jeudi 1 janvier 2015

Gresca, Barcelone



Le choix de belles tables à Barcelone est tellement large que l’on hésite toujours à en sélectionner une… C’est donc après quelques recherches que je me suis dit que « Gresca » avait l’air d’être la table du moment, pas trop médiatisée comme c’est souvent le cas mais un lieu avec une cuisine espagnole qui vaut le détour car évolutive.

Une table proposée par Rafa Peña considéré comme l’un des nouveaux chefs prometteurs dans cette Espagne aussi dynamique culinairement. Une chef qui passa chez Ferran Adria et également le « Lasarte » de Martín Berasategui ne pouvait qu’attiser mon intérêt.


Situé dans le quartier de l’Eixample, vous serez grandement surpris par l’intérieur de ce restaurant car on pourrait presque qualifier celui-ci de couloir mais sans que cela ne gêne a aucun moment. Une petite arcade probablement de moins de trois mètres de large avec une enfilade limitée de tables élégamment dressée de blanc.



Au fond de la pièce, une partie de l’ancien mur de brique est encore visible, donnant ainsi un côté moins aseptisé de l’endroit. En face un tableau au nom du restaurant qui donne un peu de couleur chaude à l’ensemble.


Il faut préciser que le système de réservation ne se fera que par téléphone car le site internet ne donne aucune possibilité de communiquer qu’autrement que par téléphone.

La carte propose un choix de menu de dégustation de 5, 9 ou 12 plats. Le restaurant ayant été fermé la semaine de Noel, il nous est suggéré de prendre le menu en 9 plats car pour des raisons peu claires, soit le personnel est réduit soit tous les plats ne sont pas disponibles pour cette soirée.

Pour commencer nous recevrons un  sympathique amuse-bouche consistant en une mousse de topinambour recouverte d’un vieux comté fondu et de râpures de noix.


La première assiette envoyée sera la salade russe au crabe. Difficile d’émettre un jugement sur ce plat car évidement tout le monde apprécie cette salade et encore plus les enfants… mais comment avoir un avis sur des légumes même frais noyés dans une mayonnaise et sur un toast grillé… Sur le dessus du crabe émietté. Un premier plat qui détonne selon nous un peu dans ce menu qui deviendra plus sophistiqué par la suite.


Nous poursuivrons avec une excellente salade de jambon ibérique, fromage et câpres. La vaisselle est très belle et le dressage de ces ingrédients locaux très agréable à regarder. On retrouve des saveurs classiques mais c’est parfaitement intégré. Au centre quelques fines tranches de pain grillé apportent une touche croustillante au tout. 


Plat suivant, des champignons recouverts de poitrine de porc dans une sauce très parfumée. Il s’agit de champignons locaux appelés « Rovellons » qui sont de couche et automnal. Des champignons intrigants, odorants, ils servent avant tout d'accompagnement aux plats du pays. Ici la poitrine apporte une touche gourmande et la sauce un côté terrien. Le seul bémol est que c’est un peu tiède.


Le plat signature de Rafa Peña  est l’Œuf soufflé à la pomme de terre  et à la crème. Je n’avais jamais vu un œuf cuisiné de cette manière mais il s’agit vraiment de quelque chose d’exceptionnel. Présenté un peu comme une fleur, le blanc d’œuf a été transformé comme les œufs-meringue des iles flottantes, le blanc semble avoir été passé au four et en son centre le jaune reste coulant. L’œuf est déposé sur une sauce crémeuse dans laquelle se trouve une longue corole de pomme de terre cuite à la perfection.


Nous continuons avec les « Kokotxas » qui sont les mentons du merlu ici cuit de manière meunière avec beurre et jus de citron. Cette partie rendant un jus gélatineux, on aurait presque l’impression à un certain moment de retrouver des saveurs d’huitre.


Probablement le plat qui nous aura le plus séduit, le ris de veau au beurre et citron. Fantastiquement caramélisés et encore tendre sur une mousse de pomme de terre. La sauce est parfaite. Que demander de plus ?


Nous continuerons avec la poitrine de porc accompagnée de trompettes de la mort et de fleurs de brocoli. Une viande qui fond en bouche avec un délicieux fond de sauce. Dommage que les accompagnements soient tièdes.


Première bouteille un magnifique Priorat blanc Les Brugueres de 2013 réalisé avec de la grenache blanche. Un vin assez semblable d’ailleurs avec un Châteauneuf-du-Pape blanc.


Seconde bouteille, un Priorat 2011 Loidana. Un vin plutôt étonnant déjà par son prix (18 euros) et une belle découverte. Un vin utilisant des concepts biodynamiques pour de la Grenache, Carignan, Cabernet Sauvignon et Syrah. Une récolte à la main qui produit un vin aux notes élevées de  goût de cerise, une  intense couleur rouge rubis. Quelque chose proche du goût d’un Porto en bouche. 


Arrive la série de desserts avec pour commencer une Pina Colada. Théoriquement un cocktail à base de lait de coco, rhum et jus d’ananas. Ici recréé dans une noix de coco en guise de coupe, un sorbet coco-rhum dans une coquille de chocolat et de coco râpé avec quelques notes citronnées. Belle retranscription de la boisson  en un très joli dessert.


Seconde assiette avec le chocolat et huile d’olive. Une association gagnante avec une crème de chocolat bien noire, des pistaches concassées, une glace probablement vanille et une larme d’huile que l’on casse sur le dessus. Un dessert gourmand et équilibré.


Un repas globalement très satisfaisant pour une somme de 55 euros, ce qui est un exploit tenant compte de la qualité des mets. Quelques plats moins intéressants et quelques imprécisions quat à la température de certains plats. Probablement comme précédemment indiqué, des effectifs peut-être réduits. Dans tous les cas une belle table de plus à Barcelone proposant des mets inspirés par la Catalogne revus avec un œil nouveau.

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