Entre le sud du El Raval et Poble Sec, non loin de la Diagonal, une
table dans la mouvance des nouveaux établissements de ces quartiers. Une rue où
se trouve quelques restaurants et bars avec l’enseigne lumineuse bien visible
de « Agust ». Etablissement qui s’autonome « gastrobar »,
terme plutôt plus fréquent en France et moins en Espagne. Mais tout s’explique
par le fait que les propriétaires sont tout simplement deux français venus s’établir
à Barcelone. Voilà peut-être environ une année que ce lieu a été ouvert, non
loin donc du marché Sant Antoni qui risque de draguer un certain nombre de
nouveaux établissements dans le coin. On rappelle qu’il s’agit d’un très beau
marché en phase de rénovation et qui devrait théoriquement ré-ouvrir au mois d’octobre.
L’intérieur a été très bien rénové et respecte la structure initiale.
Beaucoup de bâtiments ont de très hauts plafonds et les commerçants profitent
donc de créer un second niveau dans une seule et même pièce. C’est le cas donc
de « Agust » avec une mezzanine sur laquelle il est aussi possible de
manger. En bas, un très agréable bar entre les murs de briques qui ont été
conservés. L’éclairage est moderne, dans le style du temps avec ces lampes où l’on
voit principalement les ampoules.
Une série de table en bois et chaises métalliques le long du mur, principalement
pour les couples et de plus grandes tables donc au premier. Je dois dire que c’est
vraiment un très bel endroit et que le tout a beaucoup de charme.
Au premier donc quelques tables sur cette mezzanine avec une lumière un
peu plus forte. Accueil charmant d’un serveur français et nous voici tendus la
carte. Une cuisine un peu fusion comme c’est de plus en plus le cas ici à
Barcelone avec des influences japonaises, mexicaines, péruviennes, françaises
et italiennes.
J’apprécie déjà cette série d’huitres travaillées sur la carte.
Approche probablement initiée à l’époque de « El Bulli », que l’on
retrouve dans beaucoup de belles tables espagnoles et moins fréquemment en France.
Une sélection avec diverses préparations
et je retiens la « The Tokyota », servie avec une sauce ponzu et des œufs
de saumon. Très beau visuel avec cette huitre du delta de l’Ebre déposée sur un
lit de sel. Quelques œufs sur le dessus et ce délicat assaisonnement aux
agrumes japonais.
Une page avec des entrées plutôt originales avec pour moi les filets de
sardines et leur sauce au yaourt, betterave et « ajo blanco » de
pistache. Sardines fumées en tronçons, chips de betterave, quelques touches de
crème-yaourt et dans le fond cette interprétation de cette soupe andalouse
normalement aux amandes et ail, ici à la pistache. Quelques tranches de
framboises sur le dessus.
Un « causa limeña » avec un tartare de thon et avocat au
style nikkei. Un met d’origine péruvienne que l’on l’appelle généralement « causa
rellena » « Rellena »
signifie « farci » Et causa ? L’histoire nous dit que ce mets est né
pendant la Guerre du Pacifique, en 1879, où le Chili a lutté contre le Pérou et
la Bolivie. L’armée péruvienne avait tellement de mal à obtenir de la
nourriture que les femmes collectaient des pommes de terre et d’autres aliments
dans toutes les villes. Ainsi, elles ont créé ce repas qu’elles offraient aux
soldats « pour la cause » (de défendre leur territoire). Voilà
pourquoi « causa » ! Ici avec du thon, de l’avocat tous deux
travaillés en tartare ou purée. On mélange ensuite le tout avec les boules de
purée de pomme de terre, ce qui rend le tout très goûteux.
Une section
poisson mais nos préférerons celle des viandes avec le « Dry aged beef »,
intitulé plutôt américain et qui signifie « viande rassie ». Ici une entrecôte de bœuf des Asturies maturée
21 jours, fumée au sarment de vigne, sa sauce « café de Paris » et
son crémeux de pommes de terre à la truffe. Une approche française de traiter
cette excellente viande du nord du Pays dont la réputation n’est plus à faire.
Déposée sur une grille avec la saveur du cèpe.
La sauce
sur le côté.
L’excellent
écrasé de pommes de terre dans un cassoton.
Pour moi un
tamal porto-ricain de « pluma iberica » accompagné de yucca, banane
plantain et ail noir. Le tamal est une papillote dans laquelle a cuit des
ingrédients, ici la pluma. Magnifique cuisson longue à basse température pour l’un
des meilleurs morceaux de porc espagnol. Je m’imaginais l’accompagnement plutôt
comme « des morceaux de fruits » mais je découvre avec joie qu’il s’agit
d’une jolie crème qui accompagne la viande fondante. Les chips de manioc ou
yucca sur le côté.
La carte
des desserts est elle aussi très étoffée avec diverses suggestions. Le « hit »
ici étant le « the Cactus », avec son incroyable forme de cactus qui
pourrait laisser penser à un objet de décoration en plastique… Mais il s’agit d’un
sorbet de figues de barbarie, mousse de citron et crumble de chocolat. Ce
dernier étant utilisé pour ressembler a de la terre. Un dessert ludique qui a dû
demander passablement de travail et qui a également une saveur particulière, si
je me rappelle bien également de la tequila et un cœur avec la figue.
Avec ce
repas une bouteille de Trossos Vells, Montsant, 2013, Alfredo Arribas, vieilles
vignes de Masroig, cépage carignan. Vieilli pendant 12 mois en fûts de chêne français, un vin
austère mais élégant, qui séduit précisément pour cette sobriété raffinée.
Un très sympathique
endroit avec de joyeuses assiettes influencées par la diversité culturelle et
influences de la région mais aussi d’autres pays. Un choix large d’assiettes
modernes très bien cuisinées dans un endroit vraiment très plaisant.
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