Seconde visite chez « Nairod » qui nous avait ébloui avec sa
cuisine axée sur le produit de qualité, de saison et parfois plutôt difficile a
trouver. On se rappellera de l’affiliation dans le passé avec « Coure »,
un cuisinier qui a été à la meilleure école et qui depuis son ouverture
remporte un joli succès. Table pas encore fréquentée par le tourisme mais
plutôt les connaisseurs qui apprécient les cuisines comme proposent par exemple
« Capet », « Plata Bistro », « Gresca » et « Agreste ».
Toujours une carte réduite mais sans aucune pensée négative ; ici c’est
toujours des plats du moments, qui changent d’une visite à l’autre et
définitivement toujours des suggestions plus qu’alléchantes. Des produits donc
d’exception comme huitres Gillardeau, lièvre, pigeon et grouse rien que pour
illustrer l’état d’esprit !
Un décor qui nous plait car serein, intimiste et presque cosy. Lumières
douces, boiseries un peu scandinaves et ces tables avec une vaisselle disparate
de bon goût chinée ci-et là. Un lieu propice pour passer une délicieuse soirée épicurienne
en bonne compagnie.
Nous serons d’entrée impressionnés par cette « mojama » à l’huile
d’olive, endives braisées et yoghourt. On se rappellera que la « mojama »
est du thon rouge légèrement salé et séché à déguster avec un filet d’huile
d’olive comme pour un carpaccio. Un conditionnement qui est une très vieille tradition
ibérique qui remonte aux temps des Phéniciens. Les Arabes ont perpétué la
tradition sous le nom de « mussama » (sec) d’où vient le terme « mojama ». Un élément que l’on trouve
assez souvent en Andalousie et près de Valence. Rusty la prépare en l’association avec ces
endives conférant une texture additionnelle et une fine amertume et sucrosité.
On appréciera aussi l’équilibre avec le yoghourt et ce côté crémeux. Voila le
genre de plat que vous ne trouverez que chez les chefs ingénieux de Barcelone
qui prennent « du produit » et en font quelque chose d’unique.
Plus classiques mais un modèle du genre, les croquettes de porc, épices
et cheddar. On me dira que l’on trouve cela partout mais comme celles-ci, très rarement.
La farce est subtile, la texture idéale et le fromage faut aussi la différence
dans ce cas.
Ensuite la mémoire me jour des tours car ce plat fut offert en dégustation
et je ne me rappelle plus précisément. Peut-être les rillettes de thon en escabèche,
mais à confirmer car je n’ai trouvé aucune photo sur la toile qui ressemble à
cette assiette. Dans tous les cas…cela devait être délicieux. A noter que le
pain croustillant me rappelait le « pane carasau », l’un des symboles
de la gastronomie de la Sardaigne, qui est aussi communément appelé
« carta musica » (papier à musique) en raison de sa minceur et de sa
légèreté.
Eblouissante et très originale omelette aux « boquerones » ou
plutôt anchois. On connait la tortilla et les « boquerones », mais
travailler les deux ensembles est plutôt très convaincant. Omelette baveuse,
quelques fines herbes, le poisson en filet, quelques piparras pour l’acidité et
un peu de mâche sur le dessus. Une très belle association gustative.
Toujours dans l’extrême gourmandise, les magnifiques cèpes poêlés à la
butifarra noire. Champignons découpés en cubes, cette sorte de boudin de
superbe qualité est une parfaite association.
Des pâtes « maison » avec des linguine au ragu de sanglier. La
sauce en dessous, les pâtes déposées élégamment au-dessus et quelques tranches
de sanglier sur le côté.
Nous retrouverons le goût de la cuisine d'antan avec cette recette
mythique et emblématique de la gastronomie française : le lièvre à la
royale ! Un plat de gibier classique et savoureux avec cette version du
sénateur Couteaux. A l’origine d’une querelle ancestrale entre Périgord et Poitou,
cette recette fut réalisée, à la fin du XIXe siècle, par le sénateur de la
Vienne, Aristide Couteaux, dont elle a gardé le nom. Un temps oubliée, elle
revient en force sur les tables étoilées. Une recette très complexe avec
le lièvre et ses abats, du sang, du vin, du vinaigre et plein d’autres
ingrédients. Ici la préparation a été confectionnée dans un petit saucisson
probablement réalisé avec une crépine et la sauce est d’une incroyable
délicatesse. Absolument sublime !
Ensuite des cailles sauvages à l’escabèche. Un plat assez peu fréquent
sur les cartes. L'escabèche méditerranéenne se fait d'habitude plutôt avec du
lapin, des sardines, ou des maquereaux que l'on fait mariner avec de l'ail et
du vinaigre. Généralement les cailles sont préparées avec
entre autres, des herbes, de l’ail, de l’oignon, du vin blanc et aussi du
vinaigre de pommes. L'escabèche peut être servi chaud comme plat principal, ou
la viande peut être déchiquetée et utilisée froide en salade comme ici avec des
petits morceaux de betteraves et carottes. Délicieux de toute
façon. L’escabèche est une technique utilisée à l'origine pour conserver
la viande. Elle se conservera au moins un an si elle est correctement conservée
dans des bocaux.
Passage aux desserts assez sophistiqués, le premier réalisé comme une
sorte de mille-feuille avec des figues sur le dessus.
Le second autour de l’ananas.
Et le troisième avec une base de chocolat.
Tous très bien équilibré en douceur et textures. Il me semble que la
qualité de ceux-ci a augmenté depuis notre première visite.
Comme bouteille, un Classic 2017 Fredi Torres, qui est un vin profond,
complexe et élégant. Au nez, les arômes de fruits rouges et les notes minérales
prédominent sur les légères notes toastées du fût. En bouche, il est intense
mais vif, avec une finale longue et fraîche.
Vraiment une superbe adresse où l’on ne se cantonne pas à proposer ce
que tout le monde d’autre fait, mais une recherche au niveau des produits de
superbe qualité, des associations aventureuses mais réussies, une cuisine gourmande
comme l’on souhaiterait trouver plus souvent.
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