Les tables ferment…d’autres ouvrent, certains
chefs de la ville souvent exploitent un lieu, puis soit le vendent, soit
changent complètement le concept. Aussi, certains ont une stratégie de « déploiement »
de tables de divers styles, comme par exemple une certaine époque Carles Abellan
ou autres Rafa Pena (« Gresca », « Rilke », « Bar Torpedo »)
et Alain Guiard (« La Mundana », « a restaurant », « Santa
Burg »), etc... Aujourd’hui il s’agit de Romain Fornell avec son « « Caelis »
mais aussi « Casa Leopoldo », « La Plasshola », « Joel’s Oyster Bar » et bien d’autres lieux. Suite à la fermeture du « Café Emma »,
voici la récente ouverture de la « Casa Tejada » dans le quartier de
Sant-Gervasi-Galvany. Il faut bien entendu
faire abstraction de toutes les critiques d’avant fin 2018 qui n’ont rien avoir
avec l’établissement actuel car le lieu a complètement été rénové. Pour la
petite histoire, le nom est à l’origine l’ancien joueur du Barça Justo Tejada (
l' un des onze qui créé la pelouse du Camp Nou en 1957).
Un ancien local donc qui a été remis au goût du
jour par Romain Fornell mais aussi le chef Oscar Manresa pour créer un espace
pour venir apprécier tapas et huitres derrière leur bar ou dans l’une des deux
salles. Pas une révolution culinaire ou quelque chose de soi « fusion »
ou soi avant-gardiste, mais des petites assiettes classiques cependant très bien
revisitées. Des recettes qui sont parfois celles de l’ancien établissement mais
bien évidemment complètement transformées. Une cuisine très bien réalisée qui fait
de cette adresse une belle adjonction dans ce quartier depuis décembre dernier.
Un intérieur très aéré qui pourrait nous rappeler
une cahutte de bord de mer ou un chiringuito avec ces murs blancs, ces
décorations de crustacés géants, le côté un peu osier des chaises du comptoir
et ces lampes qui ressemblent aux nacelles des pécheurs. Le site fera plutôt référence
aux petites maisons de la baie d’Arcachon.
Un lieu assez informel, très plaisant et parfaitement
bien re-designé, car on se sent tout de suite à l’aise dans ce lieu qui
pourrait bien entendu n’être fréquenté que par la bourgeoisie du quartier, ce
qui n’est pas le cas.
Deux cuisines éloignées l’une de l’autre. Dans
le fond, la partie plutôt cuissons longues et dans la première salle le coin où
sont faites les fritures, les grillades dans le four Josper et les dressages
finaux. Ce qui surprend mais qui n’est pas dérangent, c’est qu’il n’y a pas de
séparation entre cette cuisine et la salle elle-même.
Puis un couloir avant d’arriver dans la seconde
salle et l’une des deux cuisines à l’arrière. Une décoration toujours aussi
plaisante qui a nouveau rappelle les bords de mer.
La carte du bar tient sur une page avec une première
section du comptoir à huitres et la seconde, une douzaine de tapas et une autre
carte pour la salle avec une sélection additionnelle de produits de la mer et
de plats cuisinés. Pas de plats inattendus mais les énoncés font toujours référence
a des produits de qualité.
On remarquera et appréciera la « touche
française » avec ce pain style baguette accompagné de beurre salé.
Et pour commencer, des « Patatas Bravas Casa
Tejada ». On pourrait se dire… « bon…des Bravas…surement bonnes et
comme partout ailleurs », mais la réalité est bien différente. Si l’on
retrouve les éléments de bases, ils ont été traités de manière tout à fait
différente. Les pommes de terre ont été travaillées sous forme d’un gâteau et
est composé de fines lamelles de celles-ci. Puis le gâteau a été tranchés comme
de grosses frites puis passées à la friture. Un aspect différent mais surtout
une texture totalement changeante et bien plus fine en bouche qu’à l’accoutumée.
Les traditionnelles sauces qui accompagnent sont particulièrement bonnes et particulièrement
élaborées. Cette interprétation est d’ailleurs aussi servie dans le tout récent
« Chef’s Table » de l’espace gastronomique des chefs Bernard Bach,
Romano Fornell et Oscar Manresa dans l’élégant
« The Embassy »
en Andorre.
Délicieuse et presque surprenante assiette que
ce loup en croute ou plutôt beignets accompagnés du sauce Mojo. A nouveau on
pourrait se dire « des beignets de poisson » …mais c’est bien mieux
que cela ! Le poisson est de superbe qualité, la friture aérienne, la
sauce Mojo des iles Canaries, un peu fumées, épicées, avec du cumin, de
l’huile, de l’ail et du vinaigre.
Nous continuerons avec de très bonnes moules
Bouchot à la braise et condiment. Parfaitement cuite avec sur le dessus un
mélange de poivron rouge, échalotes, ciboulette.
Puis une viande avec la Pluma ibérique de
Bellota 100% avce des piments de Padron. Comme pour les moules, cette viande de
premier choix été à la braise dans le four Josper, encore un peu rosée comme il
se doit (le sujet du porc rosé…restera un mystère en ce qui me concerne en
Catalogne…), les pimentios eux aussi bien cuits avec de la fleur de sel sur le
dessus.
Le plat accompagné d’impeccables frites !
Avec ce repas une bouteille de Montsant Univers
de Joan Asens, ancien onologue de Alvaro Palacios. Un très agréable vin élaboré
à partir de cépages Samson et Garnatxa âgés de 30 à 70 ans et ayant passé neuf
mois dans des bariques françaises de troisième et quatrième années.
Une vraie réussite et reconversion que cette
adresse qui propose des classiques mais souvent revisités et surtout cuisinés
avec de très bons produits. Le tout dans un cadre décontracté, reposant, qui
nous laisserait penser quelques instants que nous sommes au bord de l’eau.
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