Ce n’est
pas un coin de Barcelone où j’ai fréquemment l’habitude de me rendre pour
manger mais me trouvant ce soir-là dans le coin, pourquoi ne pas essayer d’aller
chez « Elsa Y Fred » ? Un gastrobar non loin de l’Arc de
Triomphe et au nord du Born qui propose des petits plats inspirés par l’Espagne
mais aussi le pourtour méditerranéen. Ouvert toute la journée, vous y pourrez
consommer du petit déjeuner au dîner. Même des brunchs le dimanche pour les
amateurs. Immédiatement on constatera que le lieu a mis beaucoup d’effort pour
sa décoration et cela commence même à l’extérieure avec des plantes vertes qui
amènent un petit côté exotique à l’endroit, les stores et structures
métalliques des portes-fenêtres noires. La calligraphie du nom de l’établissement
est d’un style art-déco ce qui laisse présager un décor intérieur style année
20 mais on sera plutôt dans les années 50.
A noter que
« Elsa Y Fred » ne sont pas les noms des patrons mais celui d’un
drame et film d’amour du réalisateur argentin Marcos Carnevale datant de 2005.
Les propriétaires, Camila et Sofía Matarazzo étant d’origine argentine.
Et
effectivement l’intérieur tient ses promesses. Des fenêtres ouvertes sur l’extérieur,
une ambiance très animée, une décoration très conviviale un peu comme si l’on
se trouvait chez des particuliers. Ce qui est particulier c’est la variété de
types de tables. Certaines conventionnelles, d’autres communautaires et même
deux avec des fauteuils face à une cheminée. Sur les murs, de grandes horloges,
d’anciennes photographies, diverses lumières plutôt tamisées avec ce
particulier lustre de boules lumineuses.
Certes l’endroit
est branché et est plutôt fréquenté par une clientèle bobo mais il y a beaucoup
de réussite dans ce concept qui nous fait un peu voyager entre probablement Paris
et New-York. Certains mangent même au bar qui juxtapose la cuisine vitrée.
Comptoir lui aussi agréablement agencé et sur lequel nous trouverons une belle
gerbe de fleurs, ce qui est assez rare à Barcelone.
Comme dans
la plupart des endroits, on se partage de préférence les assiettes quoi que l’on
y trouve deux types de cuisines un peu distinctes. Des sandwichs, certains
réalisés avec du pain de coca, des burgers plutôt travaillés et une série de
tapas selon moi bien plus intéressants, certains modernes et parfois avec des
influences méditerranéennes ou catalanes. Tout semble être très frais et
réalisé avec des produits de saison.
Autre
observation, le service est exclusivement féminin, habillé de noir, souriant,
très agréable et même drôle, ce qui ne gâche pas au plaisir.
Leur salmorejo
avec des œufs durs et du jambon ibérique est parfaitement cuisiné, avec une
bonne texture. Certes classique mais pas toujours aussi bon qu’ici. J’apprécierai
le complément de tranches d’aubergines frites et légères.
Très étonné
par autant de justesse avec ce carpaccio de betterave jaune avec sa burrata
fumée, un peu d’orange et de mizuna. On trouvera aussi de jeunes pousses de
betteraves ainsi que de la betterave chioggia croquante.
Ici les
patatas bravas sont plutôt très bonnes car la pomme de terre est de qualité,
coupée en quartier au lieu de morceau, l’aïoli de qualité et la sauce pimentée
bien dosée et séparée, ce que je préfère.
Très surprenante
assiette que le maquereau rôti à la sauce ponzu, émulsion de jalapeno, d’avocat
et d’oignon créole. Certes les saveurs sont très puissantes, le poisson plus
sur le côté grillé au chalumeau mais encore cru, la sauce assez salée. Cela
peut plaire ou non, j’ai apprécié l’idée d’associer ces saveurs puissantes.
Plus classique
mais très bon et très frais calamars grillés accompagnés de minilégumes et
vinaigrette au yuzu.
Le filet de
porc Duroc à l’orange, sauce teriyaki et piments Pedron est excellent, tendre,
la sauce pas trop puissante. Le tout accompagné de quelques jeunes pousses.
En dessert une
pavlova de fruits rouges, glace betterave et tuile de chocolat blanc. L'extérieur d’une pavlova doit être croustillant et son intérieur
moelleux, ce qui est le cas. Elle est traditionnellement décorée de crème
fouettée et de fruits sucrés et/ou acides : fraise et kiwi, maracuja et banane,
ou fruits rouges et lamelles de pêches. Ici avec ce délicieux et original
sorbet. Ce dessert fut inventé dans les années vingt en l’honneur de la
danseuse étoile russe Anna Pavlova.
Une bouteille
de vin blanc Castillo Monjardin 2015, un chardonnay de Navarre aux pieds des
Pyrénées, un vin mûr et équilibré.
Un repas
vraiment très apprécié dans un cadre soigné, assez différent de la plupart des
endroits. Une cuisine qui oscille entre la classique, le contemporain et l’ajout
d’ingrédients asiatiques à la mode. On appréciera aussi l’ambiance et le côté
très convivial de l’établissement.
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