J’avais repéré il y
a quelque temps une table probablement intéressante qui avait été promue récemment
par le guide Gault-Millau dans la région viticole de Cairanne. « Côteaux et Fourchettes » avec son
chef Cyril Glémot "jeune chef de talent 2015" de la région PACA, se
trouve en plein milieux du vignoble au carrefour de deux routes. Difficile de rater le panneau qui indique
clairement le lieu qui se partage entre un caveau et un restaurant.
Une bâtisse
actuelle qui ressemble plus à un entrepôt qu’un restaurant, avec un grand parking
sur le devant et qui ne laisse pas vraiment présager ce que l’on y trouvera à l’intérieur.
En fait, une partie de ce bâtiment est un caveau et sur un autre côté la table.
L’intérieur est plutôt
agréable, moderne, débute avec un petit hall qui donne l’accès sur une assez
grande salle à manger.
Mais le plus
agréable sera sans aucun doute la très jolie terrasse presqu’aménagée comme un
jardin japonais avec ses « decks » entre lesquels se trouvent des
allées de petits cailloux, ses petites kiosques en bois, petits oliviers et des
massifs de buis ci et là. Endroit assurément parfais pour de belles journées
bien chaudes et si possible sans vent, ce qui n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui.
C’est donc dans la
salle intérieure que nous dînerons, salle assez agréable avec comme couleurs
thématiques peu courantes, le violet-mauve et le vert pomme. Les tables sont
bien espacées, la vue sur la terrasse est plaisante.
Ce qui surprend
également, c’est le nombre de couverts car l’on doit bien atteindre 80 si
complet ; ce dimanche on estimera que l’établissement n’est pas complet
mais au deux tiers. Observation intéressante que je développerai plus loin.
Première
observation, les menus sont plutôt sagement tarifés ; le « Coteaux »
à 39 Euros ou 32 sans le fromage, et le « Fourchettes » à 51 Euros ou
44 sans le fromage. Il existe également un menu « Découverte »
concocté par le chef suivant le marché et son inspiration.
Quelques
grignotages pour commencer avec des olives noires, des feuilletés salés et des
petits blinis avec une préparation à base de saumon.
Puis un
amuse-gueule, une agréable espuma de pommes de terre vitelottes légèrement
violacé et chips au parmesan.
Quelques jolis
petits pains nous serons apportés dont un à l’abricot sec.
Nous choisirons
deux entrées différentes avec tour d’abord, le Duo de Foie gras de canard cuit
au sel, chutney d’ananas au gingembre confit façon croque-monsieur, réduction de
vin doux naturel Rasteau. Entre deux tranches de pain grillé, la version poêlée
et sur le dessus celui en terrine. Le chutney se trouve entre les tranches et
la réduction est plus un essai artistique visuel qu’autre chose. Une branche de
cerfeuil, une tige de ciboulette. La qualité des foies est bonne mais cela
reste très classique dans le genre.
J’ai choisi le Feuilleté
aux premières asperges vertes du pays et aux dernières truffes Mélanosporum, œuf
poché sur une duxelle de champignons. Quelques asperges vertes en éventail de
qualité standard, un feuilleté très léger et la duxelle qui est goûteuse. L’œuf
est posé avec sa forme circulaire parfaite sur les asperges accompagnées d’une
sauce crémeuse. Je n’ai par contre pas trop senti le goût des copeaux de la
truffe. Une entrée tout aussi classique que l’autre, presqu’un peu scolaire
selon moi.
En plat principal
nous prendrons le Parmentier d’agneau aux panais, carré d’agneau fumé au thym,
carottes fanes glacées, jus réduit à la tapenade. L’agneau est présenté comme
un petit gâteau surmonté de la purée de panais ; le fond de sauce est bien
parfumé, les légumes légèrement surcuits. En accompagnement une délicieuse côtelette
simplement rôtie. Un plat parfaitement réalisé et sans surprise.
Un seul assortiment
de fromages affinés par Josiane Déal (M.O.F.)
présenté sur une assiette longue.
En dessert,
probablement le met le plus créatif, appelé Sur l’idée d’un fraisier avec un
riz au lait aux olives noires confites. Le riz est entouré de tranchettes de
fraises, à l’intérieur des olives noires sucrées amenant une saveur
intéressante en bouche et une tuile caramélisée sur le dessus avec une glace à
la fraise.
Comme nous sommes
également dans un caveau avec un choix magnifiques de vins locaux, nous avons évidemment
sélectionné des vins de Cairanne. Il
faut savoir que vous pourrez demander à ne pas finir vos flacons et vous
pourrez évidement repartir avec vos bouteilles entamées. Pratique que l’on
devrait plus souvent proposer à la clientèle dans les établissements.
Magnifique Cairanne
Oratoire St Martin Haut-Coustias de chez Fréderic et François Alary qui est
l'une des plus belles de l'appellation en blanc. Un vin fin et élégant avec une
belle persistance.
Et ensuite en
rouge, un très beau Cairanne 2012 l’Exigence du Domaine Boisson, avec une
bouche puissante et une belle vivacité. Des arômes d’épices, de cacao et fruits
confits.
Pour le nombre de
couverts, il nous a semblé que le service était en sous-effectif, courait un
peu dans tous les sens mais il faut noter que nous n’avons jamais attendu ni eu
de problème dans la température des assiettes. Simplement ce fut un peu assuré
sans émotion et sans vraiment se préoccuper des clients qui devaient se
resservir de vin en permanence.
Alors que dire… Tout
dépend de ce que l’on apprécie… C’est une cuisine plutôt convenue, sans
surprise mais parfaitement réalisée et
qui risque de plaire à la majorité de la clientèle. Si l’on recherche des
assiettes plus actuelles ou surprenantes, de l’émotion dans les associations de
saveurs et un contact plus personnalisé, cela ne
sera pas le cas. Un très bon rapport qualité-prix indéniable avec un chef qui
semble avoir trouvé une approche rentable puisque l’établissement semble avoir
du succès.
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