dimanche 6 mars 2016

Goldener Anker, Interlaken



Je ne savais pas vraiment si j’allais publier ce billet car rarement j’ai eu autant de doute à propos de cet établissement qui a tout fait ce qui fut possible pour rendre cette soirée agréable. 

Mais commençons néanmoins par un sujet qui risque de fâcher certains de mes compatriotes… La cuisine Suisse…n’existe pas. Ou alors ce ne sont qu’une série de plats à base de fromage ou autres plats campagnards autour des cochonnailles. Et voilà.  Certes il y a un certain nombre de tables réputées en Suisse comme celle du défunt Benoit Violier mais cela n’a pas grand-chose de Suisse.

Mais là où il faut vraiment « faire une expédition » …c’est au cœur de la Suisse Alémanique. Certains vont faire des  expériences gastronomiques en Scandinavie, dépensent des fortunes pour « la dernière création du chef X », se réjouissent de participer au « prochain repas à quatre mains de Y» et se plaisent à découvrir des assiettes avec d’improbables associations, de fleurs, des décalages d’aliments sur le côté et j’en passe…

Chers foodistes…venez en Suisse Alémanique car cela sera une expérience au-delà de toute attente ! Vous pourrez arroser la toile de surprenantes photos, épater vos amis en soirée, paraitre comme l’incontournable gastronome dans votre entourage !

Essayer de résumer cette cuisine est absolument impossible car il faut la vivre…la voir...et surtout la goûter ! Et à nouveau j’insiste…je ne fais pas allusion aux fondues, aux raclettes ou autres papets de poireaux…mais une cuisine venue d’une planète étrange… 

Je me rends régulièrement dans l’Oberland bernois et séjourne à Interlaken. Une petite ville bien fréquentée l’été principalement avec des flots de touristes venus visiter la région de la Jungfraujoch mais aussi le point de départ pour plusieurs stations de skis telles que Grindelwald, Mürren wt Lauterbrunnen. Nous y trouverons une restauration plutôt internationale allant de « l’italien à l’indien en passant par de la junk food », bref rien de vraiment très excitant. Même les palaces du coin ne proposent pas grand-chose d’exceptionnel et le plus souvent à des prix démesurés et injustifiés.

Donc pourquoi ne pas « simplement manger local…Suisse ».  En consultant le site web vert et blanc que tout le monde critique…mais que tout le monde utilise… Je me dis que 250 personnes considérant le « Goldener Anker » comme excellent et terminant numéro 1 du classement ne peut pas fondamentalement être une grossière erreur. En plein centre, dans un immeuble, une table qui d’ailleurs appartient à l’hôtel du même nom.


Quelques affiches murales à l’extérieur pour de probables manifestations, quelques pots de fleurs, de la lumière à l’intérieur.


Une salle vraiment très étrange comme je n’avais pas vue depuis des dizaines d’années… Des lumières entre psychédéliques et de Noël, des peintures murales comme dans les années 70, des disques encadrés et une série de tables où l’on ne sait pas si nous somme dans le restaurant ou dans le café.




Au fond, un écran géant diffusant une compétition de ski, un billard, une espèce de scène avec une décoration « disco ». Difficile de savoir si nous sommes dans un restaurant, une maison de la jeunesse et de la culture, une discothèque, une salle de jeu, un café, un bar ou un restaurant… On dira que c’est un peu de tout cela… Une décoration kitsch à souhait.


Un accueil très aimable de la serveuse…une patronne qui tourne autour des tables pour s’enquérir de notre satisfaction, nous sommes dans un lieu hors du commun !

La carte…pas facile de faire son choix, entre plats asiatiques peu inspirés, produits pas trop attirants comme de la dinde et des spécialités tout de même un peu banales. 

Nous resterons sages avec pour commencer une salade de mâche, croutons, lardons et œufs durs. Jusque-là rien de très extraterrestre, sauf peut-être la saucière qui nous est amenée et qui pourrait contenter une tablée d’une demi-douzaine de personnes. On dira que tout se fait avec beaucoup de générosité. Une salade tout ce qu’il y a de plaisant.


Alors passons à cette cuisine d’un autre monde avec des dressages comme dans peu d’endroits avec l’Entrecôte BEO Beef au beurre maitre d’hôtel. Rien à dire avec la viande simplement grillée mais quelle surprise de trouver une assiette avec du kiwi, des fraises, un fruit exotique jaune non identifié et une fleur ! Je vous l’avais bien dit…On ne va pas nous apprendre à dresser les assiettes en Suisse, tout le monde nous copie !


Mais attention, voici une grande expérience…L’Entrecôte au lard, sauce au poivre vert, brocoli, pommes-frites.  Allez savoir pourquoi mais l’entrecôte arrive sur une brochette dont l’extrémité est une épée… La sauce est quelque chose que je serais bien incapable de reproduire ou alors je devrais faire un stage d’une année pour reproduire cela. Assurément ce fond de sauce que toutes les familles Suisses Allemandes connaissent provient d’une boite en poudre de l’une de nos « deux marques bien de chez nous » …Epaisse, avec un goût indéfinissable de « vieille sauce » trop salée et légèrement montée j’imagine avec de la fécule de maïs. On y aura ajouté les quelques pauvres grains de poivre vert mais ici on y aura associé témérairement des graines de maïs ! Il fallait y penser… Les brocolis cuits à l’eau sont trop salés, surcuits et recouverts de pignons grillés ! Deux pauvres tomates cerises acides pour « égayer » l’assiette… J’oubliais cette tranche de lard cachée sous la sauce et qui ne fait qu’ajouter un goût salé prononcé.  Franchement…un moment jubilatoire que nulle-part au monde vous ne pourrez vivre !


Les frites sont passables mais sentent un peu l’huile.


Une erreur de bouteille et nous voici servi un excellent Valpolicella Ripasso Gaso de 2011.


Malgré tout le service fut impeccable, la patronne ravie que cela plaise, tout ceci dans la bonne humeur ! Et même avec le sourire, un dessert qui nous fut offert qui lui aussi est une autre expérience en soi. Une « sorte » de crème « Stalden » pour ceux qui connaissent…avec de la banane dedans… Quelque chose entre dessert pour bébés et desserts pour soldats à la cantine…


Une soirée vraiment inhabituelle, une cuisine que je qualifierais d’unique, une expérience presque ethnique que tous les soi-disant foodistes doivent vivre… Les expériences scandinaves ou autres….ne vaudront jamais celle-ci. On rigolera tout de même en pensant à celles et ceux qui donnent un avis sur le site « vert et blanc »…

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