Le Cap et
sa région est vraiment une étape gastronomique sans oublier la région des vins
a moins à environ une heure du centre. C’est au sud du Cap que se trouve cette
petite enclave viticole nommée Constantia qui est une des plus connues
d’Afrique du Sud et qui abrite certains des plus beaux vignobles du pays.
Simon van
der Stel gouverneur, haut fonctionnaire néerlandais de la Compagnie
néerlandaise des Indes orientales reçoit en 1685, 763 hectares de terre
derrière Table Mountain. C’est alors que la viticulture commence véritablement
dans la région du Cap-Occidental. Divisé
en 1712, Constantia compte aujourd’hui différents domaines qui produisent des
vins extrêmement connus et constituent l’une des plus belles routes des vins de
la région. Son architecture Cape Dutch en fait un quartier agréable à visiter
et ses domaines offrent de nombreux grands crus, ce qui en fait une route des
vins très connue.
C’est dans le
« The Cellars-Hohenort » qu’il m’ait été donner de manger l’un des
repas les plus remarquables de mon séjour, bien différent de «The Test Kitchen »
et de la « Colombe ». Fort peu comparables et impossible de faire un
quelconque classement car l’expérience de « The Greenhouse » fût
vraiment unique. Pour être clair, le nom de la table « The Greenhouse »
fait partie du somptueux domaine « The Cellars-Hohenort ». Arrivé à
destination vous serez sans aucun doute sous le charme de cet ensemble de
maisons Cape Dutch comme précédemment mentionné. Grandes allées, plusieurs
maisons et dans l’une d’entre elles le restaurant.
Parmi
toutes les tables faites au Cap, c’est probablement ici que le décor fût le
plus remarquable dans un style classique mais largement modernisé par certains
côtés. Une entrée comme dans une grande demeure avec l’accueil dans un petit
salon où se trouvent des sofas et une cheminée qui d’ailleurs fonctionne ce
soir-là. Décor à ce moment plutôt classique comme dans une demeure hollandaise.
Mais les
pièces suivantes sont plus actuelles et magnifiquement décorées de fleurs et de
tableaux. Une rampe d’escaliers pour peut-être aller en direction des
habitations.
Vous
déambulerez dans les couloirs avant d’arriver au restaurant lui-même. Il y a
une certaine sérénité dans ce lieu comme nulle-part ailleurs.
De
magnifiques salons très distingués et contemporains avec des tables où l’espace
est respecté. Pas de nappes et de superflu mais de la réelle élégance. Au
milieu de la pièce principale une table pour de nombreux convives. Le jeu de
lumière est subtil, les décorations murales vraiment bien étudiées car si l’on
observe bien, tous les revêtements des murs sont différents. A noter que le
lieu semble avoir été rénové récemment car beaucoup de sites affichent des
photos beaucoup plus classiques de l’établissement.
Si vous
avez la chance, vous serez peut-être placés dans la très belle véranda.
La
particularité de « The Greenhouse » c’est de proposer un menu-dégustation
où les ingrédients locaux et les influences africaines sont omniprésentes, une
expérience culinaire prometteuse et inspirée. Ingrédients et aliments de l’océan,
du jardin, des champs, tout est pensé pour associer le tout dans un voyage
culinaire vraiment différent. Ce qui est baptisé ici « cuisine Sud-Africaine
progressive » !
Un chef aux
fourneaux, Peter Tempelhoff qui peut probablement se vanter d’être l’un des
cuisiniers les plus innovateur du pays.
Le
menu-dégustation tarifé à 1100 ZAR est appelé « Chasseur africain ».
Une série de bouchées et petites assiettes qui feront notre joie pendant
plusieurs heures. Tout commence par la venue d’un magnifique support sur lequel
se trouve une série d’amuse-bouche présentés sur un lit marin composé d’algues.
La présentation est soignée, le tout donne l’impression de se trouver au bord
de l’eau.
On y
trouvera une sorte d’accras à base de plantes de mer et de poisson fumé appelé « snoek »
et qui est un poisson Sud-Africain similaire au barracuda. Le tout est léger et
croustillant, subtilement parfumé.
Sur une
tige ressemblant à une algue, un morceau de poison « hamachi »,
poisson japonais avec une chair tendre, légèrement douce, de très bon goût et
de structure solide avec des fibres larges. La couleur de la chair est blanche
au rose. Le morceau est déposé sur une chips de sago qui est une fécule
alimentaire extraite du sagoutier, sorte de palmier. Sur le poisson une pointe
d’achar de mangue, assaisonnement que l’on trouve en Inde souvent à base de
fruits et de vinaigre. Et pour terminer du curcuma frais. Très belle
association de saveurs et jeu de textures.
Et comme
troisième bouchées un abalone de Hermanus, flan aux œufs et sésame. L’abalone
qui est un mollusque qui provient d’un port et une station balnéaire d'Afrique
du Sud située dans la province du Cap-Occidental sur la côte sud. On le
trouvera associé à ce type de flan d’œufs assez typique de la cuisine
japonaise, présenté en cube avec quelques graines de sésame. C’est d’une grande
fraicheur et encore ici les textures sont très étudiées afin d’avoir une
expérience gustative maximale avec le coquillage.
Lors de la
présentation de ce plateau de produits de mer, une cloche nous sera amenée sous
laquelle deux boules de pain nous seront présentées et qui lèveront dans les
heures qui suivent. Celles-ci seront ramenées afin d’être cuites en fin de
repas.
Notre
sommelière fut absolument parfaite et lors du choix des vins, elle nous signale
que le blanc manque un peu de fraicheur mais nous propose en attendant deux
coupes offertes de méthode du Cap qui assurément fût le meilleur vin à bulles
que nous ayons bu lors de ce voyage, un rosé brut de la maison Silverthorn.
Nous
poursuivrons avec une nouvelle série de bouchées mais celles-ci non pas marines
mais terrienne qui raconte l’histoire de « l’oiseau boucher » et dont
la série s’appelle un « garde-manger macabre ». Cet oiseau
Sud-Africain que l’on trouve aussi dans le Sahara à l’habitude d’empaler ses
proies sur les épines des acacias afin de consommer plus tard sa nourriture
comme un garde-manger. On nous amènera donc une série de snacks les uns plus
beaux que les autres. Certains sur un arbre, d’autres sur un tronc.
Un « king
kone » comme une glace dans un cornet mais au ris de veau, sherry et sur
lequel se trouve des copeaux de chocolat. Ludique et rappelant assez les
bouchées des frères Roca comme d’ailleurs la plupart des autres bouchées.
De l’autruche
séchée sous forme de biltong qui est présentée dans un nid. Il s’agit de viande
séchée traditionnelle du pays. Ici encore moelleuse et accompagnée de petites
touches de sauce.
Comme il s’agit
d’un concept autour de cet oiseau, nous voici amené un arbre sur lequel se
trouve d’autres bouchées avec tout d’abord un délicieux taco suivi d’un oiseau
dont la cuisse a été rôtie en entourée de pistaches broyées.
Nous poursuivrons
avec un Muffin mielie qui est typique d’Afrique du Sud, ici un mélange de
farine, d’œufs, et de maïs ou de popcorn. Délicieux petits pains que l’on
accompagne d’un beurre de popcorn avec sur le dessus un gel de poudre de noix
de coco.
Deux autres
pains seront eux aussi après cuisson déposés sur notre table, des brioches aux
bacon. Ceux-ci également accompagné d’une crème de banane.
Un des
plats les plus surprenant et fabuleux de 2016 sera ce thé de langoustines, ris
de veau, gel de champignons, cèleri, miso, pois. Une approche où l’on vient finaliser le plat
à table.
Tout d’abord
le bouillon de carcasses de langoustines sera présenté sur un réchaud à table.
L’assiette
est ensuite déposée qui présentera la langoustine, l’association des légumes avec
le ris comme un mille-feuille et le gel sur le côté.
Le bouillon
sera ensuite finalisé avec un cube réalisé avec le miso pour compléter ce
dernier en saveurs.
L’assiette
sera ensuite complétée avec le bouillon. Une prodigieuse association de
diverses saveurs, des cuissons parfaites, un visuel d’une rare élégance, un
très grand plat.
Pour suivre
du springbok qui est une sorte d’antilope dans une sauce à base de tamarin et
des « passion berry » d’Ethiopie, baies proches des fraises. La
viande est d’une grande finesse, juste snackée comme un tataki, accompagnées de
beignets de shiitake. C’est d’une grande finesse et très léger.
Ensuite du bœuf
nourris à l’herbe des prés et « toutes ces choses umami ». La viande
est exquise, fond dans la bouche, accompagnée d’un léger fond de sauce et d’un
risotto de pois, de quelques légumes rôtis.
Les deux
pains auront eu le temps de lever, d’être cuits puis présentés afin d’accompagner
le fromage.
Pour nous
faire plaisir nous nous verrons offert un verre d’Eselshoek de 2010, vin doux
de Oosprong Swartland qui sera absolument mémorable.
Ces
fromages ou plutôt ce fromage ici appelé Huguenot puisque d’origine française
sera présenté d’une exceptionnelle manière avec énormément de travail puis que
sous forme de composition soufflée accompagné des raisins et d’un jus doux.
Un petit
tour dans les cuisines avant de recevoir nos desserts.
Le guide
des miels qui est une composition autour du miel comme on peut se l’imaginer
avec une multitude de textures, qui sera arrosé d’un sirop.
Avec les
cafés un choix de doughnuts que l’on accompagnera d’une compote de fruits frais
tels qu’abricots ou cerises et d’une crème de lait acidulée. C’est d’un équilibre
parfait en bouche.
Puis une
série de mignardises intitulées « Vie et mort des arbres » avec des cannelés,
truffes et pâtes de fruits présentés sur des supports naturels.
Le choix
des vins fut magnifique avec les précieux conseils de la sommelière. Une
bouteille de chardonnay Lismore de 2014, vin de Greyton. Un chardonnay
travaillé comme un Chablis avec des arômes de vanille, de fruit et de miel.
Suivi d’un
Pinotage 2014 Marianne de 2005. Un vin exceptionnel, très rond en bouche avec
des tannins très équilibrés.
Fabuleuse
expérience que celle de « The Greenhouse » qui s’ajoute aux tables
précitées. Probablement moins plébiscitées que les autres mais du grand art et
à ne surtout pas manquer car ce repas fût vraiment très différent, peut-être
plus original ou alors local, mais surtout exceptionnel. Un hymne à l’Afrique
du Sud dans un sublime endroit qui se doit d’être visité.
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