Ce qui est un peu étonnant c’est de voir que depuis une année et même
plus, ce sont les pizzerias d’un certain genre qui éclosent à Barcelone, souvent
avec des arguments assez racoleurs tournant autour des termes, bio, local,
qualité, produits sélectionnés et surtout les chefs derrière ces nouvelles
pizzerias qui sont souvent « d’ancien de chez X ou Y », des tables
gastronomiques Catalanes étant soit dans le Michelin soit dans un de ces
classements à la mode. Allez savoir pourquoi un chef très technique et qualifié
se lance dans la pizza… Facilité ? Gains rapides ? Peu de recherches ?
Pas de réelles pertes alimentaires ? Rendement assuré ? Clientèle
plus « standard » ? Moins d’heures en cuisine ? Surement quelques-uns
de ces critères.
Maintenant que l’on me vante comme c’est souvent le cas dans la presse locale
ou les réseaux sociaux que « voici la nouvelle dernière pizza qui est
géniale ou que c’est la meilleure de la ville », de celui-ci ou celle-là,
il y a fort à parier que certains ont eu des repas offerts ou ne savent pas vraiment
quoi écrire. Mais en tout cas dans ce lot, il faut applaudir le « Muncho »
de Jordi Vila de « Alkimia ». C’est à peu près ma seule recommandation
à ce jour si l’on veut du différent et non pas des pizzas labellisées Rome ou
Naples ; celles que probablement les puristes adorent et qui ne veulent
surtout pas de création.
Alors… « Nonna Maria » dont tout le monde a parlé il y a
quelques mois de cela en arrière. Une pizzeria avec des pizzas qualifiées de
gastronomiques et du monde… Tout un projet monté par Jérôme Quilbeuf, consultant
en restauration et en cuisine un certain Marc Dinarès qui a travaillé chez
Carme Ruscalleda, sans oublier Rie Yasui en salle qui je me rappelle assurait
le service avec qualité chez Carme. Des pizzas parfois proposées avec des chefs
reconnus dans le pays et qui sont à la une de la carte pour une période déterminée.
Etablissement ouvert en réalité en 2016 et ou à l’époque Jérome Quilbeuf venait
de temps en temps. Mais comme on le sait, Carme Ruscalleda a fermé et « Nonna
Maria » a aussi déménagé.
« Nonna Maria » se trouve dès à présent dans le sous-sol de l’Hôtel
Melia de Sarria. Salle ou restaurant que l’on peut également accéder par l’extérieure
sans vraiment entrer dans l’hôtel. Un coin fumeur à l’extérieur et vous voici quelques
marches plus basses dans l’entrée de cette grande salle.
On n’aimera ou non cette ambiance, ce décor qui finalement n’a rien d’une
pizzeria, même d’un restaurant Italien. C’est plutôt un restaurant d’hôtel qui
a été transformé en un lieu où l’on mange de la pizza, ni plus, ni moins. Donc
question cadre ce n’est vraiment pas très folichon. Grand comptoir blanc, coin
four à pizza sur la gauche et salle dans le dos. Première observation, les
pizzas ne sont pas cuites au feu de bois ce qui pour moi est une première
grande différence et la compétition elle sans la nommer, est toute équipée de
fours a feux de bois !
Assis à l’une des tables plutôt genre cafétéria avec une composition
végétale dans le dos et entouré principalement de personnes qui logent à l’hôtel,
nous voici amené la carte. J’insiste un peu…mais franchement le décor ne met
pas vraiment en appétit…
Des entrées plus internationales qu’italiennes puisque nous trouvons
guacamole, une salade césar et même du houmous. Vraiment très basique comme
sélection que l’on trouve partout. Quelques autres plats avec quelques
références de la botte mais aussi curry et saumon norvégien. Alors maintenant
il faut vraiment être ouvert d’esprit pour les pizzas, car ici nous trouverons par
exemple une pizza japonaise ou des pizzas avec des ingrédients de toute part et
qui choqueront comme je l’ai dit les puristes. Maintenant si les associations
sont justes, pourquoi pas… Quelques classiques aussi mais surtout des
créations. Ce mois-ci, la suggestion de Alex Castany avec une pizza au
pastrami.
Pour commencer nous nous partagerons un carpaccio de bœuf. Carpaccio
plutôt assez quelconque, avec citron frais, deux bouts de fenouil, de simples tomates
cerise sans de réel goût, herbes fraiches pour faire joli comme persil plat et coriandre,
un peu de roquette assez standard, puis des câpres de qualité plutôt basique
car on aurait pu tout de même associer des câpres au sel de l'Ile de Panteleria
ou de gros câpres de Ligurie. Pour un endroit comme celui-ci on s’attend à du
produit…eh bien non.
Carpaccio accompagné d’une agréable foccacia.
Bon je ne veux pas de l’exotique dans le sens ou je souhaite apprécier
la pâte, sa texture et son goût ; surtout je souhaite des produits de
qualité sur le dessus. Cela sera donc la pizza Nonna Maria, avec tomate
mozzarella, bacon, oignons caramélisés, fromage de chèvre et roquette. La pâte
ne m’aura pas laissé de souvenir impérissable car sans trop de goût, le fromage
fige après quelques minutes qui me laisse penser que c’est de la simple mozzarella
et non de la fior di latte que l’on utilise sur les bonnes pizzas. Jambon, œuf…Cela
ne me laisse vraiment dubitatif car loin d’être exceptionnel et gourmand.
Une autre plus « moderne » dirons-nous qui épouvantera les traditionaliste,
une Pizza Mafia avec mozzarella, carbonara de Rome, guanciale, jaune d’œuf,
piment noir et truffe. Même commentaire pour la pâte qui devient assez
caoutchouteux à la longue, le tout est assez écœurant et vraiment gras.
Guanciale et huile en même temps…Il faut apprécier.
Un choix de vin limité et cela sera un Montsant Fra Gueralu 2017 plutôt
dominant dans les aromes de cerises et baies.
Bon…ce soir, aucune des personnes mentionnées en cuisine, établissement
pas forcement remplis, pizzas vraiment très moyennes et qui ne justifient en
rien leur prix. Ce ne sont pas les pizzerias de qualité qui manquent à
Barcelone, ce n’est pas le nom d’anciens chefs que l’on associe à ces pizzas
mensuelles et le buzz associé qui vont sur le long terme faire fonctionner l’affaire.
On se serait attendu à quelque chose d’un plus haut niveau avec un peu plus de
produit de qualité et de la maitrise dans les associations de saveurs.
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