Adresse
représentant bien ce qu’est le quartier du Raval que cette table appelée « Arume ».
Un lieu avec une atmosphère assez vivante, une clientèle très mixte et composée
de touristes mais aussi presque étrangement de locaux, ce qui est plutôt bon
signe, une décoration sans ligne directrice particulière et surtout une cuisine
assez mixte entre du local et de la fusion. Façade avec le nom presque caché
par des plantes vertes, une illumination en forme de cœur, un univers presqu’un
peu à part. C’est d’ailleurs ici qu’est né l’un des auteurs catalans les plus
connus, Manuel Vazquez Montalban.
Une fois à
l’intérieur, c’est un peu la cohue et l’endroit semble avoir passablement de
succès. Malgré une réservation, on attend quelques instants au bar où certaines
personnes mangent probablement sans avoir planifié à l’avance de dîner dans l’une
de salles.
Décoration
bigarrée, chaises hautes, public bruyant, diverses langues, c’est très représentatif
de ce quartier.
Ce qui est
plutôt aussi surprenant c’est la structure de ce restaurant. Un ensemble de
petites pièces, plusieurs niveaux, une impression d’être un peu dans une maison
privée. Une fois annoncé, vous pourrez attendre au bar si vous y trouvez de la place
ou alors observer les cuisines en prolongement de celui-ci. Le chef en cuisine
s’appelle Manuel Núñez, d’origine galicienne et aurait gagné un prix en 2014 appelé
« Tapas de l’Année » avec son « Pulpo atlántico », concours
annuel qui se passe dans toute la Catalogne. Une cuisine donc qui associe deux
régions du pays, la Galicie et la Catalogne.
Une fois
invité de passer à table, vous passerez au travers d’une première salle avec un
haut plafond, puis traverserez une autre petite salle qui elle se trouve dans
un passage, éventuellement monterez au premier niveau. Cela sera donc en
fonction des disponibilités, chaque salle ayant son atmosphère particulière. Comme
précédemment indiqué, pas de style particulier dans la décoration.
La carte
propose une série de petites assiettes que l’on peut partager, certaines
utilisant des ingrédients assez originaux ou alors des associations plutôt
originales. Parfois donc des vues sur la Galicie et la Catalogne mais aussi sur
l’Asie, comme le Japon et la Corée. Pendant que vous prendrez le temps de
choisir, vous vous verrez offerts quelques olives.
Pour
démarrer, un poulpe croustillant, espuma d’algues codium et huile de paprika.
Assiette plutôt surprenante et inattendue. Un poulpe tendre qui a été
probablement frit avec un peu de panure autour, la mousse au côté bien parfumé
marin, quelques gouttes de cette huile. Ce n’est pas le traditionnel poulpe à
la Galicienne, c’est bien plus audacieux et très gourmand. C’est d’ailleurs
probablement ce plat qui a gagné le prix de l’année 2014.
Nous
enchainerons avec le carpaccio de porc ibérique mariné au vermouth, miso blanc,
tahina et fromage de chèvre Touza Vella. A prime abord cela semble être très
fusion tout ceci mais le résultat est intéressant. Quelque chose d’un peu doux
mais aussi très frais. Il faut déjà savoir que manger du porc cru en Espagne n’est
pas une hérésie car en principe si c’est le cas, c’est le plus souvent du porc
de haute qualité. Une utilisation donc de produits ibériques, le rappel catalan
avec le vermut et le Touza Vella indisponible jusqu'au mois de Mars – Avril., fromage
galicien fabriqué avec du lait cru de chèvres, de pâte pressée. Miso et tahina
ne sont que peu présent afin de ne pas noyer l’assiette dans trop de saveurs.
Un peu
moins emballé par le tartare crémeux de bœuf galicien, jaune d’œuf et fleur de
capucine. Simplement parce que ce dernier est un peu trop salé, dommage. Mais l’établissement
aura l’élégance de ne pas me le facturer.
En met
principal, une délicieuse côte de porc ibérique désossée, purée de courgettes
et amandes et pommes à l’eau de vie à l’anis. Beaucoup de maitrise dans cette
assiette avec une viande fondante, un accompagnement original et cette touche
un peu alcoolisée vraiment surprenante qui amène beaucoup d’originalité.
J’apprécierai
énormément ce filet de bœuf galicien, sauce au fromage fumé, pommes de terre de
Coristanco, tomates cerises confites et oignons nouveaux. Une viande moelleuse
parfaitement cuite, une sauce onctueuse, des accompagnements sautés au dernier
moment. C’est un peu plus traditionnel mais délicieux.
Un
excellent dessert avec « la torrija de Manuel » accompagné d’une
glace au yogourt. Equivalent du pain perdu mais à la catalane avec l’ingénieuse
idée de ne pas mettre une glace trop sucrée.
Une
bouteille de Ribera del Duero avec le Milu. Un jeune vin conçu avec le cépage
Tempranillo, frais, léger, fruité, sans complexité et facile à boire.
En voilà
une adresse intéressante qui se trouve être un peu en dehors des sentiers
battus. On comprend mieux le pourquoi de la diversité de la clientèle qui d’un
côté doivent connaitre la réputation locale du chef, de l’autre côté du
bouche-à-oreille touristique. En faisant abstraction du côté un peu bruyant, on
y sert une très sympathique cuisine gourmande et pleine d’idées.
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