En voici
une superbe adresse que celle de « El Sortidor de la Filomena Pagès »
ou souvent plutôt appelé tout simplement « El Sortidor ». En plein
Poble Sec, sur justement la place del Sortidor, une adresse pleine de charme
comme on souhaiterait découvrir plus souvent. Alors pourquoi ce nom rallongé et
sa version courte ? Eh bien en parcourant leur carte, vous comprendrez à
travers d’un récit que pendant la guerre civile, cette Filomena fût un
personnage des plus respecté du Poble Sec, car son mari Quimet docker au port
lui fournissait de manière cachée les rares provisions qu’il pouvait obtenir.
Filomena personnage au grand cœur accueillait les enfants démunis et les nourrissait
également avec celles-ci. Mais elle également cachait des fournitures pour les
personnes qui se trouvaient dans maquis.
Sur une
belle place du quartier avec des arbres, vous ne pourrez manquer cet
établissement vraiment emblématique qui date de 1908 avec ses structures
modernistes. Le Modernisme étant propre à l'Espagne et plus spécialement à la
Catalogne, un mouvement lancé par des artistes, écrivains et intellectuels
catalans qui avait donc pour but de donner une nouvelle image à la culture
catalane et ainsi faire que la société puisse égaler ses voisines européennes. Les
plus célèbres personnages étant Antoni Gaudí mais aussi Lluís Domènech i
Monater et Josep Puig i Cadafalch. Des portiques absolument magnifiques avec
leurs vitraux avant d’entrer dans une salle au décor vraiment unique.
Une salle
avec un haut plafond comme s’il y avait deux étages puisque l’on voit quelques
fenêtres intérieures à un second niveau, des couleurs assez douces comme du
rose et du vert pâle, un superbe comptoir de faïences blanches, jaunes, noirs
et vertes pâles. Et au-dessus un grand miroir fleuris, les fameux syphons que l’on
voit souvent sur des étagères, un ancien frigo intégré dans cette faïence vert
pâle qui au début du siècle fournissait la glace aux familles du quartier et
toujours en fonction.
Des tables
de marbre, chaises de bistrots, parquet et luminaires anciens, ce lieu ouvert
sur la place est vraiment magnifique, l’ambiance très chaleureuse et la
fréquentation quasi locale.
C’est en
2015 que les nouveaux propriétaires, Lídia Aymar (petite fille de Filomena),
Marc Fité et David Sanmartin tombent sous le charme de cet endroit, souhaitent
garder la splendeur d’autre fois et le transforme en étape gourmande de la
ville. Alors que l’on s’attendrait à une carte plutôt banale avec des
classiques, eh bien pas du tout ! Certes une cuisine catalane mais tout de
même recherchée avec des assiettes pas très fréquentes et surtout des
ingrédients parfois inattendus. Rien de fusion, des recettes étudiées et
vraiment intéressantes, des produits de marché, des associations d’ingrédients
vraiment alléchantes. Le chef est donc ce David Sanmartin mentionné plus haut qui
eut travaillé chez Ramón Freixa à Madrid.
Un très
beau choix de plats qui commence avec une aubergine farcie avec bœuf, porc,
boudin noir, recouverte de miel et un croustillant de parmesan, Plat chaud, la
farce est très gouteuse et fine, cette association de miel est un judicieuse
sachant que l’on mange souvent des beignets d’aubergines au miel, la tuile apporte
de la texture à cette assiette.
Dans un
petit bocal, la très fraiche salade de morue avec des haricots blancs de Santa
Pau, crudités et une sauce aux olives noires. Présenté en strates, on
appréciera ces haricots catalans associé au poisson vraiment bien dessalé. Un
joli mesclun et un plaisir assuré.
Toujours
beaucoup de plaisir avec les tomates de saison aux figues, fromage frais « mato »,
compote de tomates, huile d’agrumes et basilic pourpre. Pelées, avec ce fromage
local dans un style ricotta ou brousse mais tout de même bien spécifique,
souvent utilisé en dessert. On appréciera la figue pour une touche de douceur.
Ici le pain
« de verre » avec tomate et aïoli n’est pas comme ailleurs. Car on se
le prépare soi-même un peu comme à la maison. Une planche avec l’excellent pain
toasté, des gousses d’ail, des tomates mures et un pot d’aïoli.
Une
assiette toujours aussi légère et créative avec le thon mariné dans un thé de fruits
rouges, amandes, oranges, pousses de betteraves et alfalfa. Un poisson non pas
traité comme un ceviche mais d’une manière plus méditerranéenne avec des
ingrédients adaptés.
Autre
assiette chaude avec du porc ibérique déposé sur des brisures de pain et du
fenouil assaisonné sur le dessus. Surprenant, inattendu et très gouteux.
Pour
terminer un dessert classique le « Mel y mato » mais ici sublimé avec
donc du miel, des poires au sirop et des amandes. Définitivement le meilleur
mangé jusqu’à maintenant.
Un vin
plutôt jeune et facile à boire avec un Sacrima de Ribeira Sacra, de la Bodegas
Regina Viarum.
Une adresse
pleine de charme, une ambiance vraiment très authentique et chargée d’histoire,
une cuisine de marché presque allégée et fidèle à ce que pourrait manger des
familles du quartier. Beaucoup de passion dans chaque met, des associations
pleines d’idées et de fraicheur. Un très bel endroit pour passer une soirée
entre amis et diner dans un lieu qui n’aurait pas été altéré par le temps.
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