Je me lance
ce soir dans un genre de cuisine plutôt particulière, celle du Vénézuéla, pays
dans lequel je me suis rendu il y a belle lurette et à vrais dire je ne me
rappelle pas grand-chose de leur cuisine. Il faut savoir que la répression de Maduro fait monter en
flèche les demandes d’asile en Espagne et que Barcelone reste donc une
destination de choix. La gastronomie vénézuélienne est très variée et
s'apparente sous certains aspects à celle de la Colombie. Une cuisine élaborée
à partir des produits locaux comme le maïs, les poissons et fruits de mer les
pommes de terre, le riz et l’arepa (sorte de pain de maïs). Mais avec l'arrivée
des européens les influences de la cuisine méditerranéenne et les traditions
culinaires africaines ont transformé les habitudes alimentaires de la
population.
C’est au « Caña
de Azúcar » dans le quartier de l’Eixample que depuis 2016, la cheffe
Adnaloy Osío avec sa sœur Adriana, élabore une cuisine créative vénézuélienne,
basée sur des recettes traditionnelles, mais avec les techniques culinaires les
plus actuelles. Une cheffe venue en Espagne pour étudier à l’école
Hofmann, qui ensuite travailla chez Mugaritz, Jordi Cruz de ABaC et Berasategui ;
c’est quelque chose qui se doit d’être visité !
Une entrée
qui donne sur une porte vitrée à travers de laquelle l’on perçoit un intérieur
très coloré et chaleureux. Quelques
plantes tropicales de chaque côté pour nous donner l’impression que nous sommes
aux Caraïbes.
Un
intérieur complètement fidèle à ce que pourrait être une maison coloniale
vénézuélienne, un environnement plein de couleurs et de charme. Une première salle, un bar en contrebas et une
seconde salle avec des murs de briques dans le fond.
Haut
plafond, quelques plantes ci et là, des lampadaires réalisés en paille qui
illuminent cette salle aux murs blancs et rouge-framboise.
Au moment
de la réservation sur internet, vous aurez la possibilité de déjà choisir l’un
des menus de dégustation, chacun avec plein de plats pleins de couleurs et de
saveurs, ainsi que des desserts originaux ainsi qu’une belle sélection de cocktails.
Cela sera celui intitulé « Sabor a
Venezuela Pa´ tí y Pa´mí » tarifé à 68 euros pour deux personnes. Une
carte existe également mais l’approche de menu de dégustation m’a semblé être
la meilleure pour une première visite. Un ensemble de plats avec un
dénominateur commun qui est donné par la zone d'influence, les produits, arômes et
fruits tropicaux. Cependant l’on percevra quelques touches innovantes ci et là,
puisqu’il s’agit d’une cuisine un peu créative.
Pour
commencer « El tipico tequeño». Le tequeño est une mise en bouche vénézuélienne et colombienne
typique, qui est aussi très présente au Pérou et beaucoup de restaurants en
proposent. Il est composé de fromage dur en bâtonnets entouré d'une pâte à base
de blé, puis frit. Le nom « tequeño » vient de la ville de Los Teques
(Venezuela), lieu d'origine de cet hors-d'œuvre selon la conception populaire.
Ici avec du fromage de vache frais, servi avec de la « guasacaca »
qui est une sauce à base d’avocat, oignon, poivron, piment, ail, coriandre,
persil et vinaigre. Aussi de la sauce « rosita de la vera » et du sirop
de canne à sucre. Présenté sur une feuille de bananier et accompagné de petits
bols avec les sauces. Plutôt assez inattendu car les saveurs sont celles d’un
chausson au fromage relevé par ces délicieuses sauces.
Ensuite la « Chalupa
de Cana », qui est un gateau de maïs doux cuit au four à bois sous un
carpaccio d’avocat, un ragout de poulet, du fromage de vache frais, du pico de
galllito des caraibes, du fromage crème créole, une purée d’haricot et du
piment jalapenos frais. On appréciera le coté « petites herbes » sur
le dessus. Au Mexique, la Chalupa est une petite tortilla de maïs ovale
épaisse, avec un peu de condiment sur le dessus mais ici c’est vraiment
un délicieux gateau légèrement doux avec un ensemble de petits plats sur le
dessus.
Surprenant
et délicieux ceviche « sauvage » réalisé avec du Maigre sauvage
mariné dans leur lait de tigre à base de citron vert, kimchi, coriandre fraiche
et miso blanc avec une texture crémeuse et d'un goût très doux presque sucré. Accompagné de patates douces caramélisées au
four de bois dans le sirop de cane, menthe fraiche, cancha serrana qui est une
sorte de gros grains de maïs, betteraves, panais et carottes croquantes. C’est
un ceviche vraiment très différent de ce que j’ai mangé auparavant et très
gourmand.
Nous
poursuivons avec un arepa de « aseda negro », veau effiloché en
casserole cuit a 84 degrés dans cinq épices, vieux cheddar, chou rouge, truffe
noire et pousses de petits pois. Les arepa sont de petits pains de maïs que
l’on mange le matin ou le soir comme en-cas. On le garnit de divers ingrédients.
Très joliment dressés, la viande est délicieuse, relevée par le chou un peu
vinaigré comme un pickle. Ce qui ne m’a pas vraiment séduit c’est l’utilisation
de la truffe qui dénature un peu l’idée originelle. Une touche créative superflue
selon moi.
Un dessert
bienvenu avec la douceur citronnée, qui est un crémeux de guimauve au citron,
sur Maria croustillante qui est un type de biscuit écrasé, cannelle et fruits
secs. C’est une fin sucrée tout à fait plaisante.
Avec ce
genre de repas, il m’y semble que le Cava Brut Nature Reserva « Descregut »
2015 Metode Tradicional serait un parfait accord, ce qui fut le cas.
Un très agréable
repas avec un large éventail de sensations fraîches et gaies qui rend cette
cuisine très accessible, réalisée avec quelques probables clins d’oeils aux
techniques ou associations plus européennes. Les présentations sont vraiment
soignées, les saveurs sont vraiment plaisantes, les assiettes gourmandes, le
tout parfaitement orchestré par ces deux sœurs qui sauront vous amener beaucoup
de soleil dans toutes les assiettes.
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