A la découverte des tables plus chic de Barcelone, nous n’étions encore
jamais allés chez « Manairo » qui a une époque avait un macaron. C’est
ici que le chef Jordi Herrera opère en cuisine et qui fait partie de cette
génération de cuisinier plutôt inventifs, dans un esprit assez semblable à ce
qui fait chez d’autres restaurateurs étoilés moderne de Catalogne. Des plats
Catalans revisités ou alors des créations du moment. Situé dans la partie
droite de l’Eixample, l’établissement se situe dans l’un de ces immeubles du
début du siècle typique du quartier.
Un accueil assez particulier puisque l’on est placé à sa table par un
serveur qui choisit à l’entrée une lampe qui pourrait rappeler une cage à
oiseau chinoise et qui sera ensuite suspendue sur votre table au dernier
instant, puis allumée. La salle est chic, l’ambiance très feutrée, la
décoration plutôt assez moderne.
Au choix deux menus « dégustation » entre 85 et 90 euros, le
premier qui est une série de plats « signature » de ces dernières
années et le second le menu du moment. Seize bouchées ou petites assiettes qui
seront servies avec beaucoup d’efficacité et aucun temps mort, ce qui plutôt un
exploit. Nous choisirons donc ce menu de l’instant.
Tout commence avec deux petites plats, le « Séchoir à habits »
de thon fumé qui s’avère être d’excellentes fines lamelles de thon suspendues
sur un support métallique donnant ainsi l’impression effectivement de sécher.
Au même moment, ce qui est appelé bœuf croustillant au curry. Selon moi
cela doit être des tendrons de bœufs passés à la friture et ensuite saupoudrés
de poudre de curry. Pas franchement emballé car il y a un léger goût d’huile
qui reste en bouche.
Autre met avec un cône de cabillaud cuit au four. Presque devenu un
classique en Catalogne, cette manière de présenter cette bouchée plutôt assez
ludique mais très agréable avec sur le dessus des petits œufs de poisson au wasabi.
Pas franchement enthousiaste avec cette pizza Margherita avec de la
roquette et de la truffe. La lecture du plat est quasi impossible car l’on
n’arrive pas vraiment à identifier ce que l’on trouve dans l’assiette. Les
saveurs sont mélangées, le tout est un peu fade.
Ensuite un sandwich à l’orange confectionné avec du porc bien fondant
et sur le dessus des œufs à base de harengs. Le tout fonctionne parfaitement.
Maquereau meunière avec de l’anguille frite. Une jolie association de
poissons assez fraiche et légère.
Beaucoup de plaisir avec les calamars « cocochas » au pil-pil
d’ail nouveau. Le nom de « cocochas » n’est la que pour rappeler la
forme de ce délicat plat basque mais il s’agit vraiment de calamar et non de
cabillaud. La sauce est un classique du pays basque réalisé de l’huile d’olive,
du piment et cet ail nouveau. La présentation est aussi délicate.
Pas du tout convaincu avec les couteaux et riz au porc parce que le riz
est beaucoup trop cuit, un peu carbonisé et gras. Dommage car l’idée était
plutôt séduisante.
La soupe de calamars aux oignons est assez mono-saveur mais parfumée
comme une soupe de coquillage.
Beaucoup plus convaincu avec le foie gras et chou-fleur à la truffe au
café et thé. Le foie poêlé avec cette crème mousseuse, légère, avec une fine
saveur de café.
Un cannelloni de canard à l’orange, réalisé astucieusement avec la peau
de canard frite et une farce bien parfumée à l’orange. C’est gourmand et agréable
à manger.
Très belle assiette avec la fondante queue de bœuf rôtie et calamar. Un
terre et mer parfaitement réussi, avec le calamar découpé en nouilles et un
intense jus de viande tout autour.
Tout aussi satisfait avec le tendre filet de bœuf fumé grillé avec sur
le dessus de fines lamelles d’asperges et très bon fond de sauce.
Premier dessert avec des fraises acidulées à la crème et glace au poivre. Fraises macérées dans une préparation à base
d’un peu de vinaigre. Un peu de meringue brisée sur le contour. Agréable mais
pas mémorable non plus.
Pas non plus complètement convaincu par le cake à la banane au thé matcha
et crème citron. La chips de banane plantain selon moi sent un peu l’huile et
en fin de repas on est déjà assez repu. La crème matche et citron sont bonnes
mais il y a repenser l’assiette.
Et pour terminer un « Borracho » d’Amaretto au chocolat et
noisettes. Association de divers éléments au chocolat et fruits secs. C’est
très classique dans le genre.
Une première bouteille de vin blanc, un excellent Gatzara 2013, Conca
de Barbera, avec comme cépages, Macabeu, Chardonnay, Trepat.
Et appréciable geste du restaurant que de nous offrir suite à nos commentaires
sur certains plats, deux verres d’un vin de la maison appelé Desordre Homenatge a Joan Coll,
L’impression générale est que peut-être que l’on « veut en faire
trop ». Beaucoup d’assiettes, certaines pas toujours à la hauteur que d’autres.
Des mets parfois sans distinction nette des saveurs mais aussi de très belles
assiettes surtout quand il s’agit de retravailler des classiques Catalans. Les plats
à base de viandes présentées m’ont semblé généralement être plus réussis que
les autres. Ce sont surtout les assiettes trop techniques qui furent
décevantes. Le prix pour la prestation nous a aussi semblé être très élevé
comparé à d’autres établissements. Un repas néanmoins agréable mais
probablement pas mémorable.
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