De temps en
temps, j’apprécie d’aller dans un établissement catalan au long passé, avec un
charme parfois désuet où la tradition n’est aucunement menacée par quelque
introduction d’ingrédients asiatiques ou autres dans la cuisine. C’est le cas d’un
« Can Lluis » dans le quartier du Raval, table qui compte près de 80
années et qui a une atmosphère bien populaire même si quelques touristes y sont
probablement arrivés par hasard, fréquenté selon les dire par des artistes,
ainsi que des personnes célèbres du théâtre et de la télévision. Un coin de
rue, une jolie devanture, vraiment tout pour plaire.
L’intérieur
est vraiment très authentique et avec un charme certain. Tables recouvertes de
nappes blanches, ancien comptoir recouvert de bois, murs blancs avec des faïences
vertes a basse hauteur, poutres dans les mêmes couleurs.
Sur les
murs, un peu partout des témoignages du passés avec quelques découpures de
presse encadrées, d’anciennes photos noir et blanc, des gravures dédicacées,
des caricatures et des affiches de films.
On
appréciera la bonhommie du service avec ces gentils messieurs habillés de
chemises blanches avec leurs bretelles ; personnages faisant presque
partie du décor avec assurément une belle tranche de vie passée dans cet
établissement.
Quelques mètres
plus bas, une seconde salle qui est attenante à la cuisine et avec un plafond
légèrement plus bas.
La carte en
plusieurs langues propose comme on peut se l’imaginer une cuisine classique catalane
avec des fruits de mer, des riz, des viandes et toute la série d’entrées traditionnelles.
Cela sera pour commence des fèves aux encornets. Il faut savoir que les fèves
fraiches ne sont disponibles que d’avril à juillet, donc ici j’imagine que
celles-ci sont de conserve. On aime donc ou pas la petite peau, ici dans un
petit bouillon avec les calamars.
Une petite poêlée
de moules cuites au gril, avec un assaisonnement simple.
A noter qu’ici
l’on amène diverses petites sauces dans des récipients pour accompagner les
crustacés. Une mayonnaise, un aïoli, une sauce romesco, et une mayonnaise au
piment.
Même
cuisson pour les très fraiches coques.
La ou j’ai
un peu plus de doute c’est sur le plat suivant, à savoir les angula servies
avec des œufs. Normalement des civelles qui sont des larves de l’anguilles mais
l’explication que j’obtiens est que ce ne sont pas de vraies angulas mais des
gulas del Norte qui sont des succédanés de ces alevins, fabriqués sur le mode
su surimi. Le premier est rare et cher, le second industriel et selon moi peu
intéressant. Servies donc avec les œufs et des chips de yuca (type de manioc) un
peu trop sèches.
Un poisson
pour compléter avec une queue de lotte cuisinée comme on peut s’y attendre,
surcuite, dans beaucoup d’huile, quelques pommes de terre, ail et poivron. C’est
souvent comme cela que le poisson est cuisiné dans les établissements très
classiques.
La crème
catalane est ici une vraie perfection avec sa croute caramélisée.
Le choix du
vin se fait avec un Dido 2015, Montsant, Macabeu, Garnatxa, Xarelo de Sara
Pérez et René Barbier. Je connaissais déjà le rouge mais ce blanc est vraiment
une merveille avec sa couleur jaune pâle, ses parfums de pomme et fruits
tropicaux.
On viendra
chez « Can Lluis » pour le côté tradition et son ambiance vraiment
authentique avant tout. Une cuisine classique sans surprise avec des produits
frais, préparée de la même manière probablement depuis des décennies.
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