Récente
table que celle-ci est pas encore connue du grand public, ce qui ne va tarder
de l’être cette année pour maintes raisons. Tout d’abord « Rilke »
est supervisé par le chef Rafa Peña du fameux « Gresca » qui en a
séduit plus qu’un avec sa cuisine catalane moderne. Ensuite, l’emplacement de
cette nouvelle table est tout bonnement magnifique, car non pas dans une arcade
mais dans un appartement situé dans le quartier de l’Eixample et à ce jour les
prix sont étonnements raisonnables pour une telles prestation flirtant avec le
macaron. Si vous ne connaissez pas l’adresse, c’est bien simple, vous ne
trouverez jamais l’endroit qui n’est pas vraiment indiqué à l’extérieur, ce qui
explique qu’à cet instant, seuls les locaux en connaissent l’adresse. Un bel
immeuble non loin du passage de Gracia, une grande porte entourée de ferronnerie, voilà,
c’est la ! Le nom de l’établissement étant celui du poète autrichien Rainer
Maria Rilke qui vécu de 1875 à 1926.
L’intérieur
a complètement été transformé avec un goût irréprochable et une élégance
incontestable. Les responsables de cette rénovation étant un cabinet ayant déjà
œuvré dans les magnifiques « La Confiteria » , « Muy Buenas » ces bars du quartier San Antoni, « L’Alegria » et « El
Paradiso » que je ne connais pas encore. Il s’agit de Enric Rebordosa de
ce groupe Confiteria qui transforma l’ancien établissement Basque
« Beltxenea » pour le métamorphoser en « Rilke » avec un autre
groupe au nom de Kafka.
Hall d’entrée
garnis de plantes, tapis rouge sur la rampe d’escalier, toujours aucune
indication que nous sommes dans un établissement public. Cela sera donc au
premier étage que vous vous rendrez ou plutôt ce que l’on appelle le Principal
où la porte d’entrée est entre-ouverte.
Une fois
celle-ci franchie vous serez immédiatement sous le charme de ce cet intérieur
un peu décadent, romantique, à l’ambiance assez inhabituelle. Une arrivée
immédiate dans ce somptueux bar à cocktails avec son puits de lumière central,
le bar comme un autel dans une église. Boiseries sculptées, murs blancs, cheminée,
canapés rouge sang et éclairage délicat. Autel car cette pièce auparavant
servait de chapelle pour la famille Rilke.
La salle à
manger attenante est presque impériale avec sa vue sur une cour intérieure.
Plusieurs pièces d’appartement élégamment réhabilitées en conservant le charme
d’antan de la vieille Europe. Des murs recouverts de tapisserie verte et or, un
ensemble de tables rondes avec leurs nappes blanches, entourées de sofas en
velour toujours de couleur grenat, des lustres au charme un peu rétro. Le mobilier
d’origine s’intégrant parfaitement dans ce lieu classique mais subtilement
contemporain.
Une des salles
comme une verrière, donnant sur la fontaine de la terrasse avec ses lions, sa reproduction
de la Venus de Milo en son centre et de la végétation dense sur tous les côtés
Une oasis au milieu de la ville où l’été les repas seront également servis.
Si
l’établissement est donc supervisé par Rafa Peña qui aussi crée les assiettes,
en cuisine nous retrouverons Jaime Tejedor qui auparavant travailla chez
« Libentia », « Saüc » et la « Ciudad Condal ».
Tous deux proposant une haute cuisine qui associe style Français et Catalan. On
pourrait s’imaginer que compte tenu de la beauté de l’endroit et de la qualité
du service que les prix seront plutôt élevés mais tout est parfaitement
raisonnable pour un tel établissement. Pas de menu mais un choix à la carte
avec des assiettes que l’on peut se partager mais tenant compte de la
sophistication de celles-ci, des plats individuels m’ont semblé être plus
appropriés. A première vue des plats plutôt bourgeois, classiques qui n’utiliseront
que des produits de saison et sans références à des ingrédients autres que
locaux. Selon Rafa Peña, des recettes inspirées par un ouvrage écrit en 1835
appelé « La cuynera catalana » et « Ma cuisine » d’Escoffier
datant de 1934, ouvrage de référence, posant les bases de l‘art culinaire
français moderne.
Une agréable
petite mise en bouche avec une feuille de salade type iceberg avec un tartare de
thon agréablement assaisonné, une crème battue en dessous, servie sur un
service peint très classique et presque au design oriental.
Nous entamerons
ce repas avec une bouteille de Cava Rimarts Brut Reserva 18.
Très belle
entrée avec la Torrija « Escalivada », sardines et sofrito. Normalement
la Torrija est un pain perdu espagnol, un dessert traditionnel que l’on déguste
durant la Semaine Sainte. Mais ici il a été travaillé de manière salée avec une
« Escalivada », met traditionnel catalan qui consiste à braiser et
ensuite mélanger aubergines, poivrons et tomates rôties à l’huile d’olive.
La sardine encore un peu moelleuse est découpée en tronçons, quelques feuilles
vertes et de sofrito qui est une pâte de tomate aillée et oignonnée que l'on
fait revenir à l'huile. Le sofrito est une base de sauce pour différents mets.
Une entrée comme l’on dit plein de soleil, gourmande et très joliment dressées
avec ces fines lamelles de pain grillées comme des tuiles.
Seconde
entrés avec des cailles et salade de poireaux. Poireaux, escarole, oeuf poché
et sauce Romesco. Jolie association, textures complémentaires et saveurs justes
avec cette classique sauce catalane qui se marie comme on peut se l’imaginer
parfaitement avec du poireau non loin du calçots non encore disponible en cette
saison. La volaille est parfaitement saisie, l’œuf amène un quelque chose de
suave en bouche.
Autre
classique catalan mais revisité avec le cannelloni au faisan. Pâte d’une belle
finesse, farce gouteuse et une sauce particulièrement délicate avec également un
fon de volaille. Ce plat est fréquent sur pas mal de cartes mais ici la recette
a été sublimée.
Très belle
autre assiette que ce Parmentier de ris de veau, huitre et oignon frit. Un ris
saisi au beurre à la minute, une association plutôt surprenante que cette huitre
chaude mais tout de même pas complètement cuite, toujours un fond de viande
particulièrement gourmand et la pomme de terre plutôt en mousseline. Quelques
rondelles d’oignon frites pour le côté croustillant.
Dans les
plats principaux un fameux pigeon rôti accompagnés de champignons et racines.
Volaille tendre, bien cuite, fond de sauce toujours à la hauteur comme les
précédentes assiettes. Quelques champignons qui pourraient être de la
chanterelle et des panais sans oublier de la betterave.
Nous
restons dans la tradition avec un cochon de lait croustillant à la courge et
pommes de terre. Viande qui fond en bouche, peau qui croustille comme il se
doit, une agréable crème de courge pour une touche douceâtre. Les quelques
pommes de terre type rate sont sautées et ajoutée à l’assiette. De la gourmandise
à l’état pur.
La carte
des desserts reste elle aussi plutôt classique et courte, cela sera le flanc
au safran, glace, orange et mousse au lait d’amandes amères. Un ensemble de
saveurs elles aussi justes, une composition également d’inspiration locale.
On peut
actuellement regretter que la carte des vins ne soit pas plus complète, mais il
semblerait que celle-ci nécessite une mise-à-jour selon les propos du
sommelier. Cela sera un étonnant Penedès que ce Cosmic Vinyaters Passio
Marcelan 2016, provenant d´un vignoble planté avec la variété Marselan à 500
Mètres d´altitude.
En fin de
repas retour au bar pour quelques cocktails, conçus et élaborés par Juan
Serrano, mixologue réputé de l’ancien bar à cocktails avant-gardiste d’Albert Adria,
« 41 degrés ». Toutes les élaborations sont d'auteur et il y en a
pour tous les goûts.
Un « La
Querida », une vodka infusée au citron keffir, noix de coco, kalamansi et
bière au gingembre.
Un « festival »,
capucana, pamplemousse, citron vert, goyave, framboise, cannelle et cardamome.
Par une
fausse porte à côté de l’entrée nous accéderons ensuite à d’autres pièces un
peu dissimulées comme tout d’abord le cellier avant d’arriver dans des salons
privés.
Une salle
réservée pour les amateurs de whiskys et cigares avec une large sélection de
bouteilles exposées dans des armoires vitrées.
Incontestablement
une très belle soirée dans un lieu hors du commun. Le cadre est splendide, le
service de qualité et la cuisine est vraiment délicate. Comme précédemment
énoncé, des mets d’un certain classicisme avec des produits de choix, des
cuissons pointues, des accompagnement et sauces parfaitement maitrisées. Pour
une cinquantaine d’euros par personnes, voici une des plus belles prestations
gastronomiques en ce moment à Barcelone. On se réjouira de pouvoir probablement
diner à l’extérieur cet été et également de découvrir de nouveaux cocktails.
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