C’est en
plein centre de Chamonix que se trouve l’historique hôtel du Mont-Blanc de 1849
qui a subi une rénovation de deux années par l’architecte Sybille de Margerie.
C’est aussi lors de cette rénovation que le restaurant a été complètement
transformé et a vu l’arrivée du chef Mickey Bourdillat déjà bien connu à
Chamonix puisqu’il travaillait à l’époque dans le restaurant « Le Bistrot ».
Son étoile rendue au Michelin et le voici à nouveau dans des cuisines, celles de
l’hôtel, avec probablement une partie de son ancienne brigade.
Aujourd’hui
le temps est maussade mais on pourra apprécier néanmoins l’extérieur avec son
jardin et sa piscine. Façade blanche, volets azur, verrière, tout a été fait
pour amener une touche actuelle à l’ensemble de l’édifice.
Le
restaurant d’ailleurs se trouve derrière cette verrière qui pourrait un peu
rappeler l’architecture parisienne du 19 ème siècle. Une allée fleurie et vous
voici dans le hall d’entrée qui sert de bar-lounge.
Un palace
avec une très belle décoration et un goût sans faille qui a su conserver les
structures classiques d’antan en y ajoutant une légère touche soit moderne soit
montagnarde. Un endroit chic mais décontracté, un magnifique bar avec une
étonnante parois de rondins de bois, Couleurs grises, taupes, rouge, tout est d’une
très grande harmonie. Piano, orchidées, c’est vraiment un délicieux endroit
avec en plus un accueil des plus chaleureux.
C’est dans
ce salon que nous nous arrêterons avant de passer à table. Un coin avec un
extraordinaire mobilier fait sur mesure pour ceux qui apprécient un peu le
style danois des années 50 à 60 mais avec une touche italienne. Des fauteuils
de structures boisées aérées et coussins de cuir des plus confortables, un
ensemble de canapés de couleur écrue longeant les murs et fenêtres de la
verrière avec quelques coussins aux couleurs vives.
Derrière le
bar avec un autre endroit pour consommer ici avec un côté plutôt assez féminin
avec ce mobilier à la couleur rose.
Assis dans
ces confortables sofas, nous voici suggérés de prendre une boisson. Nous choisirons
sur les conseils du serveur une excellente Roussette de Savoie Domaine Blard en
2015. Avec l’apéritif, une planche sur laquelle nous trouverons une crème de
choux avec quelques gouttes d’huile de noisette, des grissins, de la foccacia
avec une préparation à base de truite saumonée et un pain bis avec une
tapenade. Une sympathique entrée en matière.
La salle à
manger est tout aussi réussie, dans un style équivalent où subtilement l’on conserve
ce côté un peu classique d’antan mais où l’on a su intelligemment juste
apporter une touche de pseudo simplicité avec ces tables toujours faites sur
mesure dressées de manière très actuelle, épurées, sans de complication et
toujours de couleurs vives. Une vraie réussite que de se sentir dans un endroit
privilégié mais tout de même accessible sans de côté ostentatoire. La cheminée
centrale amenant ici aussi une touche très contemporaine à l’ensemble.
Dans une
salle annexe, une possibilité de se retrouver autour d’une table lorsqu’il y a
un certain nombre de convives.
La carte
propose une formule de plus en plus courante dans beaucoup d’endroits où l’on
peut sélectionner des menus en deux ou trois plats avec un choix dans cette
carte. La grande formule étant sagement tarifée à 45 euros, mais la carte de
vins se rattrape tout de même un peu sur les prix. Une cuisine a prime abord basée
sur des produits de saison et des assiettes non pas compliquées à la lecture
mais plutôt une cuisine bistronomique avec des ingrédients choisis et de
qualité.
Par exemple
en entrée le foie gras de canard poêlé, rhubarbe et betterave. Un foie cuit à
la perfection, sans trop de gras sur l’assiette, chaud. Sur le côté racine
rouge et aussi jaune, une rhubarbe pour une légère pointe d’acidité.
Ou alors un
Tataki de bœuf, œuf cuit à 63 degrés servi froid et piperade. Manière de
préparer la viande à la japonaise en faisant dorer dans une poêle à feu vif le
filet de bœuf de tous les côtés dans l’huile sans trop cuire la viande, suivi d’une
éventuelle marinade puis découpe en fines tranches. Sur le dessus une parfumée
et douce piperade d’origine basque à base de poivrons rouges et tomate. Et l’œuf
« parfait », cuit à basse température, avec sa texture très particulière
avec un blanc peu cuit et une consistance de crème un peu dense. C’est frais,
gourmand, et absolument parfait.
En met
principal, un filet de porc cuit à basse température, haricots Paimpol, chorizo
Bellota, pistou. La viande qui vient d’une ferme de Megève fond en bouche, les
haricots de Bretagne sont frais ou alors peut-être demi-sec ce qui est plutôt
rare. Souvent aussi appelés « Coco », ils complètent fantastiquement
l’assiette sans oublier ce pistou très parfumé et la touche légèrement piquante
du chorizo issu de la plus prestigieuse catégorie de porc ibérique, celui
nourri avec des glands. Une belle assiette gourmande qui ne peut que plaire.
Je ne peux
pas m’empêcher de choisir le ris de veau, vin jaune, girolles et pâtes fraiches
avec un supplément de 18 euros. Le ris est vraiment cuit à la perfection car
déjà très bien nettoyé ce qui n’est pas toujours le cas, il est croustillant à
l’extérieur et moelleux en son centre, doré et très bien poêlé. En dessous des tagliatelles fraiches,
quelques délicieuses chanterelles et la sauce au vin jaune qui aurait peut-être
être un peu plus prononcée. Un supplément me fut même proposé suite à ma
remarque au serveur. Une assiette finalement plutôt rare car souvent les ris
sont inondés dans une sauce et accompagné trop classiquement de riz. Encore une
très belle assiette très gourmande.
Nous
passons aux desserts qui furent dans la tonalité de ce repas avec un cylindre
croquant abricot et praliné. De saison, le praliné est toujours quelque chose
qui s’harmonise parfaitement avec ce fruit.
Et pour moi
un macaron chocolat et framboise. Léger avec une mousse au chocolat très bien
dosée et de jolis fruits. Sur le côté, belle idée que d’ajouter une touche de
fraicheur avec une crème glacée à la framboise.
Pour terminer,
quelques mignardises avec les cafés.
Avec ce
repas un Saint-Joseph Aurélien Chatagnier en 2014. Vin produit par un jeune
vigneron qui révolutionne l’appellation avec des tannins fins et élégants.
Voici une
très belle soirée dans un lieu vraiment très agréable, chic mais non ampoulé.
Un agréable moment au bar avant de passer à table pour se réjouir de se voir présenté
une cuisine réalisée avec d’excellent produits, gourmande, bien présentée et avec
des cuissons précises. « Le Matafan », un lieu à découvrir et re-découvrir.
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