Cette fois,
je ne décrirai ni l’endroit et ni le décor de ce charmant bistrot que vous
pourrez trouver dans de précédents billets mais démarrerai par un homme, celui
qui rend cet endroit aussi exceptionnel ; Stéphane Raynaud. Quelques
visites où l’on apprend à découvrir la passion qu’il a pour rendre son
établissement bien différent de la plupart des bistrots genevois et même d’ailleurs.
Déjà pour commencer, sa gentillesse. On arrive au « Bistrot Laz’ Nillo »
non pas comme un client mais plutôt comme un ami. Franche poignée de main,
sourire, petite plaisanterie, vous ne pourrez que vous sentir immédiatement à l’aise.
La cuisine ? eh bien même si l’on qualifier celle de « cuisine de
saison ou de marché », il y a quelque chose de très différent et d’un peu
inexplicable… Peut-être le fait que certains plats me rappellent une certaine
cuisine du passé ? Ou alors une utilisation toujours très juste des
produits avec des associations pertinentes mais sans jamais tomber dans quelque
chose de farfelu ? Ou peut-être le fait qu’ici on mette en valeur chaque
produit sans le dénaturer, ce qui n’est franchement pas de toute évidence,
croyez-moi ! Ne pas non plus négliger le fait que chaque produit provient
de fournisseurs choisis et certains de ses produits sont souvent des références
dans la haute gastronomie comme par exemple les asperges de Roques-Hautes en
saison ou la truffe. Et sans oublier sa carte des vins du moment qui est d’une
grande intelligence car ne vous emmène pas dans des territoires ou appellations
connues mais vers de très belles découvertes. Tout ceci me laisse penser que le
travail de Stéphane est énorme pour maintenir une telle prestation.
Beaucoup d’hésitation
ce soir avec la superbe carte et c’est parti pour un menu dégustation avec une sélection
de vins adaptée. Comme je le disais précédemment, il y a toujours de très
belles découvertes œnologiques avec Stéphane avec comme exemple en apéritif un
vin valaisan appelé Domaine de Chèrouche de chez Andrea Grossman et Marc Balzan.
Un magnifique blanc nature avec des raisins foulés au pied.
Et cela commence
par les couteaux « pêchés les pieds dans le sable » gratinés
persillade. C’est un produit assez recherché qui souvent est un peu sans
saveur, même parfois préparé sous forme de tartare mais ici pour une fois,
absolument délicieux car la cuisson est juste, le couteau est encore tendre et
la sauce relève bien le tout mais sans être trop puissante et surtout pas de
beurre qui noie le crustacé rendant la chose plus proche d’un escargot…que d’un
produit de la mer. C’est parfaitement équilibré en saveurs.
Second vin
blanc avec un Cheverny de chez Hervé Villemade, vin à la fois rond et frais
avec un bel équilibre d’agrumes, un nez floral et un côté légèrement minéral.
Nous
poursuivrons avec un met qui s’harmonisera parfaitement avec ce vin, une très
jolie déclinaison au tour de l’asperge : les vertes en gaspacho, les
blanches en croustillant. Une crème d’asperges bien parfumée accompagnée d’une
fine pâte type pizza recouverte de lamelles d’asperges et recouvertes d’un
mélange d’herbes. C’est gouteux, généreux et de saison.
Les
magnifiques fleurs de courgettes farcies avec une excellente et légère ricotta.
Le tout est joliment dressé avec des tomates cerises qui ont du goût, quelques
petits pois frais encore croquants, des très bonnes olives concassées et une excellente
huile d’olive. Encore et toujours ces produits de qualité car la fleur est de première
fraicheur et la farce irréprochable. L’été, le sud, le soleil en bouche.
Une belle
poêlée de chanterelles fraiches, moelleuses et non surcuites ce qui est fort
appréciable avec un peu de ciboulette et un fond de sauce bien équilibré.
Un plat qui m’intriguait é la carte et qui s’est avéré être merveilleux, l’œuf de cane de chez « Mr Eddy » en fricassée d’asperges blanches. Un concept peut être dans l’idée de l’œuf meurette mais pas tout à fait. Tout d’abord cet œuf plutôt rare amené par cet Eddy presque chaque jour et qui a une texture plus ferme qu’un œuf de poule mais un goût en même temps plus fin et plus intense. Ce fond de sauce bien savoureux pas forcement vineux mais très bien assaisonné. Quelques légumes printaniers avec ces petits pois frais, ces asperges rapidement poêlées et cette mouillette croustillante. Un plat très bistrotier mais magnifiquement revisité.
Nous
poursuivrons avec un autre vin de la Loire, un Saumur du Domaine Guiberteau en
2014. Un autre vin issu de l’agriculture biologique, tonique et très expressif.
Avec ce vin
une tarte fine de gambas au pesto de roquette, fenouil et tomates cerises.
Egalement beaucoup de fraicheur dans cette assiette avec diverses textures et
couleurs. Cela sent à nouveau le sud et l’on se réjouit.
Retour en
région genevoise mais quand même avec beaucoup d’idées car le clin d’œil « Terre-Mer »
pour cet encornet farci à la longeole IGP, pommes bouchons safranées est une
sacrée idée. Le terroir avec cette saucisse « de chez nous » mais qui
ne sera pas trop forte en bouche car balancée par le crustacé. Quelques légumes
bien cuit, une émulsion sur un jus et quelques pommes de terre avec un vrai
goût de safran et non pas une poudre jaune quelconque. Un très beau plat.
Passage au
vin rouge le « Rouge Rouge » de chez Sébastien Dupraz à Soral de la
cave des Chevalières.
Un poisson
avec un pavé de thon rouge juste saisi au sumac, tombée de courgettes du
primeur et sa vinaigrette anchoïade. Encore une excellente idée que d’associer
cette épice souvent utilisée dans la cuisine moyen-orientale ou ottomane et qui
amène une saveur citronnée. La julienne de légume est croquante et la sauce
légèrement montée avec le beurre aux anchois est magnifique.
Une belle
découverte avec cette Syrah de chez Alain Graillot, vigneron du nord de la
vallée du Rhône à Crozes-Hermitage, passionné de ce cépage et qui s’est également
installé au Maroc dans la région de Meknès. Il y créa le domaine Ouled Thaleb
pour créer cette autre Syrah d’une très belle rondeur et qui sera d’une
facilité consternante à boire.
Nous
enchainerons avec l’un de mes abats favoris, le ris de veau meunière, ragoût de
rates du Touquet et artichauts poivrade. La pomme est cuite comme il se doit,
caramélisée à l’extérieure et croustillante avec l’intérieur encore bien
moelleux. Le genre de cuisson minute qu’il faut contrôler pour obtenir un tel
résultat. Une belle réduction très concentrée et les accompagnements idéaux
pour ce ris.
Passage
avec un grand vin, un Châteauneuf-du-Pape du domaine de Villeneuve « Les
bien aimés », vin élégant, délicat et fin.
Pour les
desserts, deux petites verrines pas trop douces et très plaisantes avec entre
autres le tiramisu au fil du temps, léger et bien équilibré.
Comme
accompagnement pour ces desserts, un des meilleurs cidres qu’il existe avec le « Sydre » »
de Eric Bordelet. Si vous souhaitez découvrir un cidre d’exception, ne cherchez
pas plus loin. Justesse des équilibres, complexité aromatique et longueur en
bouche. Un produit exceptionnel.
Comme en
cuisine on se lance dans la nouveauté, ce soir nous avons droit à « tester »
l’un des prochains desserts du menu, une « Tropézienne ». Une brioche
au sucre fendue en deux et farcie d’un mélange de deux crèmes légères et
onctueuses à la vanille.
Voici un
repas qui à nouveau sera parfait, une cuisine que certains pourraient qualifier
de « bistronomique » mais finalement pas tant que cela car on y trouvera
aussi bien des mets classiques que des créations du moment. Le produit est
toujours au centre de chaque assiette, jamais ne l’on essayera de maquiller
celui-ci en l’inondant de sauce ou en essayant de cacher les saveurs de bases. Tout
est toujours gourmand, les vins sont toujours parfaitement associés. Merci à
toute l’équipe de rendre chaque visite toujours aussi festive !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire