Pas si
facile que cela de trouver une table chez le réputé « Ho Lee Fook »
car ici le concept est un « walk in ». C’est-à-dire premier arrivé,
premier servi et comme tout est absolument excellent, on y reste probablement
quelques heures. La première fois que je souhaitais y aller, il y avait même
des personnes qui avaient commandé et qui mangeaient dans la rue. « Ho Lee
Fook » ce n’est pas une table chinoise ou asiatique traditionnelle comme l’on
peut trouver dans beaucoup d’endroits à Honk Kong, mais ce que l’on peut
appeler une nouvelle génération de restaurants où la cuisine est repensée,
parfois épurée, créative et surtout servie dans un cadre pensé et un peu
branché. Situé dans une rue de Soho, l’entrée est assez particulière car la
cuisine se trouve sur le pas de porte et la salle de restaurant à l’étage
inférieur ou même ce qui pourrait être considéré comme une cave. Souvent
encombré devant avec celles et ceux sans réservation vous fraierez votre chemin
pour aller à l’accueil.
Face à cet accueil
qui est un coin de table surélevée, la cuisine avec les bruits de spatules dans
les woks. Nous ne sommes pas du tout dans un établissement classique comme l’on
pourrait se l’imaginer mais dans un lieu avec un très sympathique concept de « Cuisine
chinoise moderne » que je transformerais en « Cuisines asiatiques
dont chinoise, modernes ». Donc pas de cuisine chinoise comme à chaque
coin de rue mais des assiettes travaillées et souvent créatives.
Et sur la
droite la descente au restaurant avec son mur décorés de chats chinois porte
bonheur ; le doré et le jaune est associé à la richesse, la patte gauche est
censée attirer les clients, la patte droite l'argent.
Le sous-sol
est vraiment très étonnant, un décor urbain contemporain où tout est un peu
dans la pénombre avec comme principal éclairage, des tableaux illuminés qui
sont des desseins un peu style bandes dessinées avec des scènes ou objets
asiatiques.
En entrant,
un petit bar sur la droite où l’on pourra patienter quelques instants si votre
table est en cours de préparation et où l’on pourra prendre une consommation.
Une salle à
l’atmosphère un peu bruyante, une clientèle plutôt d’expatriés à la recherche
de quelque chose d’un peu différent et comme précédemment dit une cuisine
sophistiquée mais dans un lieu à la mode. Si vous êtes à la recherche de plats
cantonnais ou de Hong Kong très traditionnels, vous ne serez peut-être pas au
bon endroit. Clairement j’ai lu quelques commentaires de probables locaux qui
furent un peu déconcertés.
La carte
est vraiment très belle et riche en assiettes à souvent partager influencées
non pas que par la Chine mais l’ensemble de l’Asie du Sud-Est. On pourra
évidement trouver des ingrédients du Japon, de Thaïlande ou d’ailleurs, mais
aussi certains plus européens. Pas du tout une cuisine fusion mais une probable
réflexion sur la préparation des assiettes et le résultat fut plus que probant.
Nous
commencerons avec de délicieuses palourdes cuites à la bière, Shaoxing, basilic
thaï, ail, citronnelle et piment. Justes cuites, avec une sauce qui mélange le
vin de riz et la bière, une touche de fraicheur avec les herbes et un peu de
piment pour relever le tout. On se ruera sur ces palourdes tellement celles-ci
sont bonnes et magnifiquement assaisonnées.
Un plat que
nous reprendrons deux fois tellement il nous plut. Des dumpling « Maman « principalement
du chou, un peu de porc », sauce au soja. C’est bien simple, la plupart du
temps les dumplings sont plus que quelconques avec une pâte trop épaisse, une
consistance spongieuse à l’intérieur, un goût uniforme, une identification impossible
des éléments de la farce. Ici tout le contraire avec une pâte fine, une texture
très plaisante avec pas cette impression de manger du n’importe quoi, une sauce
légère et un complément d’herbes fraiches telles que de la coriandre et
quelques lamelles de piment frais rouges type bec d’oiseaux.
Fabuleux
calamar grillé avec une sauce au piment vert vinaigré, menthe Vietnamienne.
Quelques ressemblances avec le plat du « Le garçon Saigon », ce qui
est normal puisque les deux tables font partie je crois du même groupe. C’est frais,
léger et comme il se doit, pas complètement cuit, donc encore très moelleux.
De très
bons légumes avec des haricots verts cuits deux fois avec de la sauce XO, des
champignons Shimeji, tofu aux cinq épices. Blanchis puis sautés avec cette sauce pimentée
exclusivement préparée à Hong Kong, ce champignon japonais avec une belle
fermeté et un goût un peu de noisette, le tofu juste frit.
Très bonnes
nouilles de riz cuites au wok avec de la sauce XO, des pousses d’ail blanc, du sésame
toasté. Assiette plus chinoise mais je dirais allégée car trop souvent les
nouilles sont graisseuses, ce qui n’est pas du tout le cas ici.
Des DIY
Sang Choi bao de porc, pâte d’haricots fermentée, ail et feuilles de moutarde.
On fabrique donc soi-même ces bouchées avec une feuille de salade que l’on
remplit de ce mélange de viande hachés parfumée et on y ajoute quelques herbes
sur le dessus. On retrouvera peut-être plutôt des saveurs type thaïlandaises.
Un peu de barbecue
de porc Kurobuta. Porc de qualité de couleur noire qui ressemble à ceux du
Berkshire. Juteux, tendre et considéré comme un produit luxueux. Ici
parfaitement cuit, doré, dans une sauce légère et point trop salée.
Une mention
très spéciale pour le riz frit aux œufs, chou kale, pousse de soja, feuilles d’olives
salées. Certes ce n’est surement pas le riz frit de la gargote du coin car on y
décèle une texture de riz assez particulière car il s’agit de riz japonais un
peu rond et presque un peu « al dente ». Un excellent riz sauté qui
fait la différence.
Puis
passage aux desserts qui détonneront par leur originalité et qui n’ont pas grand-chose
à avoir avec de la cuisine chinoise mais plutôt inspirés par les goûts de la
jeunesse de Hong Kong, des desserts assez ludiques, gourmands et joliment
présentés. Tout d’abord le Style HK à la mode, brownie au Kit-Kat, glace de thé
au lait, marshmallows. C’est plutôt « fun », très plaisant et
gourmand.
Suivi d’un
amusant « Petit déjeuner 2.0 », glace au horlicks qui est une boisson
maltée, cornflakes, avoine, longan séché, brisures au café et chocolat. Ici
encore on se fait plaisir toujours avec un côté ludique mais le résultat est là.
Une très
belle table avec dirons-nous une « cuisine asiatique 2.0 ». On ne
sera pas perdu dans les saveurs, tout est d’une très grande fraicheur,
parfaitement cuit et assaisonné. La cuisine de « Ho Lee Fook » peut
facilement rivaliser avec certaines assiettes qui valent bien les tables des
grands hôtels où vous paierez des sommes faramineuses. Pas une cuisine pour
ceux qui recherchent du classicisme à outrance mais de le découverte, des
saveurs subtiles, du travail dans la préparation des plats, une très belle
adresse.
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