Dimanche midi dans le quartier de la Barceloneta, comment ne pas tomber
dans le piège à touristes ! Déjà éviter le passeig de Joan de Borbo et
bien entendu ne pas aller au hasard. A la découverte d’une nouvelle adresse,
voici « Can Sardi » dans la carrer de Pepe Rubianes, l’une des rues
les plus passantes puisque c’est celle où passent les bus en direction de
Poblenou. Petit bar qui de l’extérieur ne paie pas vraiment de mine, une table
haute extérieure et quelques tabourets. Voila, une adresse simple que l’on peut
penser être catalane avec une proposition de vermouth sur une pancarte, mais
après quelques secondes, le mot « Sardi » fait subitement penser à
Sardaigne… Oui, l’établissement est Italien mais je ne dirais pas que c’est un
restaurant italien au sens propre mais plutôt un bar de plage avec une cuisine
de la mer, inspirée avec beaucoup de justesse à l’Italie. Une table tout
bonnement méditerranéenne tenue par une équipe Italienne et dont en tout cas le
chef est Sarde.
Un minuscule intérieur avec un bar, quelques tables et un laboratoire-cuisine
qui semble malgré tout faire l’affaire, un service efficace et un peu d’attente
car tout se prépare à la minute par le seul et unique cuisinier. Sur son comptoir,
des herbes fraiches et des assaisonnements. Une cuisine de grande fraicheur qui
est principalement réalisée à la plancha pour la cuisson des poissons et
crustacés.
Bien entendu un comptoir où l’on peut s’asseoir une boisson. Peu de
place donc, réservation conseillée par téléphone ou alors venir de bonne heure.
La carte tient sur une feuille ; moins d’une vingtaine de plats de
la mer comme dans la plupart des établissements du coin mais ici avec une
touche sarde, parfois des produits locaux et parfois des ingrédients de la
botte.
Par exemple ces remarquables « boquerones » au vinaigre. Pas
tout à fait préparés à la mode espagnole mais tout de même inspirés par la
recette de base, à savoir les anchois marinés dans le vinaigre ; juste ce
qu’il faut pour qu’ils ne deviennent pas trop acides ou cuits par la marinade.
Servis sur du « pane carasau », l’un des symboles de la gastronomie
de la Sardaigne, qui est aussi communément appelé « carta musica »
(papier à musique) en raison de sa minceur et de sa légèreté. Il s’agit de
minces feuilles, presque trasparentes, croustillantes et sèches, qui doivent
être conservées dans des linges humides. Il est obtenu à partir de farine de
blé dur, d’eau, de levure et de sel. Ce pain est très répandu en Barbagie,
région montagneuse peuplée exclusivement de bergers, ici les anchois déposés dessus
avec quelques lamelles d’oignons rouges aigres-doux et une branche de thym
frais.
Pour continuer une morue de la Méditerranée. Parfaitement dessalée,
cuite de manière très précise sur la plancha, elle est encore moelleuse, associée
avec une sauce type romesco et quelques pointes de mayonnaise au wasabi, de la
salade frisée et un filet d’excellente huile d’olive.
Lorsque nous commandons une soupe de poisson, l’on s’attend à quelque
chose de type « suquet », mais pas du tout ! Un très bon court
bouillon avec de la pulpe de tomate, un assortiment de morceaux de poissons
divers justes snackés sur la plancha et dans le fond de bol, quelques morceaux
de « pane carasau ». Cette soupe est vraiment fine, parfumée et
légère.
Autre belle découverte avec les « malloreddus » à la « puttanesca »
et morue. Commençons par dire que le « malloreddus » est
un type de pâte de blé dur typiquement
sarde, vendu dans toute la péninsule sous le nom de « gnocchetti sardi ». Ils sont pansus
avec des rainures et ressemblent à des coquilles, ce qui leur permet de retenir
la sauce à base de viande qui les accompagne généralement. Mais ici la
sauce est censée être à la « puttanesca » d’origine napolitaine, qui
est une combinaison piquante d’ail, de tomates, de câpres, d’olives et
d’anchois. Le nom de cette recette donne lieu à plusieurs interprétations car
ici on a aussi utilisé de l’encre de seiche.
Sur le dessus, quelques morceaux de morue snackés, du basilic frais et
la pulpe de tomate. Un excellent plat de pâtes réalisés à la perfection.
Puis pour compléter ce repas, une liqueur de myrte sarde, obtenue à
partir des baies ou des feuilles
de myrte a des origines très anciennes.
Une adresse où l’on sait vraiment cuisiner avec beaucoup de saveur des
produits frais, des cuissons idéales qui changent du souvent « surcuit »
local, des assiettes bien équilibrées qui mélangent bien les produits locaux
avec d’autres produits du pourtour méditerranéen, sans jamais tomber dans une
cuisine que je pourrais de qualifier de prévisible.
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