Ce qui est
magnifique dans cette ville c’est qu’on a l’impression que le nombre de table
de qualité est sans fin. Lorgnant toujours vers les établissements
classico-traditionnels et non pas par une cuisine créative qui ne serait
peut-être pas représentative du Piémont, mon œil avait été attiré avant ce
séjour par la « Trattoria Fratelli Bravo » qui semble avoir eu le nom
dans le passé de « Aldente »… Toujours est-il que sont bien les
frères Bravo qui en ont toujours été les propriétaires, Ruggero en salle et Diego dans la cuisine.
Située un
peu en dehors du centre au pied des collines et le long du fleuve Po dans le Corso Moncalieri, vous
trouverez facilement à vous parquer dans cette rue plutôt passante. Une maison
un peu bourgeoise de couleur vieux rose, quelques plantes et des ardoises
présentant les plats du jour vous accueilleront.
Une fois le pas
de porte franchi, vous aurez presque l’impression d’être arrivé chez un particulier
car à première vue on se croirait dans un appartement. Armoire probable pour
les vêtements, bibelots un peu partout, caisses de vin empilées.
Un établissement
de style rustique, meublé assez classiquement, un lieu qui est convivial et
assez proche de ce que l’on s’imagine être une trattoria italienne. Trois
pièces pour recevoir la clientèle et une petite terrasse pour l’été.
Chaque pièce
offre un certain nombre de tables recouvertes de nappes à carreaux rouges et
blancs, de bougies et de pâtes « fusili » utilisées pour attacher les
serviettes. Sur les murs, d’anciennes gravures, des tableaux de la madone, des chapelets
d’aulx, des découpures de presse encadrées, de vieux meubles, une vieille radio
et un ensemble d’ustensiles de cuisine. Dans un coin de l’une des pièces un
vieux poêle.
Et même une
machine à café qui souvent se trouve derrière un comptoir, ici proche des convives,
conférant un côté encore plus convivial
à la salle à manger.
Une atmosphère
détendue, informelle et qui se prête à merveille pour un repas des plus conviviaux.
N’oublions pas
que Turin est la maison des fameuses équipes de la Juventus et du Torino FC, ce
qui expliquera l’exposition de t-shirts signés dans une des salles.
Ruggero parle
français et aura été à nos petits soins pendant toute cette soirée toujours
prêt à discuter d’un plat ou d’un autre et surtout à nous faire des recommandations.
Un service qui sera toujours très professionnel, souriant et précis. Ici vous pourrez trouver une cuisine
piémontaise habilement réalisée et de qualité qui utilise d’excellents
ingrédients.
Pas de carte en
papier mais des ardoises sur certains murs qui reflètent les propositions du
jour.
Sur la table d’excellents
grissins, spécialité de la région.
Le pain lui est « maison »,
typique de l’Italie du nord avec ce goût si particulier et peu salé.
Nous choisirons
deux entrées très réputées de la trattoria qui seront à notre agréable surprise
partagées sur nos deux assiettes. Le « vitello tonnato de Bravo » est ce que l’on
pourra appeler un plat « signature » car ce dernier a été enrichi en
y ajoutant des noisettes broyées sur le dessus. La viande est coupée
finement, recouverte de sa sauce à base de thon très fine recouvertes avec
parcimonie de ces noisettes provenant des collines de la région des Langhe. Les
Langhe sont des collines
situées au sud de Turin, où les produits phares de cette opulente région sont,
truffes, fromages, noisettes, marrons et chocolats. Un plat incontournable en
tout cas pour une première visite.
Le "Battuta
di Fassone con crema di tartufo”, un hors d’œuvre classique du Piémont, qui est
en fait à la base un tartare de bœuf haché au couteau. Je m’étais longuement
demandé ce qui signifiait « Fassone » et appris qu’il s’agit d’une
viande de race bovine de la région, plus précisément de la province de Cuneo. Une
viande peu grasse, de grande qualité, idéale pour la préparation de plats
goûteux et typiques. Une fois assaisonnée, ce qui est le plus surprenant c’est
que ce tartare est agrémenté d’une sauce tiède à base de truffes. A vrais dire
tartare froid et sauce crémeuse chaude peut
sembler un peu étrange mais s’harmonisent plutôt bien.
Deux demi-entrées
plutôt riches et gourmandes.
En « primi
piatti », nous nous partagerons les « gnocchettis » à la sarde
avec de la saucisse et tomate ». Ce
nom traditionnel des « gnocchettis » vient du mot « Malloreddus
» en sarde, qui signifie « petits taureaux » et est considéré comme le plat par
excellence des Sardes. La spécificité de ces petites pâtes réside dans sa
taille, ainsi que dans sa texture dessinée pour donner une unique structure
striée et repliée. Autrefois, elles étaient obtenues en pressant leur surface
directement avec le fond d'un panier en osier, appelé « ciurili ». Cette
technique a aujourd’hui été remplacée par l’utilisation d’une planche à
découper rainurée. Ils seront cuisinés avec un mélange de tomates et de saucisse découpée en
petits morceaux.
En plat
principal, le classique foie de veau à la vénitienne qui aurait pu être bien plus
tendre. C’est à la base un foie de veau
émincé servi avec une compotée d’oignons qui peuvent être préparés selon
diverses écoles ; parfois les oignons sont juste poêlés, parfois ils sont
longuement compotés dans un liquide (vin, bouillon) comme ici. Le foie ici
semble avoir été cuit dans cette compotée d’oignons. Comme accompagnement,
quelques pommes de terre sautées au romarin.
Pour moi la
« Tagliata di fassone avec du Castelmagno et pomodorini ». La viande
décrite ci-dessus est rapidement snackée pour rester rosée à l’intérieur,
découpée en fines tranches et ensuite recouverte de ce fromage de vache émietté, qui provient de
la commune de Coni. Fromage à pâte pressée cuite et semi-dure avec des petites
tomates bien sucrés. Une association de produits de qualité.
En dessert,
une crème glacée que nous nous somme partagés appelée « truffe noire »
de la maison Giovanni Francesco Marrella.
Mon choix de vin s’est avéré être des plus audacieux car j’avais l’envie
de goûter à nouveau une appellation peu connue et plutôt particulière. La Freisa d’Asti qui est un vin rouge
effervescent du Piémont dont le nom provient de sa couleur et odeur assez
proche de la framboise et fraise. C’est un vin plutôt sec mais souple qui se
consomme jeune. Il existe passablement de détracteurs et d’admirateurs pour ce
vin ; toujours est-il que ce I
ronchi Domenico Capello La Montagnetta fut des plus agréable et appréciable
avec ce repas.
Une très jolie
trattoria où l’on mange une bonne cuisine partiellement piémontaise mais aussi
d’autres provinces d’Italie dans un cadre chaleureux et convivial.
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