C’est dans le
quartier de Sant Antoni que se trouve ce presque nouvel établissement appelé « Final
Feliç » qui signifie quelque chose comme « fin heureuse ». Pas une
table complètement inconnue car il s’agit du second établissement du
propriétaire de « Casa Xica » qui nous avait laissé une impression
plus que mitigée. Une cuisine à cheval entre la Catalogne et l’Asie qui selon
certains est plus accomplie chez « Final Feliç ». Une opportunité de
découvrir à nouveau ce concept d’associations de saveurs qui souvent peuvent presque
un peu dérailler.
Le lieu est
plutôt ici différent car nous nous trouvons plus dans une structure de
restaurant traditionnelle et il faut l’admettre sans le charme d’un « Casa
Xica » même si l’effort est fait pour donner une touche asiatique à l’ensemble.
Un immeuble avec une entrée sur une salle ou plutôt un bar à la japonaise avec
au fond quelques tables.
Tables en
bois, lampions, gravures, éventails à l’entrée, puis le bar qui ce soir n’est
pas fréquenté et ma réservation qui est, ce que je préfère, a une table. On
peut se demander pourquoi ce coin est un peu plus conventionnel dans sa
décoration mais la cela reste une question de goût.
Avant de
commander, quelques délicieuses olives « yeye » que j’apprécie
particulièrement pour leur côté croquant et peu salé.
C’est le
directeur de salle qui vient à notre table et nous explique ce que contient la
carte, s’étonne de notre expérience mitigée dans l’autre établissement et ne
peut qu’expliquer cela par un simple manque de chance. Les cuisines, concepts
et cartes étant un peu similaires, on observera que les plats sont différents
et je peux d’entrée affirmer que l’expérience fût complètement différente et
nous avons eu beaucoup de plaisir pendant ce repas. Comme un peu partout
ailleurs, il est recommandé de commander plusieurs plats et de les partager.
La carte a prime
abord propose une série de plats qui laissent pensifs car rien de ce que vous
mangerez ne ressemblera à l’idée que l’on peut se faire en ne faisant que lire
l’énoncé. Enoncé qui parfois peut vraiment surprendre avec par exemple ce sashimi
de coquilles Saint-Jacques au curry vert. Une association un peu étrange entre une
découpe de poisson à la japonaise et une pâte pimentée thaïlandaise. Mais la
surprise est réelle et bien loin de ce que l’on peut s’imaginer. Tout d’abord
il s’agit plutôt d’une découpe de poisson proche d’un ceviche, la sauce n’est
pas l’utilisation simple d’une pâte industrielle mais un mélange réalisé en
cuisine, parfaitement équilibré, sans aucune force pimentée. Sans connaitre l’énoncé
de ce plat on est surpris par tant de justesse au niveau des saveurs. Certaines
des Saint-Jacques crues sont recouvertes de ce curry, d’autres d’un peu de lait
de coco, quelques zestes de citron sur le dessus.
Autre très
belle découverte avec le Salmorejo au chipotle avec de la ricotta fumée. On
rappellera que le Salmorejo est une sorte de gaspacho originaire de Cordoue, un
peu plus épais un peu comme une mayonnaise. Cette soupe est traditionnellement
consommée avec des brisures d'œufs durs et quelques morceaux de jambon,
mais ici on y ajouté ce piment fumé d’origine mexicaine et le fromage fumé qui
rappelle la texture de l’œuf.
Je resterai
en vraie admiration devant ces maquereaux marinés, tomates soja, poireaux
grillés et tofu. Le poisson cru est un peu fumé, les tomates ont mariné dans la
sauce soja, le poireau a été réduite en mousse et le tofu transformé en quelque
chose d’un peu caramélisé. Le tout se marie parfaitement et à nouveau on ne
pense pas immédiatement à quelque chose d’asiatique. Cela a beaucoup de tenue
en bouche, une vraie assiette originale.
Même si
cela semble classique et local, quelle excellente idée que de proposer un riz au
poulpe fumé. Le riz est cuit parfaitement, la sauce de fond bien parfumée et
légèrement fumée comme le poulpe d’ailleurs. Sur le dessus un peu d’aïoli comme
dans les riz catalans traditionnels.
Autre plat
à la base un peu étrange, le porc ibérique au kimchi buta avec des frites. Le
mot « frites » peut rebuter, mais c’est joliment amené. La viande est
fondante, la touche japonaise bienvenue avec version allégée de l’originel kimchi
coréen appelé « Jaeyook Bokkeum ». Un peu d’acidité qui contrebalance
bien avec la viande, quelques pommes de terre rôties en accompagnement.
Un seul
dessert dont j’aurai oublié l’intitulé mais proche d’une crème catalane mais
passée au siphon et absolument léger et gouteux.
Ici ce ne
sont que des vins naturels ou bio et devant mon incertitude, le responsable de
salle qui en même temps est le directeur des deux établissements, n’hésite pas à
me sortir quatre bouteilles de vins et de m’en décrire les
caractéristiques.
Le choix se
fait sur un merveilleux vin plutôt très original, le Tallarol 2016 de Alta Alella,
un vin assez particulier, nature et sans sulfites. Sa particularité étant que
les vignes ont vue sur la mer, amenant une touche assez iodée et minérale.
Voici un
lieu bien original avec une cuisine inventive qui peut-être est desservie par l’intitulé
des plats qui pourraient donner une mauvaise idée de ce que les assiettes sont.
Tut fût juste dans les accords, une étonnante précision dans les assaisonnements,
des assiettes bien dressées et un choix de vins exemplaire et surprenant. Une
très belle adresse pour celles et ceux qui veulent être agréablement surpris.
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