lundi 1 avril 2019

Casa Tejada, Barcelone


Les tables ferment…d’autres ouvrent, certains chefs de la ville souvent exploitent un lieu, puis soit le vendent, soit changent complètement le concept. Aussi, certains ont une stratégie de « déploiement » de tables de divers styles, comme par exemple une certaine époque Carles Abellan ou autres Rafa Pena (« Gresca », « Rilke », « Bar Torpedo ») et Alain Guiard (« La Mundana », « a restaurant », « Santa Burg »), etc... Aujourd’hui il s’agit de Romain Fornell avec son « « Caelis » mais aussi « Casa Leopoldo », « La Plasshola », « Joel’s Oyster Bar » et bien d’autres lieux. Suite à la fermeture du « Café Emma », voici la récente ouverture de la « Casa Tejada » dans le quartier de Sant-Gervasi-Galvany.  Il faut bien entendu faire abstraction de toutes les critiques d’avant fin 2018 qui n’ont rien avoir avec l’établissement actuel car le lieu a complètement été rénové. Pour la petite histoire, le nom est à l’origine l’ancien joueur du Barça Justo Tejada ( l' un des onze qui créé la pelouse du Camp Nou en 1957).


Un ancien local donc qui a été remis au goût du jour par Romain Fornell mais aussi le chef Oscar Manresa pour créer un espace pour venir apprécier tapas et huitres derrière leur bar ou dans l’une des deux salles. Pas une révolution culinaire ou quelque chose de soi « fusion » ou soi avant-gardiste, mais des petites assiettes classiques cependant très bien revisitées. Des recettes qui sont parfois celles de l’ancien établissement mais bien évidemment complètement transformées. Une cuisine très bien réalisée qui fait de cette adresse une belle adjonction dans ce quartier depuis décembre dernier.



Un intérieur très aéré qui pourrait nous rappeler une cahutte de bord de mer ou un chiringuito avec ces murs blancs, ces décorations de crustacés géants, le côté un peu osier des chaises du comptoir et ces lampes qui ressemblent aux nacelles des pécheurs. Le site fera plutôt référence aux petites maisons de la baie d’Arcachon.




Un lieu assez informel, très plaisant et parfaitement bien re-designé, car on se sent tout de suite à l’aise dans ce lieu qui pourrait bien entendu n’être fréquenté que par la bourgeoisie du quartier, ce qui n’est pas le cas.




Deux cuisines éloignées l’une de l’autre. Dans le fond, la partie plutôt cuissons longues et dans la première salle le coin où sont faites les fritures, les grillades dans le four Josper et les dressages finaux. Ce qui surprend mais qui n’est pas dérangent, c’est qu’il n’y a pas de séparation entre cette cuisine et la salle elle-même.


Puis un couloir avant d’arriver dans la seconde salle et l’une des deux cuisines à l’arrière. Une décoration toujours aussi plaisante qui a nouveau rappelle les bords de mer.




La carte du bar tient sur une page avec une première section du comptoir à huitres et la seconde, une douzaine de tapas et une autre carte pour la salle avec une sélection additionnelle de produits de la mer et de plats cuisinés. Pas de plats inattendus mais les énoncés font toujours référence a des produits de qualité.

On remarquera et appréciera la « touche française » avec ce pain style baguette accompagné de beurre salé.


Et pour commencer, des « Patatas Bravas Casa Tejada ». On pourrait se dire… « bon…des Bravas…surement bonnes et comme partout ailleurs », mais la réalité est bien différente. Si l’on retrouve les éléments de bases, ils ont été traités de manière tout à fait différente. Les pommes de terre ont été travaillées sous forme d’un gâteau et est composé de fines lamelles de celles-ci. Puis le gâteau a été tranchés comme de grosses frites puis passées à la friture. Un aspect différent mais surtout une texture totalement changeante et bien plus fine en bouche qu’à l’accoutumée. Les traditionnelles sauces qui accompagnent sont particulièrement bonnes et particulièrement élaborées. Cette interprétation est d’ailleurs aussi servie dans le tout récent « Chef’s Table » de l’espace gastronomique des chefs Bernard Bach, Romano Fornell et  Oscar Manresa dans l’élégant « The Embassy » en Andorre.


Délicieuse et presque surprenante assiette que ce loup en croute ou plutôt beignets accompagnés du sauce Mojo. A nouveau on pourrait se dire « des beignets de poisson » …mais c’est bien mieux que cela ! Le poisson est de superbe qualité, la friture aérienne, la sauce Mojo des iles Canaries, un peu fumées, épicées, avec du cumin, de l’huile, de l’ail et du vinaigre.


Nous continuerons avec de très bonnes moules Bouchot à la braise et condiment. Parfaitement cuite avec sur le dessus un mélange de poivron rouge, échalotes, ciboulette.


Puis une viande avec la Pluma ibérique de Bellota 100% avce des piments de Padron. Comme pour les moules, cette viande de premier choix été à la braise dans le four Josper, encore un peu rosée comme il se doit (le sujet du porc rosé…restera un mystère en ce qui me concerne en Catalogne…), les pimentios eux aussi bien cuits avec de la fleur de sel sur le dessus.


Le plat accompagné d’impeccables frites !


Avec ce repas une bouteille de Montsant Univers de Joan Asens, ancien onologue de Alvaro Palacios. Un très agréable vin élaboré à partir de cépages Samson et Garnatxa âgés de 30 à 70 ans et ayant passé neuf mois dans des bariques françaises de troisième et quatrième années.


Une vraie réussite et reconversion que cette adresse qui propose des classiques mais souvent revisités et surtout cuisinés avec de très bons produits. Le tout dans un cadre décontracté, reposant, qui nous laisserait penser quelques instants que nous sommes au bord de l’eau.

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