Je me
rappelais du billet d’un blogueur qui avait intitulé ce dernier « Meilleur
restaurant de Barcelone ? » ou quelque chose de semblable. Ayant déjà
eu l’occasion il y a quelques années de passer une magnifique soirée dans l’un
des établissements de l’ancien quartier des pécheurs de Barceloneta dont l’on
trouvera l’histoire détaillée sur plusieurs sites, je me demandais ce qui
pouvait justifier un tel billet…. L’autre établissement que j’avais visité s’appelait
« Can Maño », mais cette fois-ci il s’agit de la « Cova
Fumada ». La description de ce blogueur dans ce billet semblait tellement
incroyable que nous ne pouvions qu’y aller faire une visite.
Certains
considèrent Barceloneta comme l’endroit le plus authentique et gastronomique de
la ville… Je modèrerais cela en disant que cela dépend ce que l’on recherche… Le
« foodiste garçon coiffeur » comme certains se plaisent à caricaturer
n’y trouvera peut-être pas son compte mais soit-on un peu ouvert d’esprit et aventureux,
voici sans aucun doute l’un des endroits inoubliable dans lequel j’aurai pris
un repas ces derniers temps. Certains parlent même « d’icône » de la
ville…Et Il y a du vrai dans tout cela. On y vient chaque jour de tous les
coins de la ville pour passer un très beau moment culinaire. On « enlèvera
sa cravate »…on mangera avec les doigts qui deviendront vites graisseux…
Un lieu remplis de locaux qui seront ravis d’échanger quelques mots avec vous.
En face du «Mercat
de la Barcelenota», cet endroit est difficilement trouvable si vous n’en
connaissez pas l’adresse car aucune pancarte n’indique qu’il s’agit d’un
bistrot. De plus les horaires sont ici un peu inhabituels. Fermeture le soir aux
alentours des 20:00 et par exemple le
samedi, à 13:20… Le seul moyen d’y venir manger c’est de s’assurer que cela
soit ouvert en téléphonant ou alors faire confiance aux horaires indiqués sur
quelques sites et être prêt à patienter peut-être 45 minutes en fonction du
remplissage. Fin d’année rime probablement avec une fréquentation moindre, donc
c’est sans peine qu’à 11:45 que nous trouvons un coin de table en quelques
minutes.
L’ouverture
de ces lieux date de 1944, une ancienne cave à vin ou « bodega » dont
le décor n’a strictement pas changé et dont le nom signifie « Cave enfumée ».
Tonneaux, tabourets, tables et comptoir
de marbre, banquette boisée, murs jaunâtres, lumière blafarde. Quelque chose de
très rassurant dans tout ceci car ici le temps n’a pas eu d’emprise. Les
discussions vont bon train, les locaux se réjouissent, l’ambiance est fabuleuse.
Ne vous inquiétez-pas non plus pour le choix des plats, il y aura toujours
quelqu’un d’aimable pour vous faire une traduction.
Evidement
quelques affiches « du Barça », et la décoration s’arrêtera là.
Le plus
émouvant et j’insiste sur ce mot, c’est d’observer dans cette cuisine ouverte
cette famille s’affairer « comme à la maison ». Nous ne sommes pas
dans un restaurant mais en quelque sorte arrivés « chez des privés »,
même si ce n’est pas vraiment le cas…
Derrière ou
sur le comptoir du bar, certains plats que l’on pourra apprécier à l’une des tables
et qui seront donc finalisés dans cette cuisine par cette dame qui semble être
la cheffe de cette famille. Une femme
qui s’interrompra quelques instants pour câliner un jeune enfant et reprendre
quelques instants plus tard ses poêles dans lesquelles frémissent maintes
aliments. Entres autres ces magnifiques artichauts précuits dans l’huile d’olives
qui seront à nouveau poêlés au dernier instant et saupoudrés de piment doux.
Une ardoise
en milieu de salle vous indiquera les plats du jour, les poissons, crustacés et
autres spécialités de la journée. Difficile de faire un choix car tout ce qui
se présente sur les tables semble être très bon.
On boira de
l’Estrella la bière locale ou alors du vin de la maison au pichet, blanc ou
rouge. Et il s’avère que ce denier est même plutôt bon.
Comment ne
pas démarrer avec la « Bomba », assurément le plat emblématique de
Barceloneta qui est une « bombe de pomme de terre », un met qui
semblerait avoir été créé dans les années 50 par une certaine María Pla,
grand-mère des propriétaires actuels ; Josep María Sole et Magí Sole. Un
met qui est probablement devenu un tapas classique en Espagne mais inventé ici ;
une boule de purée de pomme de terre avec un peu de porc à l’intérieur, ensuite
enveloppée d’œuf et de panure, plongée dans l’huile d’olive et servie avec
parfois un aïoli mais théoriquement avec une sauce au piment de Cayenne. Le
garçon vous demandera qu’elle doit être la puissance du piment…n’hésitez pas a
demander le plus fort pour les amateurs. Simple et délicieux.
De fraiches
tellines rapidement poêlées que l’on déguste en attendant les plats suivants.
Ici on ne
pose pas la question de savoir ce qui est raisonnable ou non et même le pain
toasté avec de l’aïoli dessus devient quelque chose de sublime…
Les
artichauts poêlés ou peut-être grillée sont divins. Vous les aurez-vus en « montagnes »
sur le comptoir car ils ont étés cuits à l’avance. On mange le bas des feuilles
et le cœur. A nouveau c’est simplement fait mais c’est rare de manger de si
bons artichauts.
Le pain à
la tomate « pa amb tomàquet » n’a pas d’égal. Pain que l’on voit d’ailleurs toaster
dans la cuisine sur la « plancha ».
Le poulpe
aux oignons qui est découpé en fin morceaux, mélangé à une sauce type compote d’oignons.
Gras…mais ô combien suaves…
Et pour
conclure, une fabuleuse morue sauce tomate accompagnée d’haricots blancs. Le
poisson est bien dessalé, moelleux ; la sauce douce et les haricots ont
une cuisson parfaite.
Tous des
plats que l’on appréciera pour leur côté
essentiels de la cuisine catalane,
certes pas légers mais ce ne sont que des petites rations que l’on prend à sa
guise. Sur l’ardoise vous trouverez également la « butifarra » qui
est le boudin et plusieurs types de crustacés ou poissons comme sardines,
couteaux et calamars.
Et puis on a
envie de se laisser aller alors on terminera tout ceci avec un « Carajillo »,
le typique café arrosé ici avec du rhum, boisson datant de l'occupation
espagnole de Cuba.
La « Cova
Fumada » est surement un des lieux les plus authentiques que l’on puisse s’imaginer,
qui a réussi à ignorer les modes, les mouvements progressistes culinaires espagnols
et qui propose une magnifique cuisine familiale dans un cadre et une ambiance
inoubliable.
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