Je dois
admettre que je me rends que très rarement dans des restaurants grecs, non pas
que je ne suis pas un amateur de leur cuisine mais tout simplement parce que ce
type de restaurant n’est pas aussi courant que d’autres nationalités. A ce
moment, je crois n’avoir vu que seulement deux restaurants grecs à Barcelone et
surement qu’il y en existe en plus grand nombre. Toujours est-il qu’il me
tardait de découvrir celui du quartier du Raval, toujours bondé, dans le
complexe de la Filmoteca, au nom de « El Magraner Boig ». Une rue un peu particulière avec quelques jolies
tables sur le même côté.
Grandes
vitres au travers desquelles l’on peut évidemment voir à l’intérieur, une
décoration très contemporaine avec une série de tables en bois et des lumières
industrielles. Nous sommes aujourd’hui dimanche soir, la fréquentation est
probablement moins importante que les jours de semaine.
Un grand
bar, ces tables avec au centre quelques faïences, quelques grandes photos noir
et blanc de probables figures artistiques du monde hellénique, le lieu est
vraiment aéré et très plaisant.
Ce qui me
frappe tout d’un coup, c’est cette ambiance très sereine qui est dû au fait
que le fond musical est d’une très grande beauté. J’apprends qu’il s’agit de Manos
Hatzidakis, l'un des compositeurs grecs les plus connus, qui composa également des
musiques de films et qui fut profondément marqué par le «rebetiko», une sorte
de blues oriental sorti des bas-fonds et accompagné du célèbre bouzouki. A
partir des années cinquante, il est devenu l'un des plus importants
compositeurs grecs de musique populaire. Avant même de passer commande,
nous voici offert de l’excellent pain pita grec encore chaud recouvert d’origan
accompagné d’un petit bol d’huile d’olive.
La carte
propose ce que j’appellerais des classiques avec diverses salades certaines avec
des produits typiques du pays, des mézés même si indiqués comme tapas, à se
demander si seul ce dernier mot est vendeur et des plats plus consistants. Pour
commencer le « tzatziqui », plat qui est une préparation à base de
concombres et yoghourt (de brebis ou de vache), d’huile d’olive, d’aneth, d’ail,
qui peut être servi comme sauce ou comme hors d’oeuvre. Il connaît de
nombreuses variantes dans d’autres pays, telle le cacik en Turquie, le djadjik iraquien ou encore le talatouri chypriote. Bon
mais je ne suis pas sur qu’il y ait de l’aneth dedans. Ici également accompagné
de pain pita.
L’incontournable
salade grecque avec des tomates, du concombre, des oignons rouges, des poivrons
verts, de la feta, des olives de kalamata, de l’origan et de l’huile d’olive. Rien
à redire sauf que les légumes comme ceux-ci au mois de janvier ne sont pas
forcement les meilleurs, mais le tout est plaisant.
Des petites
boulettes de viande appelées « queftedakia », à base de bœuf et de
menthe. Elles sont frites, plutôt juteuses et bien parfumées. On les accompagne
d’une sauce à base de tomates assez bien relevée.
Et selon
moi le plat le plus remarquable que je n’avais pas mangé depuis des décennies, ici
appelé « Arnaqui Fricasé » mais que je connais sous le nom de « arni
avgolemono », une fricassée d'agneau à la grecque, recette
classique de l'hiver, l'agneau aux salades en sauce oeufs-citron. Avec
de la romaine, de l’aneth frais, des œufs et du citron. L’« avgolemono »
est à la base une soupe grecque à base de mélange œuf-citron chauffé dans du
bouillon jusqu’à épaississement. Il faut que la consistance soit
parfaite, l’agneau fondant et la salade bien cuite. Ce qui fût le cas ici et
probablement le meilleur plat de la soirée.
Une bien
sympathique adresse avec une cuisine bien réalisée, des saveurs fidèles à ce
qu’elles doivent être, un choix de plats qui est large et surtout frais, tout
ceci dans une ambiance décontractée et un décor urbain.
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