dimanche 23 novembre 2014

Chez mon Jules, Vesc



Les endroits avec autant de charme qu’ici ne sont malheureusement pas très nombreux et lorsque l’on en découvre un comme celui-ci, on aurait presque l’envie d’en garder l’adresse que pour soi…

Le village de Vesc il faut déjà y venir car ne se trouve pas forcement sur un axe routier classique mais dans la Drôme non loin de Dieulefit et si vous avez l’idée de visiter cette belle région ou même si vous allez au sud, sans aucune hésitation, venez  rencontrer Jules Duguet de… « Chez mon Jules ». 

Arrivés de nuit, il m’est un peu difficile de m’imaginer dans quel type d’endroit se trouve Vesc mais une fois la, vous serez sur que ce n’est pas une ville mais un tout petit village bien paisible avec une seule maison illuminée dans une rue.

Une maison aux murs rouges sang, quelques vélos d’enfants devant l’entrée et une lumière plutôt douce à l’intérieur. Sur la fenêtre de l’établissement, des inscriptions ; celles des « partenaires » qui sont en réalité les fermes et producteurs locaux qui fournissent la cuisine de Jules.


Une fois la porte franchie, c’est dans un univers un peu inattendu que vous arriverez. Un bistrot magnifiquement décoré un peu comme un magasin d’antiquaire dans l’esprit du marché aux puces/brocante tels que celui d’Ile-sur-la-Sorgue.


Un bar à l’entrée où l’on peut debout boire un coup probablement à n’importe quel moment de la journée.


Et ensuite la salle de bistrot avec ses tables et chaises de bois qui sont toutes différentes les unes des autres. Des plantes sur le rebord des fenêtres et un ensemble d’objets insolites un peu partout. Instruments de musique, saxophones, trombone, piano, ancienne cartes routières, cages à oiseaux, divers vases ou jarres et un objet un peu étrange qui contient un mélange probable d’eau et d’huile colorée que l’on balance de gauche à droite et qui produit « un tableau » de vagues et bulles un peu psychédélique…




Dans un autre coin de cette pièce qui ressemble finalement plus à une maison d’hôte qu’à un traditionnel restaurant, une grande table communautaire où l’on prend le petit déjeuner car l’on peut également trouver ici de charmantes chambres d’hôtes. Un coin cheminée, un buffet et dans un autre coin, une collection de vinyles et une platine…




L’ambiance ici est vraiment un élément important de la maison car on a plus l’impression de se retrouver chez des particuliers que dans un lieu de restauration traditionnel.  Immédiatement vous serez imprégnez par cette délicieuse atmosphère qui annoncera une très belle soirée.




Autre agréable endroit attenant à la salle à manger….  « la cave » qui en réalité est un petit salon très convivial à côté de la cuisine qui propose quelques fauteuils rouges probablement trouvés dans un ancien cinéma ainsi qu’une parois de bouteilles devant laquelle l’on peut s’assoir autour une table.




C’est d’ailleurs ici que vous pourrez par exemple prendre un apéritif et nous en profiterons étant dans la région de prendre une Clairette de Die, un vin pétillant de la Drôme aux arômes fruités (muscat), de belle couleur jaune pâle et plutôt doux. 


Quelques instants plus tard, Jules nous apportera généreusement une terrine de canard aux fruits secs accompagnée de quelques tranches de bon pain. Une excellente terrine bien relevée avec le juste niveau de graisse. J’entends par là...pas trop sèche.


La carte propose différents types de menus dont celui du jour qui sera immédiatement visible car affiché sur une ardoise dans la salle. Des menus à 29 (celui de l’ardoise), 32 (entrée, plat et dessert) 37 (avec fromage en supplément) Euros. Ce qu’il faut savoir c’est que tout est ici est quasiment bio et de production locale. Viandes, fromages, pains, légumes et vins….le label bio est partout et c’est avec beaucoup d’idées que Jules prépare une cuisine que je qualifierais de gourmande, bistrotière mais toujours avec un soupçon de créativité.


Nous panacherons avec le menu à 32 Euros mais en prenant le plat principal suggéré de l’ardoise. 

Une agréable entrée en matière avec une très bonne huile du moulin Richard de Nyons et un pain artisanal, suivi d’un espuma de chou rouge et cèleri avec sur le dessus une fine lamelle de concombre au vinaigre et des feuilles de coriandre. Intéressante et très convaincante combinaison d’ingrédients.



En premier plat, une caillette maison au foie gras, velouté d’herbes fraiches et toast à l’huile d‘olive. La caillette est un plat ancestral d’Ardèche que l’on mange plutôt en hiver qui consiste en une boulette de viande de porc et de légumes verts. Cette boulette est ensuite enroulée dans de la crépine et cuite au four. Il existe bien sûr plusieurs sortes de caillettes, de la caillette aux choux mais elle se fait généralement avec du vert de blettes, certains rajoutent aussi des épinards. La farce de porc peut aussi parfois contenir des abats mais ici c’est du foie gras qui a été utilisé. En fond d’assiette une fine sauce aux herbes et une tranche de pain toastée a l’excellent goût d’huile. Je relève que sur le dessus l’on trouve quelques pousses qui amènent de la fraicheur au plat. Cette caillette est vraiment délicieuse.


Autre entrée avec un gravlax de filet de bœuf aux écorces d’agrumes, huile d‘olive citron et parmesan. Normalement il s’agit de saumon que l’on laisse mariner dans le sel et sucre et qui perd son eau après quelque temps pour donner quelque chose de très concentré et ici cela a été réalisé avec du bœuf comme la recette originale mais avec des essences de fruits. Le résultat est très probant, assez ressemblant à une viande séchée mais plus tendre et fine en bouche. Les accompagnements sur le côté sont soignés avec de l’excellent parmesan et quelques légumes confits.



Le plat principal restera un moment assez mémorable car il est très difficile de trouver ce plat sur la plupart des menus de chasse ; le lièvre à la royale. C’est déjà une recette assez compliquée dont l’origine est si je me rappelle bien du 18e siècle et que le roi Louis XIV affectionnait particulièrement et selon l’histoire ce plat aurait été créé suite à l’arrachage de toutes ses dents et la volonté de vouloir continuer à manger de la viande sans la mâcher… C’est un plat à base de sang qui fut remis au goût du jour dans les années 70 par Paul Bocuse. Quand réussi, ce plat est vraiment exceptionnel, avec une chaire de lièvre tendre, moelleuse, parfumée, accompagnée d’une sauce au vin réalisée avec les abats, le sang de la bête et des alcools type porto et cognac. Je n’ai pas eu l’occasion de manger très souvent ce plat car sa préparation est très longue mais ici ce fut parfait. J’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’une cuisson à basse température de cinq heures. 


En accompagnement, quelques légumes tout d’abord cuits à la vapeur et ensuite poêlés ; carotte violette, panais, navet, chou de Bruxelles et poivron rouge. Avec cela, un espuma de carotte à la crème. Un magnifique plat principal qu’il faut avoir gouté au moins une fois dans sa vie.



Nous partagerons ensuite un plateau de Picodons fermiers de différents affinages. Fromages de chèvre de la région qui furent exemplaires.


Et pour terminer, un très léger et gourmand cheesecake au citron vert réalisé avec des speculoos et du beurre pour le dessus et le fromage parfumé au citron. Quelques petites bouchées gourmandes sucrées sur les côtés.


C’est sur les recommandations de Jules que nous choisirons un vin très particulier du Domaine Rieu Frais, Coteau des Baronnies en 2012. Une syrah élevée en foudre de chêne, d’un rouge rubis et grenat dense. Un vin très charnu avec un goût assez fauve qui se mariera à merveille avec le met principal.


Voici un endroit comme l’on aimerait en trouver plus souvent où tout est réalisé culinairement avec passion, un endroit qui serait presque familial et sans trop de conventions. On s’y sent tout de suite à l’aise, l’accueil est souriant et charmant, le décor étonnant !

Chez mon Jules

Le Village, 26220 Vesc, France

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