mercredi 3 avril 2019

L'Olla de Sichuan, Barcelone



Ayant été d’innombrables fois en Chine, Hong-Kong et même Londres, je suis très méfiant des tables chinoises qui la plupart du temps n’ont aucune authenticité, servent une cuisine banalisée et en plus utilisent des produits bas de gamme. De plus, Barcelone jusqu’à présent ne m’a pas vraiment convaincue dans la restauration Asiatique à part une adresse ou deux. Mais aujourd’hui c’est ma première table chinoise ici. J’ai choisi celle-là appelée « L'Olla de Si Chuan » car j’apprécie particulièrement la cuisine de cette région et ne suis pas amateur de restaurant « chinois génériques ». C’est comme lorsque l’on dit « restaurant français » dans un concept régional (la cuisine Provençale ne ressemble pas à celle de la Normandie…). Il y a de nombreux types de cuisines chinoises, celle du Sichuan est l’une des plus pimentées et puissante en saveurs. Ayant donc été au Sichuan et dans des établissements d’autres grandes villes spécialisées dans cette cuisine, je ne pouvais que me réjouir. Il s’agit ici d’un établissement qui appartient un groupe (Lee) qui semble en réalité avoir deux établissements, l’autre appelé « LEE Sudeste Asiatico ».


Un espace gigantesque qui a été récemment été rénové, avec tout d’abord quelques tables circulaires dans la première salle située entre l’entrée et le bar. Un décor très contemporain avec une astucieuse décoration de fleurs suspendues au plafond ainsi que des luminaires de paille ; quelques plantes. 


Pour suivre, une seconde salle avec un plafond décoré de la même manière, des tables le long des parois de grosses tiges de bambou. C’est plutôt pas mal fait, bien que tout de même cela soit un peu aseptisé et ne sombre en tout cas pas dans une décoration chinoise ringarde. On regrettera un peu le visuel frigo de glace coincé dans un coin et les dessertes de vaisselle, bruyantes lors de déplacement qui transforme un peu le tout en presque une cafétéria. 




Puis une dernière salle tout au fond qui ce soir est vide. Je ne sais pas combien de couverts l’on fait ici mais cela me semble un peu disproportionné pour ici. Généralement un trop grand nombre de table n’est pas toujours bon signe (en tout cas ici).


Bon, la carte insiste bien sur le fait qu’ici nous trouverons une cuisine du Si Chuan ! Nous commencerons avec des Dim Sum, mais déjà…ce met n’est pas du Si Chuan mais d’origine de Canton ! Même si on en trouve un peu partout dans le pays, cela commence étrangement ! Tout d’abord des « Xia Jiao » à base de tapioca et langoustines cuits à la vapeur. Aussi appelée « Har Gau », ce sont normalement des raviolis de pâte translucide plissée avec généralement une savoureuse garniture de crevettes. Bien qu'ils soient un peu délicats en raison du traitement à la vapeur, ils sont suffisamment robustes pour être servis avec de la sauce soja et même de la sauce pimentée. En fait il s’agit de farine de tapioca et j’assume qu’il s’agit de crevette et non de langoustine.  Cette pâte est bien trop épaisse, manque sacrément de finesse, la farce n’est pas non plus remarquable, on sent le crustacé mais cela reste vraiment assez bas de gamme. Je demande une sauce pimentée en complément ; on m’amène du piment en poudre…

Autre ravioli ou Dim Sum appelé « Shao Mai », toujours de la cuisine cantonaise ! C'est la variété la plus connue de l'ouest, qui provient des provinces du sud du Guangdong et du Guangxi. Sa garniture standard comprend principalement du porc haché, de petites crevettes entières ou hachées, des champignons noirs, des oignons verts et du gingembre avec des assaisonnements de vin de riz chinois, etc… L'enveloppe extérieure est constituée d'une fine feuille de pâte jaune. Il est le plus souvent consommé avec une sauce soja douce et de l'huile de piment. Ici une farce encore sans aucune finesse, un peu élastique, avec un goût indéfinissable. A se demander si leur Dim Sum sont « maison » ou viennent de l’agro-alimentaire !


Les plats arriveront ensuite tous ensemble sur ce fameux chariot. Un « Niu rou Chao fan » qui est un riz sauté aux petits morceaux de bœuf et différents légumes comme carottes, pousses de bambou, brocoli, pousse de soja. Plat aussi globalement chinois et non spécifique à une région. A part de l’omelette, de l’oignon vert et quelques morceaux de bœuf un peu sec, rien d’autre.


Comme je veux vraiment manger quelque chose de cette région, je ne peux que choisir un plat avec l’intitulé « Poulet piquant style Sichuan » donc ici le « Xiangla Jiding ». Il s'agit normalement d'un plat sauté composé de morceaux de poulet marinés, puis frits, de piments séchés, de pâte de haricots épicée, de poivre du Sichuan, d'ail et de gingembre. Le poivre du Sichuan est une épice avec un goût aromatique semblable à celui des agrumes qui donne une sensation de picotement anesthésiant. Ce poulet comme les autres plats de la région du Sichuan est généralement doux et épicé. Comme autres ingrédients on trouve parfois carotte, et oignons verts. Maintenant ici, clairement ce n’est pas une recette du Sichuan ou alors un vague interprétation. Du poivron rouge et vert, pas vraiment de piment et aucun poivre du Sichuan. De plus cela baigne dans l’huile. Cela rappelle un peu un poulet chinois de n’importe qu’elle gargote.

On passe au bœuf qui est un « Suanwei Niurou », à l’ail et oignons. La combinaison des assaisonnements, connue sous le nom de « saveur de pâte d'ail » (suan ni wei), est un classique du Sichuan, avec son piquant aillé et sa base plus douce. De la purée d'ail, de l'huile de chili et de l'huile de sésame sont combinées à une sauce de soja mijotée avec du sucre brun et des épices. Ce n’est pas encore trop mal fait mais c’est à nouveau très huileux et la viande a été martelée pour être attendrie.

Autre viande, du porc qui se voudrait aussi être pimenté, le « Yuxiang Rousi », parfois traduit par tranches de porc aromatisé poisson, ou plus vaguement que le porc déchiqueté avec une sauce à l'ail. C’est un plat commun dans la cuisine du Sichuan qui n'a rien à voir l'assaisonnement avec du poisson, mais imite la méthode plutôt que les gens utilisent dans la cuisson du poisson. Assaisonnement salé, sucré, aigre, chaud, et un goût frais, ce qui rend la nourriture plus délicieuse. Un peu d'oignon vert, du gingembre ; l'ail, le soja, le vinaigre, le vin et ainsi de suite quand ils font cuire du poisson. C’est plutôt bien fait mais manque de piment.


Un vin rouge sans histoire Las Corazas, Tempranillo 2017 Vino de la Tierra De Castilla.


Bon clairement ce n’est pas vraiment une cuisine du Sichuan, c’est plutôt très adapté aux goûts locaux et peu se trouver chez « n’importe quel chinois ». Recettes pas fidèles a ce que cela devrait être, produits utilisés pas de haut niveau, assez gras dans l’ensemble, manque de raffinement et de saveurs originales. Maintenant, ce n’est pas trop cher non plus et reste mangeable.

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