Bodega Lito, Barcelone

 

Que celles et ceux qui regrettent la disparition de El Barri et de la Bodega 1900 de Albert Adria se réjouissent de la réouverture de l’endroit sous un nouveau nom, celui de Bodega Lito. Un des endroits les plus plébiscité dans le passé pour la qualité de ses produits, de ce bar à tapas hors du comment qui ravissait tout ceux qui recherchaient des produits d’exception. C’est l’ancien chef de salle de Bodega 1900, Angel Geriz qui a donc repris l’établissement depuis le mois de mai, épaulé par les sympathiques cuisiniers, l’argentin Tariel Macharashvili et le chilien Héctor Bracchiglione eux aussi de la Bodega 1900. Donc vraiment tout pour une réussite dans les mois qui viennent !

Toujours un bar à tapas traditionnels dont la carte n’est pas exactement comme celle du passé mais avec quelques propositions qui y ressemble. On y trouvera néanmoins les légendaires olives en sphères, l’une des plus connue réalisation moléculaire de El Bulli mais c’est tout.

Le décor n’a pas changé et l’on retrouvera ce qui faisait le charme d’antan avec entre autres cette série d’encadrement de l’histoire de la famille Adria. Quelques tables dans la première partie où se trouve quelques plats en cours de dressage ou exposés comme les anchois et moules à l’escabèche, puis la seconde salle avec la cuisine apparente au fond.

Les produits de saison exposés avec ces superbes tomates, piparras, aubergines et courgettes.

Ici comme par le passé, c’est le produit d’exception qui est au centre de l’assiette. Des produits exclusivement locaux et de saison, provenant de petits producteurs et fournisseurs triés sur le volet et par exemple pour les légumes, bio. Non pas un de ces presque ennuyeux bar où l’on sert sans grand effort ce que l’on trouve de disponible au marché du coin mais des assiettes qui vraiment raviront les plus exigeants.

Bien sur, une partie de la réalisation des plats se fait avec un four Josper et il vous sera proposé quelques plats du jour ne figurant pas sur la carte comme du mérou et des ris de veau.

Ne pas manquer de déguster les olives de la Bodega, les fameuses olives donc sphérifiées. En immergeant un liquide combiné à de l'alginate de sodium dans un bain-marie contenant du calcium, une sphère parfaite se forme qui permet que la saveur éclate en bouche lorsqu'elle est consommée. Ce processus de sphérification est une des techniques de base des menus moléculaires. De 2005, ces olives sphériques sont à base de jus d'olive verte, normalement des Verdial.

Sublimes boquerones au vinaigre de riz et il me semble garum d’anchois, mais à confirmer. Une pêche au large de barcelone, une qualité de poisson comme j’ai rarement trouvé, pas de surcuisson par le vinaigre et une texture vraiment moelleuse. Le zeste de citron amenant énormément de fraicheur en bouche.

Une délicieuse salade de tomates, pois mange-tout et huile de thym. Rares sont les bonnes tomates à Barcelone, mais celles-ci sont vraiment délicieuses. Les pois en toutes fines lamelles amènent de la sucrosité et du croquant à l’assiette, une huile très parfumée et diverses sortes de basilic dont un peu de thaïlandais.

La fantastique langue de veau maturée en 50 jours, parfait au foie de poulet. Cuite a 65% pendant 24 heures, finement tranchée, accompagnée de ce crémeux pâté et sur le dessus un peu d’oignon doux en filaments et quelques pousses. Accompagné de pain plat saupoudré de piment de la Vera.

Puis un excellent mérou grillé au four Josper donc sur la braise, accompagné de jeunes poireaux toujours cuits au grill avec un peu de sauce teriyaki pour amener un côté un peu doux.

Puis pour couronner ce repas, un cheesecake au moca, inspiré de la recette d’Adria. Belle texture crémeuse comme il se doit et point trop sucré.

Comme vin un blanc Gran Crysalis Xarello Chardonnay, doré et très glycérique, avec une pointe de fraîcheur dans le nez, des notes florales et agrumes.

Indéniablement parti pour le succès avec ces assiettes toutes remarquables. De la fausse simplicité car le produit est au centre de l’assiette ; pas de produits luxueux comme par le passé mais l’essentiel qui est le goût, la qualité, la noblesse du simple produit local et de saison. Tout est préparé avec très grande maitrise et les tarifs sont plus que raisonnables. On a pensé à une clientèle locale et non plus à attirer le touriste qui ne semble plus tout à fait être au rendez-vous en ce moment.