Voici
probablement l’une de mes plus belles découvertes ces derniers mois, celle de « Cruix »
non loin de la place d’Espagne. Pas si loin que cela si vous prenez le métro et
descendez à la station Rocafort. Et le trajet en vaut vraiment la peine au vu
de la prestation servie ce soir-la. A ma visite, l’établissement était encore un
peu inquiet du manque de clientèle, mais croyez-moi, d’ici peu de temps cela
risquera d’être difficile d’y trouver une table, du moins on l’espère.
Récemment ouvert, vous allez découvrir une cuisine de haut niveau, des petits
plats comme dans peu d’endroits, tout ceci servi avec le sourire.
En cuisine,
le chef Miguel Pardo n’en est pas sa première expérience puisqu’il a fait ses écoles
entre autres chez Tickets et chez ABaC, ce qui donne tout de suite une idée de
ce qui peut se passer dans sa tête. En salle, l’associé Carlos Fernandez de
Valladolid qui parle un français exemplaire, ayant passé une année en France et
qui nous aura assuré un service de premier ordre. De plus il faut préciser d’entrée
que les prix sont vraiment plus qu’amicaux. Pas de produits luxueux comme caviar,
huitres ou truffe, mais beaucoup d’imagination pour sortir de magnifiques et
inventives assiettes préparées avec des produits presque communs.
Devanture
moderne, plats du jour affichés sur des petites feuilles de papier fixée sur la
vitre, un intérieur assez lumineux et qui à l’air accueillant.
Un comptoir
boisé dans une salle en longueur avec un côté où l’on trouvera des tables et
banquette le long d’un mur de briques rouges.
Un lieu au design contemporain et agréablement aménagé.
Ne vous
fiez pas à leur site un peu minimaliste qui décrit modestement l’endroit comme
étant des tapas et des riz, car c’est bien mieux que cela… Une carte mais aussi
28 euros le « menu dégustation » de sept assiettes avec riz et desserts.
Impossible de trouver un meilleur rapport qualité-prix. En attendant d’être
servi, cela sera quelques délicieuses olives vertes assaisonnées sur place.
Première
bouchée ou tapas, les anchois d’Angelet salés chez nous. Probablement Anglet, coin
de pèche exceptionnel dans le pays basque Français. Ces anchois frais ont été
salés sur place avec discernement, servis sur une fine lamelle de pain croustillante
légèrement caramélisé et une touche de sauce hollandaise. Les associations fonctionnent
parfaitement et en font une belle entrée en matière.
On sera
surpris de déguster cette salade de tomates marinées de grande fraicheur, avec
une vinaigrette crémeuse à la moutarde, des haricots verts en fines lamelles
pour le croquant, des croutons et du chou mizuna.
Une belle
idée que d’offrir des « Churros » de morue avec une mousse d’aïoli.
Effectivement la forme de ce dessert mais une pâte légère comme les acras ;
on déguste ensuite ceux-ci en les trempant dans cette mousse aérienne finement
aillée. Ils sont dorés, croustillants et sans odeur d’huile.
Plat plutôt
très surprenant que cette coupe de foie gras et Jack Daniels. Le foie a été
transformé en une crème ou plutôt style panacotta avec une saveur de bourbon
plutôt assez prononcée. On connaît l’association du foie avec des cognac, armagnac
ou vins liquoreux, mais là je dois admettre que c’est plutôt très réussi. Sur
le dessus quelques noisettes et de l’agrume. On accompagne cette mousse de
fines lamelles de pain toastées.
A priori
plus classique mais finalement pas tant que cela, des croquettes de canard à la
Pékinoise. Canard laqué utilisés pour cette délicieuse croquette avec cette fine
saveur un peu asiatique. Moelleuse et légère, une feuille de menthe et une
touche de sauce pimentée.
Un clin d’œil
vers l’Amérique centrale avec un tartare mexicain de maigre. Assaisonné à la
dernière minute, découpé en petits morceaux, pas trop d’acidité ni de légumes
car souvent le poisson est en faible quantité par rapport au reste. Juste une
pointe de crème d’avocat, une sauce au piment chipotle, quelques lamelles d’oignons
rouges et feuilles de coriandre. Le parfait équilibre.
De plus ce
ceviche ou tartare ici, est servi avec des « totopos » maison,
morceaux de tortilla de maïs frits comme il se doit.
L’artichaut
Carbonara 100% cuisine est une vraie délicatesse. Plutôt une influence de la
Carbonara que le plat authentique, avec les artichaut dans le fond, une espuma
sur le dessus avec un fin goût de fromage et du lard style Colonnata sur le
dessus. Un plat vraiment très gourmand.
Le plat le
plus classique mais parfaitement exécuté, le riz aux crevettes, poivron rôti et
ail. Le chef de Castellon affectionne particulièrement les riz qualifiés de
secs et nous sert celui-ci avec des crevettes juste snackées et encore moelleuses.
La « soccarat » est ici croustillante et vraiment maitrisée.
Petit plat
additionnel avec de succulentes boulettes de viandes moelleuses et très bien assaisonnées
dans une sauce au sherry.
Et un
dessert que je me rappellerai très longtemps, d’une très grande audace et
surtout complètement jubilatoire, le « Curryous », jeut de mot avec
curry et curieux. Il fallait vraiment y penser mais une lace au lait de coco associée
avec du curry vert de Thaïlande, de la mangue et une touche épicée, c’est
absolument divin. Tout est dosé de manière précise sans forcer sur le côté
pimenté, la douceur est bien présente en bouche, le fruit amène un coté juteux
et gourmand. Sur le dessus, quelques herbes type menthe et coriandre ainsi que des
graines de sésames caramélisées. On trouve dans ce dessert du croquant, du
moelleux, du froid, du pimenté, de l’épicé, un dessert un peu surréel et qui
finalement ne fait même pas penser a la Thaïlande. C’est bien simple…j’en ai
demandé un second…
Et pour
terminer, un cheesecake relaxant a Buckingham Palace. Jolie interprétation plus
traditionnelle avec une belle pâte feuilletée, une crème légère au fromage de
Brie, crème fouettée et quelques myrtilles sur le dessus.
Le choix de
vin n’est pas en reste et cela sera un excellent Antidoto Ribera del Duero 2015.
Du cépage Tempranillo, de la longueur en bouche, du fruit rouge, de beaux
tannins.
Voila une
bien belle prestation qui mérite d’être saluée car ce menu a 28 euros en
version longue est d’un haut niveau. Certaines assiettes lorgnent vers des mets
plus classiques mais celles qui sont téméraires peuvent largement rivaliser
avec certains établissements réputés en ville. Une table très prometteuse, une
équipe très motivée, tout simplement un gemme qui peut faire pâlir d'envie certaines
autres tables.
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