Rares sont
les endroits qui me laissent un ressenti tel que celui vécu ce soir chez
« Antiche Sere ». Surement que beaucoup de personnes apprécient ce
côté hospitalier souvent rencontré dans la plupart des trattorias en Italie
mais ici l’expérience à cet endroit fut que plus mémorable…
« Antiche
Sere » ne se trouve pas vraiment dans le centre touristique mais dans un
quartier que je ne pourrais pas vraiment décrire car ni franchement esthétique
ni franchement banlieusard mais un peu résidentiel. En fait la rue ou se trouve
cette table semble être un peu morte et l’on pourrait se demander même comment
un tel établissement se trouve la… En fait, ce « bourg » de San Paolo
fut à une époque le quartier historique des travailleurs de Turin.
Un petit
panneau avec indiqué « Osteria », une lumière en forme de boule qui
me rappelle les années soixante, un bistrot de quartier qui n’a surement jamais
changé depuis des décennies. Une fois à l’intérieur, j’ai eu l’impression de
revenir dans le temps et même de me retrouver dans un film de Julien Duvivier
et d’éventuellement de voir attablé Don Camillo en train de se bagarrer avec
Peppone…
Le décor de
« Antiche Sere », c’est quelque chose… Après quelques minutes, on ne
sait plus trop bien à quelle époque nous sommes car finalement ce « no décor »
est tellement actuel que cela pourrait devenir presque un lieu
branché-bobo ! Je ne sais pas combien d’établissements aujourd’hui
essaient de reproduire ce style épuré mais en tout cas ici…c’est « du
vrais et d’époque » !
Vieux sol
en catelles, lambris en bois à
mi-hauteur sur les murs, tables recouvertes de nappes blanches et emballages de
grissins, chaises de bistrot un peu dépareillées, planchers dans une partie de
l’établissement et tout ceci sur trois salles qui ressembleraient plus a des
salons d’appartements qu’autre chose.
Dans la première, le comptoir avec son alignement de bouteille à côté de
la caisse enregistreuse.
Dans les
autres pièces des meubles d’antan, vieilles photos ou gravures, le tout
dégageant une atmosphère chaleureuse et confortable. Et dans la troisième chambre, vous pourrez voir la
cuisine à travers une grande niche qui sert de passe-plat.
Egalement
une pergola où l’on peut manger par temps clément.
Ce qui tout
de suite me réjouit, c’est l’accueil… Une dame toute souriante qui parle un peu
le français nous invite à prendre place et qui sera absolument délicieuse tout
au long de ce repas en nous apportant d’ailleurs constamment quelques mets
additionnels pour nous faire déguster ce
que nous n’aurions pas eu l’opportunité de choisir…
La cuisine « Antiche Sere » et typique du
Piémont, préparée par le chef Daniele Rota et la
collaboration de Claudio Zambolo.
Une cuisine traditionnelle très rassurante et gourmande, qui démarre avec les
hors-d’œuvres mixtes.
Une fabuleuse langue
de veau en sauce verte. Comme d’habitude coupée extrêmement finement recouverte
d’une excellente sauce verte à base de ciboulette, persil, ail, anchois et échalote.
Un plat ô combien
banal qui peut parfois être simplement infect ou alors à l’opposé sublime !
La salade russe qui est devenu un plat international depuis sa création en 1860
est ici réalisée avec une macédoine de légumes frais et une mayonnaise
légèrement parfumée avec du thon. L’assaisonnement est tout bonnement parfait
et cela faisait des années que je n’en avais pas mangé une de cette qualité.
Du Salami
de Turgia, fabriqué dans le Piémont est une
saucisse typique de la Valli di
Lanzo, dans la province de Turin. C’est un produit fabriqué à partir de viande de vache, de
saindoux, de lard de porc, sel,
poivre, d'ail, de vin rouge et des épices. Le mot « Turgia » dans le Piémont indique une vache stérile,
qui a donc atteint
la fin de sa carrière de reproduction mais cette saucisse peut également être
réalisée avec de jeunes animaux. La consistance
est plutôt molle et l’on a presque l’impression que la viande est un peu crue
mais le tout est délicieux à manger.
Et les « Tomini elettrici ». La
plupart du temps ce sont celles « al verde », un fromage crémeux frais mais
léger réalisé avec du lait de vache caillé. Sur le dessus, des aromates ou
plutôt une mixture, avec de l’huile de tournesol, du persil frais, du vinaigre,
des miettes de pain, des cornichons, des anchois, de l’ail, du sel, du poivre
noir, des câpres et des poivrons. Le tout est mixé afin d’obtenir
une préparation grossièrement taillée et déposés sur le fromage. Mais
ici elle a été « électrifiée » signifiant que du piment a été ajouté
ce qui lui donne une couleur plus rouge sombre.
Pour
terminer quelques instants plus tard, une quiche de légume et fromage chaude dont les légumes
étaient des courgettes et des asperges. Une tarte ménagère exemplaire où tout
est bon…la pâte excellente, crémeuse, le goût du fromage bien équilibré.
Comme notre serveuse veut
vraiment nous faire plaisir, elle nous proposera très gentiment de nous servir
des demi-portions. Nous commencerons évidement avec des pâtes et ici avec des « Tajarin »
à la Piémontaise. Ces fameuses pâtes
piémontaises sont une version plus fine que les tagliatelles. Ici avec une
fabuleuse sauce locale préparée à base de viande hachée de bœuf mais surtout avec des foies de poulet; ceci confère à cette sauce à base d’un peu de tomate un gout très
fin.
Autre demi-plat
dont la portion est plus proche d’un plat qu’autre chose.. des gnocchi au
gorgonzola. Je pensais savoir bien faire mes gnocchi…eh bien non…Ils furent
moelleux mais pas liquides, un dosage pommes de terre et farine parfaitement
maitrisé. La sauce elle n’est pas trop crémeuse ou lourde et semble n’être que
le résultat d’un fromage fondu de superbe qualité.
En second plat,
un « Albese con sedano e parmiginanno », tranches de
veau coupées fines avec des
branches de cèleri, du parmesan, citron, huile d'olive
extra vierge, sel et poivre.
Léger et réalisé avec d’excellents produits.
Pour moi, le
genre de plat ménager qui est fantastique quand bien préparé, le lapin au vin
blanc. La chaire est bien tendre et pas sèche comme cela peut souvent être le
cas avec le lapin et la sauce vineuse est onctueuse sans aucune trace d’acidité.
Nous ne
souhaitions que partager un seul dessert mais notre délicieuse serveuse nous
indique qu’il est impensable que de manquer leur Panna Cotta qui nous sera
gracieusement offerte. Et il est vrais que je ne suis pas généralement très excité par ce dessert mais ici ce fut je
dirais une révélation ! La texture est extraordinaire, le goût crémeux est
parfait, le tour recouvert d’un bon caramel liquide.
J’avais en fait
choisi un dessert local appelé « Bonnet ». Il s'agit d'un très ancien dessert
aristocratique typique du Piémont, à base de lait et d'œufs aromatisé aux « amaretti »
et puis cuit au bain-marie dans le four. Originellement, il n'y avait ni de cacao ni de
chocolat et ce n'est qu'au 19 ème
siècle, compte tenu de la découverte du cacao en Amérique et la mode chez les
familles aisées, que cet ingrédient est venu colorer la crème et surtout lui
donner de la profondeur. Les « amaretti » restent en note de fond et
donnent une texture plus épaisse, très agréable.
Avec ce
repas un excellent Barbera d’Alba
Ghiomo Lavai 2011 avec des arômes et saveurs profondes, complexe de cerises, canneberges
et de framboises avec des notes de réglisse.
Et comme on
ne peut pas finir un repas comme cela…c’est toujours avec le sourire que l’on
nous offre une très bonne grappa de la maison Poli.
Le service
fût comme précédemment énoncé souriant, adorable et exceptionnellement
efficace. Une table d’une autre décennie
ou l’on se croirait presque chez la « nonna » et où l’on mange une
délicieuse cuisine piémontaise familiale dans un cadre d’une autre génération.
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