Les
endroits avec autant de charme qu’ici ne sont malheureusement pas très nombreux
et lorsque l’on en découvre un comme celui-ci, on aurait presque l’envie d’en
garder l’adresse que pour soi…
Le village
de Vesc il faut déjà y venir car ne se trouve pas forcement sur un axe routier
classique mais dans la Drôme non loin de Dieulefit et si vous avez l’idée de
visiter cette belle région ou même si vous allez au sud, sans aucune hésitation,
venez rencontrer Jules Duguet de…
« Chez mon Jules ».
Arrivés de
nuit, il m’est un peu difficile de m’imaginer dans quel type d’endroit se
trouve Vesc mais une fois la, vous serez sur que ce n’est pas une ville mais un
tout petit village bien paisible avec une seule maison illuminée dans une rue.
Une maison
aux murs rouges sang, quelques vélos d’enfants devant l’entrée et une lumière
plutôt douce à l’intérieur. Sur la fenêtre de l’établissement, des inscriptions ;
celles des « partenaires » qui sont en réalité les fermes et
producteurs locaux qui fournissent la cuisine de Jules.
Une fois la
porte franchie, c’est dans un univers un peu inattendu que vous arriverez. Un
bistrot magnifiquement décoré un peu comme un magasin d’antiquaire dans l’esprit
du marché aux puces/brocante tels que celui d’Ile-sur-la-Sorgue.
Un bar à l’entrée
où l’on peut debout boire un coup probablement à n’importe quel moment de la
journée.
Et ensuite
la salle de bistrot avec ses tables et chaises de bois qui sont toutes
différentes les unes des autres. Des plantes sur le rebord des fenêtres et un
ensemble d’objets insolites un peu partout. Instruments de musique, saxophones,
trombone, piano, ancienne cartes routières, cages à oiseaux, divers vases ou
jarres et un objet un peu étrange qui contient un mélange probable d’eau et d’huile
colorée que l’on balance de gauche à droite et qui produit « un tableau »
de vagues et bulles un peu psychédélique…
Dans un
autre coin de cette pièce qui ressemble finalement plus à une maison d’hôte qu’à
un traditionnel restaurant, une grande table communautaire où l’on prend le
petit déjeuner car l’on peut également trouver ici de charmantes chambres d’hôtes.
Un coin cheminée, un buffet et dans un autre coin, une collection de vinyles et
une platine…
L’ambiance
ici est vraiment un élément important de la maison car on a plus l’impression
de se retrouver chez des particuliers que dans un lieu de restauration traditionnel.
Immédiatement vous serez imprégnez par cette
délicieuse atmosphère qui annoncera une très belle soirée.
Autre
agréable endroit attenant à la salle à manger…. « la cave » qui
en réalité est un petit salon très convivial à côté de la cuisine qui propose
quelques fauteuils rouges probablement trouvés dans un ancien cinéma ainsi qu’une
parois de bouteilles devant laquelle l’on peut s’assoir autour une table.
C’est d’ailleurs
ici que vous pourrez par exemple prendre un apéritif et nous en profiterons
étant dans la région de prendre une Clairette de Die, un vin
pétillant de la Drôme aux arômes fruités (muscat), de belle couleur jaune pâle
et plutôt doux.
Quelques instants plus tard, Jules nous apportera généreusement une
terrine de canard aux fruits secs accompagnée de quelques tranches de bon pain.
Une excellente terrine bien relevée avec le juste niveau de graisse. J’entends
par là...pas trop sèche.
La carte
propose différents types de menus dont celui du jour qui sera immédiatement
visible car affiché sur une ardoise dans la salle. Des menus à 29 (celui de l’ardoise),
32 (entrée, plat et dessert) 37 (avec fromage en supplément) Euros. Ce qu’il
faut savoir c’est que tout est ici est quasiment bio et de production locale.
Viandes, fromages, pains, légumes et vins….le label bio est partout et c’est
avec beaucoup d’idées que Jules prépare une cuisine que je qualifierais de
gourmande, bistrotière mais toujours avec un soupçon de créativité.
Nous
panacherons avec le menu à 32 Euros mais en prenant le plat principal suggéré
de l’ardoise.
Une
agréable entrée en matière avec une très bonne huile du moulin Richard de Nyons
et un pain artisanal, suivi d’un espuma de chou rouge et cèleri avec sur le
dessus une fine lamelle de concombre au vinaigre et des feuilles de coriandre. Intéressante
et très convaincante combinaison d’ingrédients.
En premier
plat, une caillette maison au foie gras, velouté d’herbes fraiches et toast à l’huile
d‘olive. La caillette est un plat ancestral d’Ardèche que l’on mange plutôt en
hiver qui consiste en une boulette de viande de porc et de légumes verts. Cette
boulette est ensuite enroulée dans de la crépine et cuite au four. Il existe
bien sûr plusieurs sortes de caillettes,
de la caillette aux choux mais
elle se fait généralement avec du vert
de blettes, certains rajoutent aussi des épinards. La farce de porc peut aussi parfois contenir des abats mais
ici c’est du foie gras qui a été utilisé. En fond d’assiette une fine sauce aux
herbes et une tranche de pain toastée a l’excellent goût d’huile. Je relève que
sur le dessus l’on trouve quelques pousses qui amènent de la fraicheur au plat.
Cette caillette est vraiment délicieuse.
Autre
entrée avec un gravlax de filet de bœuf aux écorces d’agrumes, huile d‘olive citron
et parmesan. Normalement il s’agit de saumon que l’on laisse mariner dans le
sel et sucre et qui perd son eau après quelque temps pour donner quelque chose
de très concentré et ici cela a été réalisé avec du bœuf comme la recette
originale mais avec des essences de fruits. Le résultat est très probant, assez
ressemblant à une viande séchée mais plus tendre et fine en bouche. Les
accompagnements sur le côté sont soignés avec de l’excellent parmesan et
quelques légumes confits.
Le plat
principal restera un moment assez mémorable car il est très difficile de
trouver ce plat sur la plupart des menus de chasse ; le lièvre à la royale.
C’est déjà une recette assez compliquée dont l’origine est si je me rappelle
bien du 18e siècle et que le roi Louis XIV affectionnait
particulièrement et selon l’histoire ce plat aurait été créé suite à l’arrachage
de toutes ses dents et la volonté de vouloir continuer à manger de la viande
sans la mâcher… C’est un plat à base de sang qui fut remis au goût du jour dans
les années 70 par Paul Bocuse. Quand réussi, ce plat est vraiment exceptionnel,
avec une chaire de lièvre tendre, moelleuse, parfumée, accompagnée d’une sauce
au vin réalisée avec les abats, le sang de la bête et des alcools type porto et
cognac. Je n’ai pas eu l’occasion de manger très souvent ce plat car sa
préparation est très longue mais ici ce fut parfait. J’ai cru comprendre qu’il
s’agissait d’une cuisson à basse température de cinq heures.
En accompagnement,
quelques légumes tout d’abord cuits à la vapeur et ensuite poêlés ; carotte
violette, panais, navet, chou de Bruxelles et poivron rouge. Avec cela, un
espuma de carotte à la crème. Un magnifique plat principal qu’il faut avoir
gouté au moins une fois dans sa vie.
Nous
partagerons ensuite un plateau de Picodons fermiers de différents affinages.
Fromages de chèvre de la région qui furent exemplaires.
Et pour terminer, un très léger et gourmand cheesecake au citron vert
réalisé avec des speculoos et du beurre pour le dessus et le fromage parfumé au
citron. Quelques petites bouchées gourmandes sucrées sur les côtés.
C’est sur
les recommandations de Jules que nous choisirons un vin très particulier du
Domaine Rieu Frais, Coteau des Baronnies en 2012. Une syrah élevée en foudre de
chêne, d’un rouge rubis et grenat dense. Un vin très charnu avec un goût assez
fauve qui se mariera à merveille avec le met principal.
Voici un endroit comme l’on aimerait en trouver plus souvent où tout est
réalisé culinairement avec passion, un endroit qui serait presque familial et
sans trop de conventions. On s’y sent tout de suite à l’aise, l’accueil est
souriant et charmant, le décor étonnant !
Chez mon Jules
Le Village, 26220 Vesc, France
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