Nouvelle
adresse à Genève que cet « Opus B » situé dans un endroit plutôt
surprenant, la route de Florissant, l’un des quartiers dirons-nous huppé de la
ville. Pas vraiment une région où l’on trouve de très belles tables mais plutôt
des commerces que qualité entre beaux appartements. Le plus surprenant c’est
que je ne me rappelle plus vraiment de ce qui se trouvait auparavant à part peut-être
un café sans intérêt. En fait le lieu semble avoir été rasé et l’on y trouvera
une audacieuse architecture pour ce nouveau bâtiment en pleine rue.
A première
vue on se croirait face à une ancienne épave rouillée qui se serait enfoncée
dans le sable. Devant, une terrasse en bas de l’immeuble qui juxtapose le
restaurant et dans la rue.
Une
terrasse plutôt assez agréable avec table en pierre, deck en bois et parasols
qui donnent l’illusion d’être ailleurs. C’est assez réussi mais cela reste tout
de même en pleine rue ; rue ce soir plutôt calme puisque nous sommes en
été.
Cet
établissement propose soit le Café soit le Restaurant. Le premier propose une
cuisine de saison assez alléchante, le second une cuisine gastronomique et
créative au travers de trois menus de 4, 6 ou 9 plats, tarifés respectivement :
90, 110 et 130. En cuisine le chef Stephan Lukaszyk qui localement n’est pas
inconnu puisqu’il s’agit de l’un des cuisiniers qui officiait chez « Gourmet
Brothers » à Vésenaz, chez celui que certains nomment le « Jamie
Oliver » Genevois : Benjamin Luzuy. Comparaison certes un peu
amusante et sans réel fondement.
L’intérieur
est plutôt très inhabituel pour la ville avec cette architecture plutôt très audacieuse.
La partie Café réside dans « la coque de bateau » sous un plafond en
pente, des murs de béton et un agencement un peu cafétéria avec ces tables et
chaises minimalistes. Eclairage assez astucieux avec ces voiles murales qui
soit rappellent encore les voilures de bateau ou éventuellement les rouleaux de
la mer. On peut regretter que cette salle n’ait pas plus de lumière naturelle
en raison de la taille minuscule des hublots.
Au fond les
cuisines et le bar en coin où se trouve une classique et ancienne machine
Berkel qui donne un côté un peu plus humain à l’ensemble.
Je serai
personnellement un peu moins séduit par la salle intérieure du Restaurant qui
elle est un peu plus classique puisque se trouve dans la structure de l’immeuble
adjacent. Grandes fenêtres, mobilier dans plus ou moins le même style que le
Café, orchidées pour décoration.
Le coin
cuisine est lui aussi inhabituel avec ses recoins et sa forme arrondie ou
angulaire selon où l’on se situe, le chef en train de dresser quelques
assiettes.
Ce sera
donc sur la terrasse que nous dînerons ce soir car c’est aussi ici que la
clientèle s trouve. On pourra donc y manger selon les deux formules et nous
choisirons d’entrée le grand menu en 9 plats. Menu créé selon l’inspiration du
chef et qui doit être semblable pour l’ensemble de la table.
La carte
des vins et très belle et propose un choix plutôt assez inhabituel encore pour
Genève avec une sélection du « Passeur de Vin ». En apéritif sur les recommandations
du compétent sommelier, quelques verres de Saumur Blanc 2012 du Domaine du
Collier. Un vin de chez Antoine Foucault élevé de manière biodynamique, une
très belle association de Cabernet Franc et Chenin Blanc.
En préambule
arrive une série d’amuse-bouche dressés sur une planche en bois et présentés de
manière très actuelle. Si je me rappelle
bien…n’ayant pas reçu de menu imprimé en quittant l’établissement.
Une
guimauve réalisée à base d’aubergine.
Une gelée d’eau
de tomate, mousse de mozzarella, œuf de saumon.
Une sorte d’accra
avec sur le dessus une gelée citronnée.
Une jolie
entrée en matière, fraiche et plaisante.
Le service
de pains est de qualité avec une sélection de pains variés.
Première
assiette où l’on remarque que le dressage à toute son importance, un saumon
laqué, du kiwi en tranche, du fenouil finement émincé mais beaucoup trop salé, une
feuille de basilic et quelques bricelets. Je ne suis pas amateur du kiwi dans
les plats, mais apprécie la qualité du saumon mariné sur place, mais finalement
pas trop convaincu par l’assiette. Cela me semble être un peu aléatoire.
Une
première bouteille de vin avec un Chenin 2013 du domaine les Noëls de
Montbenault de chez Richard Leroy. Un vin d’une grande pureté produit depuis un
terrain volcanique. Très sec, généreux et puissant.
Pour continuer,
un maki végétal réalisé avec des juliennes de légumes et accompagnés d’un
coulis de tomate réalisé comme un chutney, à savoir un peu vinaigré. C’est à
nouveau assez esthétique et probablement a demandé passablement de travail. C’est
plutôt frais, léger mais cela manque un peu de saveur. Le goût du coté vinaigré
de la sauce est assez plaisant mais le maki manque un peu de « peps ».
On aurait apprécié un côté plus marqué de la saveur de l’algue.
L’assiette
qui m’aura la plus séduite cette soirée sera cet excellent foie gras au
chocolat accompagné de sa brioche au chocolat. La tranche étant entourée d’une
gelée au yuzu. Impeccablement cuit, le dosage avec le chocolat entre les lobes
de grande justesse, la touche citronnée amène une parfaite justesse en bouche
avec son parfum et très légère acidité. Une vraie maitrise des saveurs.
Nous
continuerons dans un terrain plus classique mais gourmand avec un risotto de
pâtes grecques qui ressemblent à des grains de riz plats, allongés et pointus.
Avec une sauce crémeuse à base de fromage et de la truffe d’été. On trouvera
aussi en dessous des cèpes. Une belle assiette.
Pour le
plat suivant qui sera un poisson, un service de pains semblable à une cuchole à
base de safran.
Il s’agit d’un
poisson dont je ne me rappelle pas le nom mais pourrait être du congre, qui est
surcuit. La sauce qui est un jus type bouillabaisse est un peu fade, quelques
légumes dans l’assiette et l’on ajoute un aïoli qui était un peu figé car l’huile
d’olive au frigo dans une telle préparation devient un peu grumeleuse. C’est
joli…mais c’est à peu près tout.
En viande
une côtelette d’agneau de belle qualité, une carotte caramélisée, un fond de
sauce, un peu de pourpier. Plaisant mais pas mémorable.
En fromage
une très intéressante préparation mousseuse avec un granité de pomme. C’est
léger, rafraichissant et audacieux. Un plat inhabituel vraiment juste en
textures et saveurs.
Arrivent
les desserts qui eux ne m’auront pas vraiment convaincu. Quelques fines
lamelles d’ananas séchés avec un granité au lait de coco. Classique et sans
grand intérêt.
Un peu plus
ambitieux avec ce gâteau comme une génoise à base de fruits exotiques dont des
fruits de la passion avec sur le dessus des rouleaux de meringue et lamelles d’abricots.
Et pour
terminer une série de petits fours dont des pâtes de fruits et chocolats
remplis de coulis de fruits.
Un repas plutôt
assez inégal ou clairement ce que l’on met en évidence c’est avant tout l’esthétique
avant les saveurs et la justesse des associations. De la belle vaisselle, de
bons produits, des idées mais cela semble être un peu précipité tout cela cela à quelques exceptions prêtes. Il
ne suffit pas de joliment disposer des éléments sur une assiette pour en faire
un grand plat. Assurément on essaie de suivre la mode de ces assiettes épurées
ou souvent tout est décalé dans un coin de l’assiette, mais cela ne suffit pas
pour en faire de la grande cuisine.
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