Je crois
que l’on ne me contredira pas si j’affirme que manger correctement sur la Rambla
est une chose absolument impossible. Passage continu des touristes, prix
élevés, congelé sur toutes les assiettes, impensable de penser s’y arrêter.
Mais depuis quelque temps, il y a au moins une adresse qui mérite d’être
découverte, celle de « Louro ». Certes ce ne sera pas l’établissement
que l’on découvrira par hasard en marchant dans la rue pour la simple et bonne
raison que celui-ci est à peine visible de la rue.
En fait
vous devez tout d’abord repérer le « Centro Galego », centre galicien
qui se trouve affiché conjointement avec un petit hôtel. C’est tout d’abord au
fond de cette allée que vous devez vous rendre et ensuite monter à l’étage.
Même s’il y a un panneau mobile dans le couloir, peu de chance de découvrir qu’il
y a un restaurant de qualité au premier étage. Ce centre galicien a tout
simplement fait une association avec le chef Manuel Núñez, du restaurant
« Arume », de « Cera 23 » , dans le quartier du Raval. Un chef galicien qui remporte un réel succès avec ses
autres restaurants.
Un bel
immeuble, une magnifique rampe d’escalier que l’on monte comme dans n’importe
quel bâtiment avec au départ un buste en bronze.
Vitraux
assez modernistes, puis vous voici face à une entrée plutôt étrange. Un peu
rutilante, assez particulière car elle rappelle de classiques faïences mais ces
dernières sont de couleur or. Un lustre assez art-déco au plafond.
On entre
dans un appartement qui a été reconverti en restaurant, la décoration a été
dernièrement refaite. Tout est un peu doré, ou alors avec des couleurs assez particulières, la décoration et mobilier sont plutôt inattendus. Difficile de
savoir si l’on a conservé quelques éléments ou non du précédent établissement.
A gauche de
l’entrée, une anti-chambre presque un peu asiatique ; des objets de décoration,
des armoires frigorifiques et de la vaisselle rangée sur des étagères.
Un peu plus
en avant, un coin presque privatif face à un bar. On peut également y manger
mais autour d’une table unique et surélevée.
La première
salle est un mélange assez particulier avec de la vaisselle dorée exposée dans
des rayons contre les murs, les tables contrastent avec leur côté bois un peu
rustique. Le plafond bleu comme à l’entrée détonne un peu dans le tout, quelques
œuvres plus contemporaines sur les murs.
La salle au
fond est plus traditionnelle mais néanmoins surprenante, avec son papier peint
de style panoramique du 18ème, ses chaises qui pourraient se
retrouver dans certains restaurants indiens, ses lampes en forme de panier de pêcheurs
ou d’autres dorées. Le long d’un des murs,
une banquette de couleur sombre avec au dessus quelques photos noir et blanc de
probables paysages de Galice. On observera également certaines structures qui
sont probablement d’origine. Je reste un peu indécis à dire si le tout a été
conçu avec cet objectif de mélanger les styles ou si ce n’est qu’une coincidence.
Le lieu est
tout à fait plaisant et pas du tout semblable à aucun des établissements de la
rue. La carte qui nous est présentée est très intéressante, propose une belle
série de mets évidement influencés par la Galice avec des touches modernes.
Pour
commencer, une tourte galicienne farcie au poulet bio et pommes. Souvent
appelée « empanada
Gallega » est une variété de tourte populaire de cette région du
nord-ouest de la péninsule ibérique. Elle y est connue, semble t-il, depuis le
7ème siècle, lorsque l'on a commencé à s’intéresser à faire voyager la
nourriture. Recouverte d'une seconde couche de pâte, cette tarte était sensée
se transporter plus aisément et à l'abris de la poussière. Ces tartes devenues
tourtes sont généralement farcies d'ingrédients régionaux, aussi bien de la
viande, du poisson, des fruits de mer ou des légumes. Souvent réalisée avec du
thon et aux poivrons, ici ue variation très plaisante au poulet et pomme pour
une touche douce.
Des bouchées
marines avec les tranches de pain grillées avec de la sardine fumée, compote de
tomates et fromage de Galice. C’est vraiment délicieux car le côté sucré de la
tomate confite tranche parfaitement avec le poisson frais, salé et fumé.
Un poisson
avec une excellente sole poêlée, sauce citrique et légumes de saison sautés. Poisson
de première fraicheur parfaitement cuit, une sauce finement acide, quelques
cubes de pomme verte infusées et les légumes semblent être en réalité des
salicornes.
Le plat
suivant est tout aussi gourmand avec un riz aux champignons sauvages avec du
fromage « Tetilla ». Excellente qualité de riz, texture parfaite de
la préparation, fond de sauce bien parfumé avec ces champignons locaux qui de
plus sont frais et le fromage en arrière goût. Fromage au lait de vache, à pâte
filée. Traditionnellement, on utilise le lait entier, de la race rubia gallega,
qui produit peu de lait, mais de qualité supérieure. La « Tetilla » est
proche des Scamorze italiens, avec une forme très caractéristique de
tétine ou de petite poire « perilla ». Frais, ils sont doux, puis ils
deviennent piquants avec l'âge
En dessert
un cheesecake cuit au four avec du fromage fumé, normalement avec des myrtilles
et une glace au fruit mais d’après ce que je comprends, il n’y a plus de cette
glace, donc le tout est remplacé par une glace à la vanille, ce qui contraste
nettement moins bien avec le gateau.
Une excellente
espuma de fromage galicien, gelée de coing, noix, pommes et glace au yoghourt,
pour terminer.
Une
bouteille de Adega Ponte da Boga Godello
2016 de la région de Ribeira Sacra, vin blanc agréable avec ce repas.
Un bel
ajout au panorama gastronomique de Barcelone avec une cuisine plus proche de la
Galice que l’autre l’établissement du chef. Des saveurs qui changent des plats
habituels locaux, des produits de qualité, des assiettes qui combinent, les
plats traditionnels galiciens avec une touche personnelle et gourmande, un
cadre étonnant et plaisant, une adresse à ajouter dans votre liste si vous ne
souhaitez pas trop sortir du centre.
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