Le choix de belles tables à Barcelone est tellement large que l’on
hésite toujours à en sélectionner une… C’est donc après quelques recherches que
je me suis dit que « Gresca » avait l’air d’être la table du moment,
pas trop médiatisée comme c’est souvent le cas mais un lieu avec une cuisine
espagnole qui vaut le détour car évolutive.
Une table proposée par Rafa Peña considéré comme l’un des nouveaux chefs
prometteurs dans cette Espagne aussi dynamique culinairement. Une chef qui
passa chez Ferran Adria et également le « Lasarte » de Martín
Berasategui ne pouvait qu’attiser mon intérêt.
Situé dans le quartier de l’Eixample, vous serez grandement surpris par
l’intérieur de ce restaurant car on pourrait presque qualifier celui-ci de
couloir mais sans que cela ne gêne a aucun moment. Une petite arcade probablement
de moins de trois mètres de large avec une enfilade limitée de tables élégamment
dressée de blanc.
Au fond de la pièce, une partie de l’ancien mur de brique est encore
visible, donnant ainsi un côté moins aseptisé de l’endroit. En face un tableau
au nom du restaurant qui donne un peu de couleur chaude à l’ensemble.
Il faut préciser que le système de réservation ne se fera que par
téléphone car le site internet ne donne aucune possibilité de communiquer qu’autrement
que par téléphone.
La carte propose un choix de menu de dégustation de 5, 9 ou 12 plats. Le
restaurant ayant été fermé la semaine de Noel, il nous est suggéré de prendre
le menu en 9 plats car pour des raisons peu claires, soit le personnel est
réduit soit tous les plats ne sont pas disponibles pour cette soirée.
Pour commencer nous recevrons un sympathique amuse-bouche consistant en une
mousse de topinambour recouverte d’un vieux comté fondu et de râpures de noix.
La première assiette envoyée sera la salade russe au crabe. Difficile d’émettre
un jugement sur ce plat car évidement tout le monde apprécie cette salade et
encore plus les enfants… mais comment avoir un avis sur des légumes même frais
noyés dans une mayonnaise et sur un toast grillé… Sur le dessus du crabe
émietté. Un premier plat qui détonne selon nous un peu dans ce menu qui
deviendra plus sophistiqué par la suite.
Nous poursuivrons avec une excellente salade de jambon ibérique, fromage
et câpres. La vaisselle est très belle et le dressage de ces ingrédients locaux
très agréable à regarder. On retrouve des saveurs classiques mais c’est
parfaitement intégré. Au centre quelques fines tranches de pain grillé apportent
une touche croustillante au tout.
Plat suivant, des champignons recouverts de poitrine de porc dans une
sauce très parfumée. Il s’agit de champignons locaux appelés « Rovellons »
qui sont de couche et automnal. Des champignons intrigants, odorants, ils servent avant tout
d'accompagnement aux plats du pays. Ici la poitrine apporte une touche
gourmande et la sauce un côté terrien. Le seul bémol est que c’est un peu
tiède.
Le plat signature de Rafa Peña est
l’Œuf soufflé à la pomme de terre et à la crème. Je n’avais jamais vu un œuf cuisiné
de cette manière mais il s’agit vraiment de quelque chose d’exceptionnel.
Présenté un peu comme une fleur, le blanc d’œuf a été transformé comme les œufs-meringue
des iles flottantes, le blanc semble avoir été passé au four et en son centre
le jaune reste coulant. L’œuf est déposé sur une sauce crémeuse dans laquelle
se trouve une longue corole de pomme de terre cuite à la perfection.
Nous continuons avec les « Kokotxas » qui sont les mentons du
merlu ici cuit de manière meunière avec beurre et jus de citron. Cette partie
rendant un jus gélatineux, on aurait presque l’impression à un certain moment
de retrouver des saveurs d’huitre.
Probablement le plat qui nous aura le plus séduit, le ris de veau au
beurre et citron. Fantastiquement caramélisés et encore tendre sur une mousse
de pomme de terre. La sauce est parfaite. Que demander de plus ?
Nous continuerons avec la poitrine de porc accompagnée de trompettes de
la mort et de fleurs de brocoli. Une viande qui fond en bouche avec un
délicieux fond de sauce. Dommage que les accompagnements soient tièdes.
Première bouteille un magnifique Priorat blanc Les Brugueres de 2013
réalisé avec de la grenache blanche. Un vin assez semblable d’ailleurs avec un Châteauneuf-du-Pape
blanc.
Seconde bouteille, un Priorat 2011 Loidana. Un vin plutôt étonnant déjà
par son prix (18 euros) et une belle découverte. Un vin utilisant des concepts biodynamiques pour
de la Grenache, Carignan, Cabernet Sauvignon et Syrah. Une récolte à la main qui produit un
vin aux notes élevées de goût de cerise,
une intense couleur rouge rubis. Quelque
chose proche du goût d’un Porto en bouche.
Arrive la série de desserts avec pour commencer une Pina Colada.
Théoriquement un cocktail à base de lait de coco, rhum et jus d’ananas. Ici
recréé dans une noix de coco en guise de coupe, un sorbet coco-rhum dans une
coquille de chocolat et de coco râpé avec quelques notes citronnées. Belle retranscription
de la boisson en un très joli dessert.
Seconde assiette avec le chocolat et huile d’olive. Une association
gagnante avec une crème de chocolat bien noire, des pistaches concassées, une
glace probablement vanille et une larme d’huile que l’on casse sur le dessus.
Un dessert gourmand et équilibré.
Un repas globalement très satisfaisant pour une somme de 55 euros, ce
qui est un exploit tenant compte de la qualité des mets. Quelques plats moins
intéressants et quelques imprécisions quat à la température de certains plats.
Probablement comme précédemment indiqué, des effectifs peut-être réduits. Dans
tous les cas une belle table de plus à Barcelone proposant des mets inspirés
par la Catalogne revus avec un œil nouveau.
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