De là à
dire que la Catalogne est un paradis pour gastronome, nous n’en sommes pas loin
et c’est toujours un grand plaisir de découvrir de nouvelles tables. C’est donc
dans la petite ville de Pals que vous trouverez « Vicus ». Pas forcément
très attirante au premier abord comme ville mais un tour dans le centre historique
vous fera surement changer d’avis. Lorsque vous arrivez devant l’établissement
vous serez probablement un peu surpris par l’apparence extérieure car on se
demande s’il s’agit d’un restaurant ou d’un hôtel.
D’après ce que j’ai pu
comprendre, initialement c’était effectivement un hôtel mais qui ensuite a été
transformé. Ceci explique pourquoi le comptoir de l’entrée ressemblerait à une
réception et que vous trouverez un sofa face à l’entrée.
La salle
est aussi plutôt particulière avec son haut plafond qui à nouveau indique que
nous étions probablement dans le « lobby ». Une décoration difficile
à définir car l’éclairage est plutôt moderne mais on retrouvera d’anciens
meubles, la tapisserie murale est plutôt classique et neutre, les cuisines sont
séparées par une paroi recouverte de bois, le sol est un carrelage sans
particularité. Les tables
sont élégamment dressées de nappes blanches et disposées certaines le long d’une
banquette murale.
Une carte
en français pour ceux que cela intéresse qui propose deux menus. Le « Dégustation » a 42.50 euros et le « Riz » à…(je n’ai
pas noté le prix et n’est servi qu’à midi). En d’autres termes, le choix entre
une approche qui semble être créative et une approche traditionnelle. Il va
sans dire que ce qui m’intéresse c’est le premier mais les second ne propose en
fait que le riz en met principal. A noter tout de même que le riz de Pals a une
très bonne réputation et se retrouve souvent dans les plats locaux.
En lisant l’intitulé
des plats je suis tout de suite emballé par la probable créativité du chef. Par
exemple le menu « Riz » du midi propose comme dessert une soupe de
litchis à la pomme, myrtille et fenouil ! Pas banal cela!
Pour patienter,
quelques « simples » olives farcies aux anchois. En réalité, cela
semble plutôt commun mais je ne me rappelle pas avoir dégusté d’olives farcies
aussi exceptionnelles. En me renseignant, j’apprends qu’elles proviennent d’une
production artisanale faite à la main de la petite ville de l’Escala. Ceci
explique pourquoi chaque olive a un goût presque différent car l’anchois n’a
pas toujours la même consistance et même saveur.
Première
assiette avec une salade d’asperges blanches et palourdes. Le dressage est
élégant est très actuel avec sa fleur et l’utilisation d’une coupelle blanche.
La salade est rafraichissante avec ses asperges encore un peu croquante et les
palourdes décortiquées. Une petite crème parfumée également à l’asperge pour
jouer avec les textures.
Le met
suivant me fera une grande impression ; la soupe d’aubergines au ravioli
de sardine, yaourt, pignons et tapenade. Déjà je n’avais jamais dégusté ce
légume en potage et j’aurais pu craindre quelque chose de fade, eh bien non l’assaisonnement
est tout bonnement parfait, la consistance idéale entre liquide et suffisamment
compacte. Le ravioli est absolument
superbe. Réalisé avec une fine lamelle d’aubergines poêlée et pas grasse, on
retrouve la chaire de la sardine à l’intérieure qui apporte une touche marine
au plat mais sans insister sur la saveur plutôt forte de ce poisson. Quelques
pignons pour le côté texture croquante mais aussi la saveur grillée et la
touche de yaourt pour un clin d’œil probablement moyen-oriental car
aubergine-yaourt est une combinaison gagnante car cela ajoute une touche d’acidité
et de fraicheur. Un plat résolument moderne et qui pourrait se trouver dans
plusieurs établissements modes de cette nouvelle génération de chefs.
Autre très
belle assiette que Sébaste chèvre au tartare de tomate. Le Sébaste chèvre n’est
pas une association poisson-fromage comme l’on pourrait le croire mais un type de
rascasse des fonds de la mer. Un poisson poêlé rapidement gardant encore son moelleux,
posé sur de la tomate concassée mais aussi quelques touches de sauce tomates
adoucie comme un concentré et une autre sauce à base d’herbes. Un plat
parfaitement cuisiné et exécuté avec légèreté.
Le plat
principal m’aura aussi fait grande impression avec la Joue de porc ibérique aux
pistaches, betterave et yaourt. Je dis « wow » car déjà le jeu de
couleurs et le dressage sur l’assiette est splendide. La viande confite pendant
de longues heures est succulente, fond en bouche et ce qui m’impressionne c’est
la justesse de l’accompagnement. Un ravioli de betterave farci avec une sauce
au yaourt avec quelques pistaches pour amener une touche croquante. C’est tout
bonnement un plat délicieux, gourmand, impressionnant de maitrise et comme la
crème d’aubergine, digne de se retrouver dans liste des plats classiques
revisités et vraiment modernes.
Le dessert
sera beaucoup plus traditionnel, intitulé Le chocolat et comme le nom l’indique
une déclinaison de mousse, gâteau et glace. Une touche vanillée au centre. Un
bon dessert mais moins surprenant.
Avec ce
repas, un flacon de Flor d’Albera 2012 de l’Empordà de la maison Marti Fabra.
Un vin blanc avec une belle couleur jaune paille, des notes minérales et
florales ; équilibré et une acidité plaisante.
Nous
ressortirons plutôt impressionné de cet établissement qui a su nous proposer
une cuisine moderne et créative exécutée avec de très bons produits. Deux plats
vraiment sublimes, une vraie cuisine d’auteur. Le chef Damia Rafecas qui a évidemment
travaillé avec le fleuron de la nouvelle cuisine catalane comme entre autres, ABaC
à Barcelone, Carme Ruscalleda de San Pau
et chez le chef Miguel Sanchez Romera. Clairement nous avons un cuisinier qui a
su créer son identité en proposant une cuisine d’exception.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire