Et encore
une nouvelle adresse dans l’Eixample qui venait d’ouvrir il y a deux semaines,
celle de « La Tartareria ». Un nom qui peut un peu prêter à confusion
car l’on pourrait s’imaginer venir ici que manger des tartares de toutes les
sortes mais en réalité il ne s’agit pas du tout de cela. Si l’on regarde de
plus prêt, on peut souvent trouver l’association de « Raw Food »
associé au nom de cet établissement, mais même cela en vous donne pas une
réelle idée de ce que vous allez trouver !
Une jolie
devanture avec un côté très contemporain dans un genre métallique, avec une
touche rouillée artistique, des portes vitrées qui laissent entre-apercevoir un
intérieur assez moderne lui aussi.
A l’intérieur
une très agréable salle avec des tables en bois, des chaises bleues et des éclairages
de cuivre. Un style contemporain avec une petite touche presqu’un peu zen.
Dans la salle
principale à l’entrée, une très belle fresque qui se trouve même être originale
avec des dessins représentants des aliments avec leurs noms à côté. En fait il
s’agit de la recette du tartare de bœuf schématisée avec les classiques ingrédients.
Et au fond face
à la cuisine d’autres tables, certaines permettant d’accueillir des groupes de
personnes. Toujours ce design industriel de bon goût qui fond de cet établissement
un lieu très agréable.
La carte
est donc effectivement une série de tartares mais en fait plutôt des plats plutôt
très sophistiqués, composés de divers ingrédients crus. Des assiettes flirtant
avec une certaine gastronomie et qui sont assez inhabituelles en ville. La
première partie de cette carte est plutôt des assiettes type entrées, la
seconde partie ces tartares et une section de desserts très intéressante.
Produits de la mer, souvent de haute qualité ; des mets ibériques avec
quelques influences parfois asiatiques. Pas forcement ce que l’on pourrait
classifier de « Fusion » mais plutôt une cuisine d’auteur qui s’avérera
être réalisée avec des produits crus ou cuits à basse température. Alors que
nous sommes en train de faire notre choix, nous voici offert en amuse-bouche de
délicieux tronçons de maquereaux marinés ainsi que des olives de qualité.
Le pain lui
aussi est excellent et provient de l’une des excellentes nouvelles boulangeries
artisanales en ville.
Pain que l’on
accompagne d’un beurre aux algues.
Première
assiette qui tout de suite vous met dans le bain et qui vous annonce un repas
assez exceptionnel. Ce genre de plat inattendu dans un style très moderne mais
réalisé avec beaucoup de savoir faire. Les couteaux de Galice, moelle et sauce
XO. On ne se serait pas attendu à ce type de préparation très originale. Le
couteau est découpé et petit tronçons, l’assaisonnement est réalisé avec ce
condiment qui aurait fait son apparition à Hong Kong dans les années 1980.
Tirant son nom du cognac XO, ce condiment complexe contient un certain nombre
d'ingrédients de luxe, notamment des calamars et crevettes, des pétoncles
séchés et du jambon Jinhua (semblable au jambon chinois). La préparation de la
sauce XO prend également beaucoup de temps. Les coquilles Saint-Jacques et les
crevettes séchées doivent être réhydratées pendant une nuit, et le hachage du
piment, de l’ail, de l’oignon et des ingrédients susmentionnés nécessite une
main relativement habile. Le piment est une autre star de XO, même si la sauce
n’est pas censée être trop épicée. Au contraire, les piments séchés et frais ajoutent
une sensation de fumée et de piquant, en élevant les autres ingrédients, plutôt
que de les maîtriser. Bien entendu, cette sauce peut s’acheter toute préparée
et accompagnera à merveille les couteaux. Mais cela ne sera pas tout, afin de
rendre le tout encore plus onctueux et gourmands, une sauce tout autour à base
de moelle. Un plat vraiment mémorable !
Pour suivre
une très fraiche salade de concombre, crabe brun, vinaigrette au gingembre.
Finement émincé, associé a du tourteau, un assaisonnement légèrement parfumé avec
la racine et au-dessus du Katsuobushi, bloc de bonite séchée et fumée. Il
s'agit de l'un des éléments principaux de la cuisine japonaise. Avec l'algue
kombu, le katsuobushi est utilisé pour la préparation du dashi, qui est à la
base de nombreuses soupes, bouillons et assaisonnements. Le katsuobushi désigne le bloc de bonite séchée. Les copeaux de bonites sont appelés hanakatsuo, mais on utilise souvent le terme katsuobushi pour désigner ces derniers. Un plat
très équilibré et délicieux.
L’assiette
suivante est tout aussi impressionnante car en plus a un surprenant visuel. Un
tartare d’aubergines, cèpes, tobiko et crème fraiche. En strates, l’aubergine
cuite mais pas trop, découpée en fin morceaux, mélangée avec les champignons.
Sur le dessus, très populaires au Japon, ces œufs de poissons volants sont
incontournables ! Tobiko est le mot japonais pour les œufs de poisson
volant. Ces œufs sont petits, allant de 0,5mm à 0,8mm. Les tobiko sont
plus grands que les œufs de capelan ou d’éperlan et plus petits que les œufs de
saumon. Ces œufs ont une texture
caractéristique qui croque légèrement sous la dent. Avec sa belle couleur
noire, ce Tobiko peut être utilisé pour la réalisation de toasts, de sushi,
d'une sauce ou encore en accompagnement d'un plat de poisson ou en décoration
par exemple. Ajouter ceux-ci avec un complément de crème fraiche battue
et de quelques feuilles de capucine est d’un plus bel effet. Un goût de légume,
marin et laitier.
Puis un tartare
de saumon mariné, béarnaise à l’oursin. Composition visuelle très belle, le
saumon est associé avec cette sauce au goût très iodé de l’oursin ce qui amène
un coup de fouet en bouche. Un peu de concombre pour la texture, des œufs de
saumon et du sésame noir. A nouveau un plat au goût marin très équilibré. A ce
moment on ne réalise pas vraiment que ce que l’on mange est cru en de plus ne
pense pas du tout a qualifier vraiment cela de tartare !
Passage a
de la viande avec le tartare de bœuf fumé, gaufre à la pomme de terre. Un
assaisonnement assez puissant avec un délicieux goût de fumaison. Pas très sur
de ce qui est dessus mais cela ressemble a de la poutargue râpée et un original
accompagnement que cette gaufre de pommes de terre bien plus appréciable que
les classiques frites.
Les
desserts sont aussi très sophistiqués et pas finalement si classique que cela
avec ce Churros avec une glace au « leche merengada ». Churros d’une
extrême légèreté sans aucune trace de gras et cette glace est absolument
magnifique. Le lait Merengada est une boisson très typique de la cuisine
espagnole, à base de lait et de blanc d'œuf, généralement sucré et aromatisé à
la cannelle. Une glace réalisée avec cette base.
Un des
desserts manque mais on peut tout de même avoir son accompagnement en
dégustation, une fabuleuse glace à la bergamote. Doté d'une chair acide, voire
amère, le fruit ressemble à un citron plus volumineux mais est particulièrement
aromatique. Cette crème glacée est généralement associée a une tarte au citron.
Avec ce
repas un très bon Cava Torello Rosé Riserva 2013 Brut élaboré à partir d'un
mélange peu commun mais néanmoins très intéressant de pinot noir et de
grenache, tous deux issus de vignobles plantés au cœur même du Penedès.
Une très
belle découverte que cet établissement qui propose une cuisine bien plus
technique, sophistiquée que l’on pourrait s’attendre. Des assiettes très
étudiées avec toujours de sophistiqués clins d’œil faits à l’Asie mais
effectués avec beaucoup d’élégance. On appréciera également les jeux de textures,
les dressages très soignés et surtout le côté très gourmand e chaque assiette.
Une nouvelle table à Barcelone qui amène beaucoup de fraicheur et d’originalité
dans le panorama gastronomique qui tend un peu à se répéter.
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