Probablement
une des critiques les plus compliquée depuis bien longtemps, celle de cette
table appelée « Bonanova » au nord du quartier de Sant Gervasi. Pas
franchement central, accessible en voiture ou en métro, donc on ne vient pas
ici par hasard. Dans une rue plutôt calme nous voici face à cette table assez
réputée, un bâtiment moderniste du début du 20ème siècle. Ce qui
m’attira a prime abord, c’est tout d’abord la décoration, ensuite le fait que
le lieu soit réputé pour sa cuisine catalane préparée avec d’excellents
produits par une famille en place depuis un certain nombre de générations.
Une
première magnifique salle où le bar se trouve et qui vaut à elle seule la
visite. Bouquets de fleurs, haut plafond, de très beaux meubles, cet endroit
est surement l’un des plus beaux en ville.
Le comptoir
avec son ancienne caisse enregistreuse est magnifique. Ce soir, la clientèle se
trouvera non pas ici mais dans la salle du fond.
A côté, une
ancienne armoire frigorifique, des jambons qui pendent, le bol d’excellentes
olives vertes (d’Italie !) qui nous seront servies en apéritif.
Sous l’escalier,
un intéressant cellier que je qualifierais d’un peu inhabituel, avec les
bouteilles qui sont conservées debout.
Et dans le
fond une seconde salle où la clientèle est ce soir placée, séparée par un mur
recouvert de tableaux, d’une ancienne horloge, avec un vieux flipper dans un
coin. C’est vraiment une très belle salle.
Tables avec
nappes blanches, lumières art-déco, murs un peu de couleur saumon avec quelques
faïences sur le bas, quelques gravures ci et là, sol hydraulique. Ambiance
feutrée et presqu’un peu guindée. C’est surement le service, impeccable
d’ailleurs qui donne le ton à la salle. Pas forcément justifié, on n’a un peu
l’impression de se trouver dans un établissement de haut standing.
Quelques
olives sont déposées sur notre table et un très volubile monsieur arrive et qui
de premier visu semble être le patron, s’empare d’une chaise, s’installe
quelques instants à notre table et commence à nous faire part de louanges de la
maison. Il nous propose de nous faire un « menu dégustation », ce qui
nous semble être une bonne idée mais ne nous communique par contre aucun prix.
Connaissant la plupart des grandes tables de Barcelone et les prix pratiqués
pour ce genre de menu, le fait que celle-ci ne soit pas du tout étoilée, on ne
s’attend pas a de trop grande surprise. Eh bien ce ne fût pas du tout le cas !
Soyez vigilants car cela a frisé l’arnaque. Clairement le patron prend les
clients pour des « pigeons » et a tout le talent nécessaire pour vous
rouler dans la farine. Certes les prix ne sont pas modérés à la carte, mais on
pourrait s’imaginer qu’avec une entrée, un plat principal et un dessert, cela
devrait rester assez correct tenant compte de la qualité des produits et du
service.
Ce qui se
passe c’est que finalement ce n’est pas un « menu dégustation » avec
des portions restreintes comme ça l’est dans la majorité des cas, mais le
patron qui a choisi sans impunité les plats les plus chers de la carte. Au vu
de ce qui est présenté, la taille minuscule des assiettes amenées, on ne peut
pas s’imaginer qu’il s’agit des mêmes portions qu’à la carte… Eh bien si…Il
suffit d’observer ce qui se sert en salle. Par exemple le toast à la truffe de
Teruel à 15 euros pièce. Rien à redire sur la qualité de cette truffe, de la
fine lamelle de tranche de Colonnata, bien qu’il existe de très bons lards
également en Espagne. Le tout sur un toast… Pour cette somme…cela frise un peu
le ridicule.
La salade
de tomate, anchois et ventrèche à 17 euros. Rien à redire au niveau de la
qualité des produits, mais cela reste une et unique tomate, deux morceaux de
thon, un filet d’huile d’olive et deux filets d’anchois sur un morceaux de
pain, le tout pour deux personnes.
Assiette
suivante qui franchement laisse pensif… Une excellente crevette rouge chacun
avec un peu de sel et huile d’olive. A environ 30 euros le kg au marché de la
Boqueria, vendre cela à 17 euros…la marge est indécente.
Je ne vais
pas communiquer tous les prix mais cela vous donne un peu l’état d’esprit de
cette maison. Les petits pois sont probablement les meilleurs de ma vie et de
toute première qualité ; sucrés, juteux, pas un poil farineux, un peu d’oignons
et de jambon poêlé.
Quelques
artichauts poêlés vraiment superbes. Juste émincés, pas trop de feuilles, que le
cœur.
En plat « poisson »
et toujours pour deux, six impeccables filets de rougets sur quelques légumes
sautés. Rien de surprenant, juste du superbe produit.
En plat « principal »,
un tartare « style du chef » qui doit probablement faire 100 grammes
au maximum. Parfaitement assaisonné mais il ne faut pas être affamé.
Les
desserts eux sont un peu tristes, mais le pâtissier fait un tour en salle très
fier de ses réalisations. Un morceau de
tarte aux pommes sans aucune originalité avec une gelée sur le dessus. Cela me
rappelle un peu les pâtisseries de boulangeries.
Un autre
gateau aux amandes un peu sec et oubliable.
Une
bouteille de Furvus 2014, Montsant de couleur cerise bigarreau et aux reflets
violacés. De robe moyenne, il est ample, puissant et savoureux, avec une forte
présence de fruits.
Certes l’endroit
est superbe, les produits sont magnifiques, la cuisine précise, le service est impeccable mais les prix sont
complètement farfelus et « l’approche » du patron très malhonnête.
Une centaine d’euros par personne sans avoir fait de folies, sans avoir trop
mangé non plus et avec un vin au prix très raisonnable, c’est se moquer du
monde, surtout à Barcelone. Pour ce prix de 200 euros pour un couple, l’offre
de tables étoilées est vaste, et l’on trouvera des cuisines bien plus sophistiquées,
créatives ou même classiques de haut niveau.
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