Table toute
nouvelle et de plus celle d’un docteur ! Ceci peut étonner mais Miguel Sanchez
Romera n’est pas le cuisinier classique que l’on peut s’imaginer puisqu’à la
base il s’agit d’un neurologue qui peut probablement se vanter d’avoir inventé
la « neurogastronomie ». Un
médecin qui apprit par lui-même à devenir un chef et qui eut à une époque une
table étoilée appelée « L’Esguard » un peu a l’extérieur de
Barcelone. Restaurant qui aujourd’hui n’existe plus. Suite à cela, une ouverture d’une table à
New-York en 2011 qui une année plus tard vu sa fermeture. Aujourd'hui depuis
quelques semaines, voici donc « Rice ! by Sanchez Romera » !
Un chef autodidacte
considéré comme un équivalent à Ferran Adria qui vient donc d’ouvrir une
nouvelle table au mois de Septembre dans le quartier de l’Eixample, passionné
de médecine et de cuisine. Cuisine approchée selon trois critères, la science,
la santé et l’art. Je vous laisserai le soin de parcourir son site pour comprendre le personnage qu’il est, de consulter sa bibliographie sur les
galleries marchandes de la toile ; son dernier ouvrage étant « Nourish
your brain ».
La question
qui viendra immédiatement à l’esprit sera, « est-ce une arroceria (Restaurant
à riz) ?», ou même encore « une ancienne table étoilée donc cela doit
forcement être très cher ! ». Eh bien, pas du tout ! « Rice !
by Sanchez Romera » qui se trouve dans l’Eixample est un concept où
le chef propose une cuisine créative basée sur les saveurs avec une base de riz.
Ingrédient fondamental mais en réalité moins de la moitié des plats seront préparés
avec cet aliment sain, populaire, présent dans des cultures très diverses et souvent
dans des pays pauvres. Une cuisine parfois inspirée par la Chine ou par le
Japon, mais sans jamais vraiment présenter un plat que l’on pourrait qualifier
d’exotique.
Une fois
arrivée à l’entrée, le cadre est plutôt inattendu avec ce couloir avec des
panneaux de toutes les couleurs et cette lumière plutôt vive. Une décoration
dans l’ensemble assez moderne et proche de ce que l’on pourrait trouver dans une
galerie d’art New-Yorkaise.
Dans le
prolongement, une série de tables entre structures blanches à caractère
industriels et une projection continue d’images sur le mur de gauche. Tables
élégamment dressées, nappes blanches, vaisselle comme dans un restaurant chic.
En réalité, tout ceci peut induire en erreur pour la simple et bonne raison que
le chef veut en faire un établissement abordable et de tous les jours.
L’espace
central est plutôt grand, les murs blancs sont décorés de grandes photos où l’on
voit le chef ou alors des compositions esthétiques autour du riz. Pas beaucoup
de monde mais on peut s’imaginer que l’établissement n’est pas encore connu vu
que cela ne fait que quelques semaines que celui-ci à ouvert.
Un coin avec
quelques tables où l’on pourra apprécier le cellier.
Le menu du
soir est une vraie aubaine car proposé pour la somme de 45 ou 35 euros en
fonction du nombre de plats. Cela commence avec « Notre classique huile d’olives
extra vierge pour accompagner le pain ».
Un bon pain blanc accompagné d’une coupelle d’huile avec quelques
filaments de couleur rouge, noir et crème. Des compléments de saveurs qui rappellent
l’olive, le concentré de tomate et l’ail.
En apéritif
une flute d’excellent Cava Celler Vell de Sant Sadurni d’Amoia dans la région
du Penedès.
S’il y a
bien un plat dont je me rapperai longtemps, c’est l’huitre « Louis » fumée
à la vanille, basilic et crème de poireau. Assurément la meilleure huitre que j’aie
mangé cuisinée depuis longtemps car tout d’abord pas d’utilisation de saveurs
asiatiques puissantes comme c’est souvent le cas, pas de dénaturation de l’huitre
ou de cuisson qui la rend méconnaissable, mais une parfaite maitrise des
associations de saveur et une cuisson irréprochable. Vanille, goût de fumé, poireau,
crème et basilic, c’est absolument parfait, un plat de grande table.
L’assiette
suivante semble être un classique de l’établissement et s’intitule « rouleaux
de Barcelone », de six saveurs et petite salade. En réalité des uramaki qui
sont des pièces cylindriques de taille moyenne avec deux ou plusieurs
remplissages imaginés à la suite de la création du rouleau de Californie, comme
une méthode à l'origine destinée à cacher le nori. Le riz est
à l'extérieur et le nori à l'intérieur. Le remplissage est au
centre entouré de nori, puis d'une couche de riz, et éventuellement d'un
enrobage extérieur d'autres ingrédients tels que des œufs, du poisson ou des
graines de sésame grillées. Il peut être fait avec différentes garnitures et
ici le riz de grande qualité à chaque fois été parfumé différemment ; encre
de seiche, curry, curcuma, soja vieilli. Plutôt visuel et a déguster selon moi
sans vraiment tremper ces sushis dans la sauce soja car cela perd de son
originalité et les saveurs s’estompent. Quelques légumes marinés pour
accompagner.
Nous
changeons de registre avec un excellent saumon fumé par leurs soins, fromage
frais, crudités, fruits secs et noix. Quelque chose d’un peu nordique dans les
associations.
Retour à l’ingrédient
de base avec un riz noir au beurre blanc de kombu, petites crevettes au curry,
seiches à l’ail et persil. Une vraie perfection dans la cuisson, la sauce est
donc montée avec cette algue qui correspond au laminaire japonais. Les crustacés
sont cuits à la seconde, moelleux, de bonne taille. Une recette à la base
locale mais subtilement influencée par l’Asie, jamais sans tomber dans quelque
chose de trop cliché.
Excellent coquelet
mijoté dans sa sauce de soja extra 1.810 avec des petits légumes. A nouveau, la
touche asiatique mais ô combien sublimée. Pas tout à fait sure de quoi il s’agit
avec ce chiffre, mais toujours est-il que ce fond de sauce est absolument
équilibré, la volaille de grande qualité.
Passage au
dessert avec un visuel et léger sorbet de mangue, fraise, mûre et kiwi, glace
de chocolat blanc, eau de rose et lichee. Une fraicheur bienvenue avant le dessert
suivant plus conventionnel.
Une mousse
de banane avec une soupe de chocolat chaud et des oranges confites à la vanille.
Le dessert enfantin par excellence que l’on ne peut qu’apprécier.
Pendant ce
repas un très bon Montsant Acustic Celler en millésime 2014 proposé par Jordi
mas, l’élégant sommelier qui se trouvait aussi à « L’Esguard ».
Un repas
avec un thème et une approche culinaire, des inspirations asiatiques mais
toujours approchées subtilement sans tomber dans le « fusion ».
Finalement un voyage avec divers types de cuisines mais toujours un point
commun, la qualité de produits, l’exactitude des cuissons, les saveurs
franches et de la gourmandise. Une table qui aurait pu être prétentieuse
mais aucunement, de la gastronomie qui est proposée dans un cadre urbain très
agréable et de plus sagement tarifée. Assurément une des nouvelles tables dont
il faudra suivre l’évolution de ses propositions car on en ressort vraiment
comblé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire