuble peut-être parce que ce soir le rez-de-chaussée
est vide. Table murale pour de probables repas rapides pour le lunch face à un
bar un peu nu et une salle dans le fond. Endroit également prévu pour des
petits-déjeuners et des tapas.
La salle du
haut est un peu plus conviviale mais néanmoins, le style ne me convainc pas
complètement. Cela reste tout de même assez stérile et j’en reviens a mon
magasin de meuble de style plutôt scandinave. Murs de briques blanches,
éclairages dans des paniers d’osier, quelques peintures stylisées sur les murs.
Le concept architectural est plutôt intéressant mais il manque la touche de
convivialité, quelque chose qui mette un peu d’ambiance.
La carte
est plutôt limitée dans le sens où le nombre de plat n’est pas élevé mais on y
trouvera un peu de tout et non pas que du riz. Des entrées, des viandes et
plusieurs styles de riz. Des riz à l’espagnole, certains comme ils disent « secs »,
c’est-à-dire finis au four avec très peu de sauce. Ou l’opposé avec de la sauce
et nettement plus proche d’un risotto à l’italienne. A noter que certains riz
italiens comme le Carnaroli pousse dans la région du delta de l’Ebre. Riz plus
adapté pour ces plats plus gourmands et dirons-nous crémeux. Le prix des riz est
plutôt élevé car bien au dessus des 20 euros, on s’attend donc a une très belle
prestation.
On se
rappellera que Hofmann a aussi une boulangerie où sont confectionnés d’excellents
pains comme d’ailleurs celui qui nous est proposée, à base d’huile d’olive et
de romarin. Doré, bien levé, avec une texture irréprochable.
Pour commencer
de croustillants beignets à la seiche et à l’encre. L’intérieur est moelleux et
parfumé, un très bon goût de crustacé et sur le dessus une touche d’aïoli.
Visuellement on dirait des morceaux de charbon mais évidemment rien de comparable.
Pour
suivre, des moules dans leur jus avec un sofrito épicé, tomate, oignon, ail et gingembre.
Plus conventionnel et sans intérêt particulier.
De très
bonnes croquettes de morue, ajoarriero, ail, pommes de terre, et œuf ; pil
pil. L’ajorriero, l'ail du muletier, est un plat typique des régions du Nord de
l'Espagne qui a été inventé par des muletiers. Le nom fait surtout référence à
l'assaisonnement du plat qui est fait à base d'ail. Cependant, le ajoarriero
est une préparation dont l'ingrédient principal est la morue comme ici
la croquette. Le pil sauce pil est une émulsion qui est réalisé avec le jus et
la gélatine de la morue, de l'huile d'olive parfumée à l'ail et du piment. C’est
d'un jaune crème et accompagne cet excellent beignet de morue.
Premier
plat principal avec le riz aux crevettes avec une sauce fumée et épicée.
Cuisson irréprochable, crevettes en carpaccio presque crues, ce qui est
franchement délicieux, sauce originale car finement fumée. C’est un très bon
risotto si c’est cela que l’on doit dire.
Autre plat plus local, un riz du gentilhomme. Je suppose que vous connaissez l'histoire de
pourquoi il y a du riz qui s'appelle « le jeune homme ». Afin de ne pas avoir à se salir les mains en ouvrant les coques
et coquillages les paellas aux fruits de mer, il se raconte que quelqu'un eut la grande idée de cuisiner la paella avec tous
les crustacés décortiqués, de sorte que le mangeur n'ait pas besoin de se
déshabiller et d'enlever lui-même les déchets des fruits de mer. Irréprochable à nouveau,
un parfait bouillon de cuisson, des saveurs nettes. Maintenant est-ce que cela
vaut son prix car il y a d’autres endroits à Barcelone qui en font une toute
aussi bonne. Autre observation, un service pas très professionnel ce soir. A
vrai dire recommender deux riz pour un couple est une hérésie car trop copieux…
Avec ce
repas, un Priorat Dèria 2015 plutôt agréable.
Il n’y a
pas à contester la qualité de la cuisine et la précision des assiettes et des
cuissons. Maintenant est-ce que ce repas fût supérieur à bien d’autres
établissements servant ce type de cuisine ? Pas sur. C’est tout de même
des prix sur le haut et la prestation de la « Taverna Hofmann » entre
autres pour son riz fût tout de même supérieure à celle-ci. Un peu plus de
créativité serait le bienvenu dans cette carte finalement assez classique.
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