mardi 6 mars 2018

Bonanova, Barcelone


Probablement une des critiques les plus compliquée depuis bien longtemps, celle de cette table appelée « Bonanova » au nord du quartier de Sant Gervasi. Pas franchement central, accessible en voiture ou en métro, donc on ne vient pas ici par hasard. Dans une rue plutôt calme nous voici face à cette table assez réputée, un bâtiment moderniste du début du 20ème siècle. Ce qui m’attira a prime abord, c’est tout d’abord la décoration, ensuite le fait que le lieu soit réputé pour sa cuisine catalane préparée avec d’excellents produits par une famille en place depuis un certain nombre de générations.


Une première magnifique salle où le bar se trouve et qui vaut à elle seule la visite. Bouquets de fleurs, haut plafond, de très beaux meubles, cet endroit est surement l’un des plus beaux en ville.


Le comptoir avec son ancienne caisse enregistreuse est magnifique. Ce soir, la clientèle se trouvera non pas ici mais dans la salle du fond.


A côté, une ancienne armoire frigorifique, des jambons qui pendent, le bol d’excellentes olives vertes (d’Italie !) qui nous seront servies en apéritif.


Sous l’escalier, un intéressant cellier que je qualifierais d’un peu inhabituel, avec les bouteilles qui sont conservées debout.


Et dans le fond une seconde salle où la clientèle est ce soir placée, séparée par un mur recouvert de tableaux, d’une ancienne horloge, avec un vieux flipper dans un coin. C’est vraiment une très belle salle.




Tables avec nappes blanches, lumières art-déco, murs un peu de couleur saumon avec quelques faïences sur le bas, quelques gravures ci et là, sol hydraulique. Ambiance feutrée et presqu’un peu guindée. C’est surement le service, impeccable d’ailleurs qui donne le ton à la salle. Pas forcément justifié, on n’a un peu l’impression de se trouver dans un établissement de haut standing.






Quelques olives sont déposées sur notre table et un très volubile monsieur arrive et qui de premier visu semble être le patron, s’empare d’une chaise, s’installe quelques instants à notre table et commence à nous faire part de louanges de la maison. Il nous propose de nous faire un « menu dégustation », ce qui nous semble être une bonne idée mais ne nous communique par contre aucun prix. Connaissant la plupart des grandes tables de Barcelone et les prix pratiqués pour ce genre de menu, le fait que celle-ci ne soit pas du tout étoilée, on ne s’attend pas a de trop grande surprise. Eh bien ce ne fût pas du tout le cas ! Soyez vigilants car cela a frisé l’arnaque. Clairement le patron prend les clients pour des « pigeons » et a tout le talent nécessaire pour vous rouler dans la farine. Certes les prix ne sont pas modérés à la carte, mais on pourrait s’imaginer qu’avec une entrée, un plat principal et un dessert, cela devrait rester assez correct tenant compte de la qualité des produits et du service.


Ce qui se passe c’est que finalement ce n’est pas un « menu dégustation » avec des portions restreintes comme ça l’est dans la majorité des cas, mais le patron qui a choisi sans impunité les plats les plus chers de la carte. Au vu de ce qui est présenté, la taille minuscule des assiettes amenées, on ne peut pas s’imaginer qu’il s’agit des mêmes portions qu’à la carte… Eh bien si…Il suffit d’observer ce qui se sert en salle. Par exemple le toast à la truffe de Teruel à 15 euros pièce. Rien à redire sur la qualité de cette truffe, de la fine lamelle de tranche de Colonnata, bien qu’il existe de très bons lards également en Espagne. Le tout sur un toast… Pour cette somme…cela frise un peu le ridicule.


La salade de tomate, anchois et ventrèche à 17 euros. Rien à redire au niveau de la qualité des produits, mais cela reste une et unique tomate, deux morceaux de thon, un filet d’huile d’olive et deux filets d’anchois sur un morceaux de pain, le tout pour deux personnes.


Assiette suivante qui franchement laisse pensif… Une excellente crevette rouge chacun avec un peu de sel et huile d’olive. A environ 30 euros le kg au marché de la Boqueria, vendre cela à 17 euros…la marge est indécente.


Je ne vais pas communiquer tous les prix mais cela vous donne un peu l’état d’esprit de cette maison. Les petits pois sont probablement les meilleurs de ma vie et de toute première qualité ; sucrés, juteux, pas un poil farineux, un peu d’oignons et de jambon poêlé.


Quelques artichauts poêlés vraiment superbes. Juste émincés, pas trop de feuilles, que le cœur.


En plat « poisson » et toujours pour deux, six impeccables filets de rougets sur quelques légumes sautés. Rien de surprenant, juste du superbe produit.


En plat « principal », un tartare « style du chef » qui doit probablement faire 100 grammes au maximum. Parfaitement assaisonné mais il ne faut pas être affamé.           



Les desserts eux sont un peu tristes, mais le pâtissier fait un tour en salle très fier de ses réalisations. Un morceau de tarte aux pommes sans aucune originalité avec une gelée sur le dessus. Cela me rappelle un peu les pâtisseries de boulangeries.


Un autre gateau aux amandes un peu sec et oubliable.


Une bouteille de Furvus 2014, Montsant de couleur cerise bigarreau et aux reflets violacés. De robe moyenne, il est ample, puissant et savoureux, avec une forte présence de fruits.


Certes l’endroit est superbe, les produits sont magnifiques, la cuisine précise,  le service est impeccable mais les prix sont complètement farfelus et « l’approche » du patron très malhonnête. Une centaine d’euros par personne sans avoir fait de folies, sans avoir trop mangé non plus et avec un vin au prix très raisonnable, c’est se moquer du monde, surtout à Barcelone. Pour ce prix de 200 euros pour un couple, l’offre de tables étoilées est vaste, et l’on trouvera des cuisines bien plus sophistiquées, créatives ou même classiques de haut niveau.

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