On ne peut
pas dire que Barcelone est dépourvue de très belles tables et de plus dans une
palette de pris très abordable. C’est dans le quartier du Raval que commence à
se trouver quelques pépites qui propose une cuisine inventive et de saison. C’est
aussi ici que viennent ouvrir certains établissements réputés, de seconds
restaurants qui viennent compléter l’offre gastronomique de ce quartier
probablement en pleine gentrification. Petit à petit, de nouveaux bars, de
nouvelles tables apparaissent dans ce côté très coloré et animé. Dans une
petite rue et presqu’un peu dissimulé, voici « Cera 23 » comme le nom
de la rue et le numéro de l’établissement. Vous ne pourrez manquer l’entrée
plutôt assez illuminée dans cette rue finalement assez peu illuminée et
peut-être pas aussi engageante qu’on le souhaiterait.
Une entrée
avec le bar directement sur la droite car très souvent les restaurants de
Barcelone dans certains quartiers sont plutôt en longueur. On y prendra un
verre ou non et même si on le souhaite dîner au comptoir.
Un décor
assez hétéroclite avec bois, pierre, briques blanches, béton, pas un style
vraiment défini mais l’ensemble est très agréable et l’ambiance décontractée.
Une
première petite salle avec une série de tables surélevées assez modernes et
également après un petit couloir, une seconde salle plus classique où l’on peut
s’asseoir de manière plus conventionnelle. Salle avec un côté la cuisine
ouverte et de l’autre les tables alignées le long d’un mur en pierre.
La cuisine
de « Cera 23 » peut-être qualifiée de fusion méditerranéenne. On
passe élégamment de plats que l’on se partage plutôt hispaniques à d’autres
probablement italiens ou même d’autres régions. Une carte composée d’une série
de très belles suggestions que l’on découvrira en plusieurs fois tellement
chaque assiette nous surprendra et appellera une suivante. Mais avant même de
passer la commande nous voilà amené une bouchée pour commencer ce repas. Une
chips de banane plantain avec un crème fromagère et des oignons au vinaigre.
Cela surprend, c’est visuellement réussi et laisse présager une belle suite.
Au lieu de
nommer le plat ceviche, ici il sera nommé ceraviche, composé à la minute, d’une
grande fraicheur et accompagné de chips de yuca, ajoutant ainsi un côté
croustillant. Une marinade citronnée et équilibrée, parfait pour une première
assiette.
On
continuera avec un carpaccio de presa iberica qui est du filet de porc
ibérique. Il y a surement certains qui seront effarés de penser que l’on puisse
manger du porc cru mais La presa est située à l'avant du lomo et
est de forme ovale. Il s'agit d'un morceau très rouge avec une
belle proportion de graisse infiltrée qui est recherchée pour son
moelleux. Sa graisse insaturée, lui donne son goût de noisette inimitable. De
plus c'est l'une des parties les plus savoureuses du porc ibérique et
aussi la plus couteuse. La presa est un produit idéal pour les grillades à la
plancha mais ici comme l’indique l’intitulé, servie en carpaccio. On trouvera
sur le dessus des amandes broyées et une mayonnaise montée au kimchi qui est un mets traditionnel coréen composé de piments et de légumes. J’imagine
que c’est le jus qui a été utilisé pour la sauce. On trouvera aussi un peu de
ciboulette émincée. C’est vraiment délicieux et peut rivaliser avec n’importe
quel carpaccio de bœuf.
Autre très belle assiette que ce plat galicien appelé Lacon, qui est du
jambon galicien confit servi avec des pommes de terre elle aussi confites, des
feuilles de blettes rouges et de amandes broyées. Cela sera notre dernière
entrée avant de passer aux plats principaux que nous nous partagerons
également.
Je ne peux m’empêcher de prendre un plat plus traditionnel mais qui
néanmoins aura un peu repensé. Le volcan de riz… Volcan de riz noir donc à l’encre
de seiche avec des fruits de mer, du parmesan et une sauce au safran. Ce riz
est une vraie gourmandise avec une sauce merveilleuse. On retrouvera le
classique aïoli au safran sur le dessus et un peu de bonite séchée japonaise. Ce
poisson est séché puis râpé en copeaux (katsuobushi). Un riz vraiment parfait.
Autre plat
que l’on se remémorera longtemps, les ravioles de foie gras à la sauce aux
amandes crémeuse et confiture de coings. La pâte est fine et maison, une farce
avec un morceau de foie et cette incroyable sauce d’une énorme gourmandise, un
peu douce mais complètement suave. Un plat entre Espagne et Italie exceptionnel.
Au vu du
plaisir du précédent plat nous nous laisserons séduire par une assiette aussi
dans le même esprit, avec des tagliatelles fraiches aux shiitake, crevettes à l’orange
et « chistorra ». La pâte est cuite al dente, les crevettes justes
saisies avec une fine sauce parfumée, cette est « chistorra » en
castillan est une charcuterie espagnole crue de couleur rouge, originaire de
l'Aragon. A nouveau une assiette fantastique mélangeant les saveurs des deux
pays précités.
Un dessert
avec une magnifique crème catalane traditionnelle avec quelques fraises. Encore
un peu molle comme je l’apprécie.
Et une
surprenante mousse au mojito de mures, légère, un peu acidulée,
rafraichissante.
Pendant le
repas pour commencer quelques bulles avec un excellent Cava Rabetllat i Vidal
réalisé avec des cépages Xarel-lo et Macabeo.
Suivi d’un
vin rouge, un Petit Sao 2014, Costers Del Segre, rouge intense avec des reflets
pourpres. Du fruits rouge et noir soulignant les mûres, les fraises et les
cerises Une bouche soyeuse, épicé et équilibrée avec des tanins souples.
Quelle
belle adresse que ce « Cera 23 », une surprenante cuisine d’une très
grande gourmandise qui a su concilier le traditionnel avec le nouveau, l’Espagne
avec l’Italie mais jamais sans aucun plagiat. Des assiettes toujours très
équilibrées avec beaucoup de réflexion derrière. Une très belle adresse dans le
Raval.
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