Une adresse
bien cachée dans le quartier du Raval et actuellement seulement connue des
locaux mais cela ne risque pas d’être le cas bien longtemps. Juste la rue
derrière chez moi, je ne serais jamais passé devant cette arcade si je n’étais
pas tombé sur un récent article du magazine Forbes daté du 3 décembre dont le
titre est « Les 10 endroits les plus cool endroits pour manger en 2018 » ! Comme quoi je prends de l’avance sur l’année prochaine en allant découvrir
cette merveille de pizzeria tenue par des frères Colombo, déjà propriétaires
des établissements « Bar Brutal » et « Xemei ». D’entrée je
reconnais que je ne suis pas un inconditionnel de la pizza et n’en mange que
rarement, simplement parce que très souvent, elles ne sont pas au niveau de ce
que j’ai pu manger en Italie comme spécifiquement Naples et Rome. Et
j’ajouterai aux Etats-Unis car entre autres à New-York, il existe des pizze
comme dans peu d’endroits. Tout est évidement dans la pâte, les ingrédients et
les méthodes de cuisson. Simple en apparence mais vraiment compliqué. Toujours
est-il nous voici face a « Frankie Gallo Cha Cha Cha » dans cette rue
du quartier du Raval avec en tout et pour tout, une pancarte sur laquelle est
indiqué « Pizza »…
Je ne sais
pas si l’on peut réserver car je n’ai rien trouvé sur leur site et encore moins
sur les réseaux sociaux. Bref, on s’aperçoit rapidement que l’on doit
s’inscrire et attendre un certain moment avant de passer à table. D’ailleurs
certaines personnes semblent patienter à l’extérieur.
Et une fois
à l’intérieur, je dois immédiatement reconnaître que l’endroit est plutôt
exceptionnel. Une série de salles en enfilade qui pourrait laisser penser que
nous sommes dans un ancien atelier qui a été réaffecté pour en faire l’un des
lieux les plus remarquables que j’aie vu récemment. Une ambiance complètement
festive, évidemment beaucoup de bruit et de monde. Vous atterrirez donc à la
petite réception et sans aucun doute patienterez au sympathique bar de l’entrée
où vous pourrez prendre une boisson. Tout est dans les couleurs rouges, les
bouteilles étant astucieusement illuminées depuis le dessous.
Un bar
vraiment différent avec les barman casquettés ou chapeautés, la sélection de bières
locales a la pression et bien entendu des cocktails.
Bières
artisanales à la pression qui sont tirées d’un autre comptoir a quelques mètres
du bar principal.
Une
architecture intérieure assez particulière car le long d’un couloir décoré pour
Noël de sapin qui vous amène à la salle principale, vous découvrirez une série
de petits salons particuliers ou d’alcôves, probablement réservés aux groupes.
Salons d’ailleurs sur deux niveaux qui la plupart ont une vue plongeante sur ce
couloir. Certains sont plus grands et illuminés que d’autres, chacun respectant
l’architecture initiale du bâtiment.
Un espace
un peu confidentiel pour l’un, une impression de se retrouver dans un atelier
pour l’autre et un coin avec des buches de bois dans un troisième.
Mais la
plus belle salle reste selon moi la principale, genre grand espace industriel
finalement très New-Yorkais avec une série de tables communautaires, de la
tuyauterie métallique au plafond, des murs bleus ou restés tels quels, une lumière un peu irréelle, tout ceci dans un
bruit indescriptible. A vrais dire cela me rappelle un peu le célèbre Roberta’s
de Brooklyn. Un lieu donc vraiment impressionnant pour sa structure, sa
décoration, son ambiance, avec une clientèle branchée et exclusivement dans la
trentaine. C’est simple…une fois les tables vidées, elles sont a nouveau peuplées
par de nouveaux convives.
En parallèle
de cette impressionnante salle à manger, une seconde plus petite qui a priori
peut servir a des fêtes privées et qui confirme que nous somme probablement
dans une ancienne usine.
Une des
particularités de « Frankie Gallo Cha Cha Cha », ce sont ces deux
gigantesques fours à bois en fond de salle avec une demi-douzaine de pizzaiolo.
Pas de temps mort, cela court dans tous les sens, a première abord tout semble
être parfaitement maitrisé mais surtout délicieux.
Les pizze
une fois prêtes sont donc souvent finalisées sur le comptoir face aux fours.
Maintenant
qu’en est-il de ce que l’on mange car tout est parfait jusqu’à maintenant mais
l’assiette reste quand même la raison pour laquelle je suis venu… Une carte
avec quelques entrées, certaines locales mais souvent italiennes. Diverses
sortes de pizze, avec un fond de tomates ou de mozzarella ou les deux. D’autres
qualifiées de spéciales, car avec des ingrédients plus recherchés ou des
associations plus originales.
Nous
sélectionnerons pour commencer un Melanzane alla parmigiana au four à bois. Grand
classique à base d’aubergines, de purée de tomates, de mozzarella au lait de
bufflonne si possible et parmesan. L’assiette présentée est plutôt bonne mais l’impression
que j’ai c’est que si cela a été cuit au feu de bois, cela dû être réchauffé au
micro-onde et la mozzarella est à certains endroits gommeuses, certaines parties
tièdes. Dommage car le plat est bien réalisé.
Je ne sais
combien de fois j’ai mangé d’excellents calamars en Espagne et évidemment
Barcelone, donc nous sommes tentés par des calamars frits, citron vert et sauge.
Le problème principal est qu’ils sont vraiment caoutchouteux, que la pâte de friture est trop épaisse, donc le tout un peu huileux. Ensuite pas du tout
amateur d’un distributeur de mayonnaise style tube… Nous avons laissé un peu
moins de la moitié car ils étaient plus que décevant.
Première
pizza appelée Carbonara a la truffe, avec mozzarella, guanciale, œuf, pecorino,
truffe noire. Je dois admettre qu’en lisant le mot « truffe » je me
suis tout de suite imaginé de fines lamelles sur la pizza puisque l’Espagne est
un énorme producteur de truffes. Quelle déception… Tout d’abord parlons de la
pâte. Malgré son apparence plutôt appétissante, celle-ci était vraiment
quelconque et surtout gommeuse ! Une impression de devoir mâcher inlassablement
ce que l’on a en bouche. De plus le dessous de la pizza était tellement mouillé
que la pâte était mollasse ! Comparé à de réelles pizze d’Italie et des
USA, ce n’est vraiment pas terrible. Maintenant le dessus ; je ne sais s’il
s’agissait de réelle mozzarella mais j’avais l’impression que c’était un peu
dilué avec de la crème, avec une sorte de coulis à la truffe, trois minuscules
tranchettes de cette dernière, quelques morceaux de cette charcuterie italienne.
Vraiment très écoeurant, pas un franc goût de truffe, pas équilibré, trop salé.
C’est une réelle désillusion et d’ailleurs comme la plupart des autres
convives, nous avons laissé le pourtour de pâte peu mangeable.
Seconde
pizza plus classique, la Parmigiana, avec aubergine, ricotta, tomates cerise,
basilic, parmesan. Mêmes observations pour la pâte, les ingrédients sont
corrects mais sans plus car la mozzarella après quelques instants est aussi
figée et vraiment gommeuse.
La carte
des vins n’est pas très riche, propose une série de bouteilles italiennes à mon
avis un peu trop chère pour ce que c’est. Je me suis rabattu sur un vin
catalan, l’unique sur la carte, un Montsant Altaroses 2015, Joan d’Anguera. Vin
biodynamique, assez aérien et très différent des autres vins de cette appellation.
Clairement
le lieu d’un point de vue architectural et décoration est exceptionnel et ce n’est
pas ces quelques lignes qui vont changer quoi que ce soit. Cela ne désemplit
pas, la clientèle semble plus focalisée au côté branché et social que vraiment
l’assiette. Une prestation culinaire bien quelconque qui ne réjouira pas les connaisseurs
de cuisine italienne, les amateurs de vraies pizze napolitaines ou autres. C’est
bâclé et approximatif, les ingrédients de base ne sont pas bons. Je pourrais
qualifier cette soirée de « caoutchouteuse » culinairement. Si c’est pour faire la fête ou avec un
groupe, l’endroit est idéal. Si c’est pour apprécier une pizza de haut vol, c’est
plutôt raté.
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