Rares sont mes coups de cœur pour les nouveaux établissements se ressemblant
un peu trop les uns aux autres dans l’offre gastronomique mais lorsque l’on
découvre une adresse comme celle-ci, on se réjouit déjà de la prochaine visite.
Adresse qui se trouve dans le quartier de Poblenou et ouverte ce mois de mars,
avec un propriétaire au nom de Llorenc Roca qui semble avoir un lien avec
l’établissement de la même rue, « El Menjador de la Beckett » et en
cuisine, un ancien « Alkimia » de Jordi Vila, au nom de Miquel
Carrasco. Une ouverture sans trop de tapage sur la toile et qui ravira celles
et ceux à la recherche d’un lieu des plus convivial, d’une cuisine de marché
absolument parfaite, sans ingrédients superflus ou d’influences « à la
mode ». Tout ce que l’on demande lorsque l’on voit les innombrables
adresses qui ouvrent puis qui ferment… proposant les mêmes plats sur la carte.
Petite rue non loin de la Rambla, devanture signalée avec des stores
noirs, un peu de promotion sur une ardoise afin de plus ou moins expliquer ce
que l’on trouvera à « La Tanda » et la volonté d’entrée de vouloir présenter
quelques produits à l’extérieur comme dans un magasin de fruits et légumes.
Une très jolie salle un peu genre taverne avec une décoration de fort
bon goût et quelques attentions comme des fleurs sur le comptoir, un éclairage
plutôt doux, des tableaux, un côté rustique contemporain avec une unité au
niveau des tons utilisant le rouge à bon escient.
On appréciera ces tables rustiques en bois, cette vaisselle disparate de
plus en plus à la mode, le côté esthétique du dressage de ces tables.
En consultant la carte qui tient sur une page et les ardoises murales
qui énoncent les plats additionnels du jour, on s’aperçoit que l’on trouve un certain
nombre de classiques mais il s’agit d’une cuisine qui revient à l’essentiel,
celle du produit au centre de l’assiette, de saison et qui ne masque pas les
saveurs par trop de complexité. Un retour un peu aux sources de la cuisine
Catalane réalisé de manière très pertinente avec un certain nombre d’idées.
Par exemple cette excellente salade russe assez délicate et faite « maison »
avec en plus de l’habituel des crevettes fraiches décortiquées, des câpres de
qualité et de l’œuf haché sur le dessus.
Ou alors cet impressionnant tataki non pas de poisson mais de veau et
poivrons. La viande très tendre est découpée en lamelles d’une belle épaisseur,
juste saisie quelques instants sur les côtés et déposée sur un tapis de poivrons
rouges avec un peu d’huile d’olive et des flocons de sel. Comme je le disais, simple
en apparence, mais de la qualité !
De superbes « canyuts » en Catalan ou ce que l’on peu aussi
appeler petits couteaux du Delta, nettement supérieurs aux couteaux
traditionnels. Bien entendu rares, de ce Delta de l’Ebre, beaucoup plus fins en
bouche car nettement moins caoutchouteux, ils seront servis comme il se doit, cuits
à la plancha avec un peu de zestes de citron vert sur le dessus.
De très belles Saint Jacques avec du jambon et de la tomate. Parfaitement
cuites, lustrées, un très bon jambon au centre et un peu de tomate confite.
Jubilatoire car les produits sont excellents, la cuisson idéale.
On ne pourra pas manquer de prendre ces impeccables ris de veau aux
câpres et Parmentier. Le ris est braisé de manière exceptionnelle car vraiment
croustillant a l’extérieur et moelleux en son centre. La sauce est concentrée
et n’est pas comme souvent un beurre indigeste à peine travaillé, quelques câpres
et le tout sur un très bon écrasé de pommes de terre. Je me demande si ce n’est
pas le meilleur ris de veau que j’aie mangé en ville.
Le gâteau au fromage est une merveille dans son genre, cuit mais pas
trop ressemblant à ce que l’on pourrait trouver dans d’autres établissements lorgnant
vers les recettes du pays basque. Crémeux et gourmand.
Un choix de vins actuels avec un certain nombre de vins naturels. Nous
choisirons un Demontre La Gutina Vins i paisatge. Un vin travaillé avec des méthodes
écologiques, une intervention minimale dans les vignes et aucune intervention
dans la cave où ils fabriquent leurs vins de manière artisanale. Vin
rouge, cépages Grenache noir et Carignan.
Une nouvelle adresse qui sort du lot et qui a compris que pour rejoindre
le top de la restauration à Barcelone, il faut arrêter de proposer cette inutile
et lassante cuisine « fusion » qui n’a aucun sens mais revenir aux
valeurs des choses, les produits, les simplifications dans les assiettes sans
ajout d’ingrédients superflus, les techniques pointues de cuisson, la
saisonnalité. Celle et ceux qui apprécient les établissements tels que Gresca, Agreste,
Capet, Nairod, Monocrom et autres tables axées sur le choix du produit, seront
probablement ravis de trouver une nouvelle adresse aussi sympathique dans Poble
Nou.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire