Retour à
l’un de mes bistrots préférés de la jolie cité d’Annecy. Je ne sais pas
pourquoi mais je devrais penser à y venir un peu plus souvent car cet endroit
est vraiment fantastique dans sa catégorie. Certes pas au milieu du vieil
Annecy touristique et encore moins dans coin qui est très engageant et rien ne laisse penser que cette table est
vraiment unique.
Sur un tout
petit square coincé entre un débit à kebabs et un cabinet de recrutement, voici
« le Bistro du Rhône » où le tout Annecy gourmand vient se restaurer.
Une fois le pas de porte franchis vous serez surpris par la joliesse de cette
salle à manger et surtout l’accueil exemplaire de Sophie Cavoret. Exemplaire
car c’est avec un grand sourire que vous serez placé à l’une des tables et
c’est plutôt devenu rare de nos jours…
Une salle
très contemporaine, des murs couleur
caramel, qui semblent avoir été récemment égayés par de nouveaux tableaux plus
lumineux et colorés. Un ensemble de tables en bois contemporaines type bouleau qui
sont simplement apprêtées avec de la vaisselle et verres; au fond la cuisine et
le bar.
Ce qui vous
frappera également c’est aussi que Sophie tout au long de ce repas sera d’une extrême
amabilité, gentillesse et efficacité pour une salle pleine d’environ une
quarantaine de couverts et également de bon conseil.
Soit l’on
peut manger à la carte soit au menu (qui d’ailleurs se trouve sur leur site). Le
chef Patrice Cavoret et son équipe vous proposent donc un menu du marché à
24.70 euros en trois plats composé en fonction des produits de saison et un
second appelé menu-carte du bistro à 39 euros avec également trois plats mais
au choix. Quatre entrées, quatre mets principaux et quatre desserts.
Le type de
cuisine pourrait être qualifié de « bistronomique », avec évidement
des produits de saison, des dressages étudiés, des inspirations culinaires
parfois méditerranéennes et parfois simplement régionales mais toujours avec la
petite touche qui veut montrer que l’on souhaite amener un peu de créativité
aux assiettes.
Après avoir
été offert du pain grillé avec un peu de rillettes de porc et ensuite une
petite crème d’asperges bien goûteuse sur un mélange de Philadelphia aux herbes
nous avons reçu nos entrées.
La première
intitulée la raie ; l’aile en terrine pressée aux poireaux sauce
hollandaise et petite salade. Quel bonheur de trouver ce poisson dans un
établissement car tout d’abord c’est une délicatesse et deuxièmement il est
toujours un peu apprêté de la même manière, à savoir aux beurre et câpres. Ici
on chamboule la donne avec une terrine de poisson très délicate avec des
strates de poisson et de jeunes poireaux. Sur le côté quelques vertes et
tendres asperges et la sauce hollandaise déposée sur l’ardoise. Une entrée fine
et légère, printanière.
J’ai choisi le crabe ; la chair sauce pil-pil
dressée en cannelloni et accompagné d’un condiment pomme verte et gingembre.
Sur une assiette noire le cannelloni froid se retrouve farci de la chaire du
crabe à laquelle a été intégrée cette célèbre sauce. La sauce pil-pil que l'on
accompagne généralement avec crevettes ou morue à l'origine semble être
espagnole (plus précisément du pays Basque), préparée avec de l'huile d'olive, de
l'ail et du piment. C’est original et gourmand et de plus enrichi d’une touche
fraiche, acide, sucrée, croquante et avec une subtile influence asiatique par
l’utilisation parcimonieuse du gingembre.
En met
principal l’agneau ; la selle désossée farcie à la tapenade purée d’aubergines
et jus au romarin. Le genre de plat que l’adore manger dans le sud mais tout de
même ici revisité, presque proche de ce que l’on pourrait parfois trouver par
exemple en Turquie. La crème d’aubergine est fine, l’agneau a une cuisson
parfaite avec un agréable goût d’olive, une asperge pour le côté végétal et le
jus certes classique est parfait.
Pour moi la
volaille ; suprême fermier rôti, mousseline de pois gourmands, chips de
parmesan et jus de viande perlé à l’huile d’olive. On appréciera la qualité de
ce suprême rôti à la perfection car la peau est croustillante et la viande
encore moelleuse. La mousseline est vraiment surprenante car « il fallait
avoir l’idée » et de plus s’avère être délicieuse, balancée par le goût
plus prononcé de cette tuile de fromage amenant une touche croustillante au
tout.
Deux très
jolis desserts classiques mais qui ne sont pas toujours aussi réussis qu’ici avec
un excellent sablé fraise, framboise, pistache. A noter que la pistache se
présente sous forme de taches de crème comme d’ailleurs le coulis rouge
additionnel.
Et un baba « bouchon » au rhum et
chantilly. Appelé de cette manière en raison de sa forme, il sera accompagné d’une
petite carafe qui contiendra du rhum que l’on versera selon ses envies. A
nouveau un dessert classique et irréprochable.
La carte
des vins est vraiment très intéressante, privilégie les vins de propriétaires principalement
de la vallée du Rhône, Languedoc-Roussillon et autres vignobles du sud. Un
choix précis avec de très bons propriétaires qui illustre parfaitement la
volonté de se distinguer des établissements où l’on laisse les fournisseurs
faire l’assortiment… Nous sélectionnerons un Les Creisses en 2013 de Philippe
Chesnelong. La renommée du Domaine des Creisses n'est plus à faire et je prends
souvent ce vin lorsque je le trouve sur les cartes. Présent sur les grandes
tables gastronomiques de France, c’est un vin qui s'exprime avec du fruit, de
la longueur et une superbe finesse.
Voici une sensationnelle
adresse que celle de Sophie et Patrice Cavoret, à l’écart de l’effervescence de
la vieille ville d’Annecy où l’on est toujours magnifiquement accueilli avec
une cuisine pleine de justesse, de saveur, gourmande et tout ceci dans une
ambiance très agréable.
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