C’est à nouveau dans le Poble Sec que ce soir je me dirige afin de
découvrir une nouvelle table qui semble être plutôt prometteuse. Le Poble Sec
est un quartier en pleine révolution et vous ne manquerez pas d’y prendre en
verre avant d’aller dîner. Un peu dans une rue sans trop de passage et
résidentielle, « Casa Xica » se trouve au coin d’une rue et semble n’être
qu’un café ou bar de quartier. La réputation récente de l’endroit s’est faite
pour deux raisons principales ; une cuisine un peu teintée fusion
orientale et un choix de vins naturels, phénomène assez à la mode à Barcelone
en tout cas.
L’intérieur de la salle à manger est vraiment très sympathique, presque
romantique et ne donne pas tout à fait l’impression de se trouver dans un lieu
espagnol mais peut-être plutôt un ancien bistrot de Hong-Kong des années 30 ou
encore éventuellement un lieu au Vietnam. Un certain charme colonial avec ces
volets rouges intérieurs qui donnent en fait l’impression de se trouver à l’extérieur ;
cette lumière tamisée et ces lampes au plafond asiatiques. Une décoration très
réussie car nous ne sommes ni en Asie et ni à Barcelone. Public plutôt assez
jeune et ambiance un peu bruyante. On ne débarque pas ici par hasard au vu de
la petitesse de l’endroit, donc réservation par téléphone indispensable.
La carte est donc dans l’ère du temps. Un certain nombre d’assiettes
que l’on se partage avec beaucoup d’influences asiatique mais tout de même avec
des produits ibériques. Utilisation incontournable de kimchi, yuzu, miso et
autres daikon. En attendant de faire
notre choix, quelques olives nous sont amenées et plutôt très bonnes. Première
observation, la prise de commande est longue et visiblement le service est
dépassé par les événements. Bien que la jeune fille soit sympathique, cela ne
suit pas vraiment en salle.
Comme dans beaucoup d’endroits aujourd’hui, on retrouvera l’huitre
préparée avec des condiments asiatique comme ici celle du delta de l’Ebre au
gingembre. Région connue pour la qualité des moules et donc aussi des huîtres.
Eaux peu profondes, bonnes températures ; même un ostréiculteur assez connu dans le bassin de Thau en France y produit des huîtres ! Très
bonne huître donc légèrement enrichie de ce rhizome.
Un petit clin d’œil vers le Mexique avec ces tacos kai satay aux
influences finalement plutôt asiatiques. Le tacos devient de plus en plus
incontournable et ici il a une saveur presqu’un peu thaïlandaises. Les kai satay sont d’ailleurs des petites brochettes d’origine thaïlandaises. Elles sont marinées au
lait de coco et épices et sont souvent servies avec comme ici une sauce aux cacahuètes.
On y trouvera aussi un peu de salade, des dés de tomate, de la peau de poulet
frite et un peu de mayonnaise. Cela sera probablement les bouchées les plus
gourmandes de la soirée sans être non plus exceptionnelles.
Une réelle
déception avec les raviolis ou dumplings de Saint-Jacques avec une sauce épicée
au yuzu. Si vous connaissez bien la cuisine chinoise et spécifiquement les dim
sum, vous comprendrez que la pâte est trop épaisse, qu’elle est caoutchouteuse,
que la farce est fade, que le coquillage a été un peu massacré car haché. Cela
pourrait être à peu près n’importe quoi à l’intérieur. La sauce ne sauve pas
vraiment le tout.
Pas non
plus très convaincu par ce plat qui se veut être une association de pâte style thaï
et de poisson cru. Des nouilles de soja vertes, tobiko, curry et loup de mer. Plutôt
des vermicelles dans une sauce type lait de coco et curry vert. Sur le dessus
ces œufs de poissons volants japonais et des tronçons de poissons un peu trop
salé. Cela ne s’harmonise pas très bien et ressemble plutôt à une soupe avec
des pâtes dedans. Je ne sais pas si l’on essaie d’être influencé par les ramen
mais ce n’est pas concluant.
Un peu plus
de plaisir avec la presa ibérique de chez Josélito avec une sauce à l’huître et
mangues. Bon c’est tout de même un peu puissant en goût car le dosage de la
sauce chinoise est assez important mais c’est adouci par le fruit.
Ensuite un magret
de canard fumé avec une sauce kabayaki qui est un mélange de parures d’anguilles,
de saké, de sucre et de sauce soja. C’est un peu bâclé car la sauce prend trop
le dessus écrasant le goût de la viande.
Un dessert à base de crème citron et de cake au thé matcha. Pas de
souvenir particulier.
Très intéressante "carte des vins" (je n'en ai pas vu) avec une belle recommandation en blanc
avec un étonnant Aloers 2015, Celler Credo, cépage Xarello. Vin du Penedes très
frais et vif en bouche.
Suivi d’un Coll del Sabater 2010 élevé en fut de chêne, avec une robe
cerise, joliment structuré avec des notes minérales.
Le lieu et le décor sauve un peu le tout…Je ne sais pas si ce soir-là
il y a eu un coup de chaud en cuisine mais tout était très approximatif et assez
décevant. On n’improvise pas une cuisine fusion en balançant des ingrédients
asiatiques sans un propre dosage. Top salé, pas équilibré, en fait assez
quelconque. Une cuisine à vraiment
revoir.
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